Élection présidentielle 2022

Présidentielle : pour Marine Le Pen, un "ministère de la remigration" serait "totalement antirépublicain"

par Maëlane LOAËC
Publié le 23 mars 2022 à 12h24
JT Perso

Source : JT 20h WE

La candidate du RN a réagi à la proposition de son rival d'extrême droite, qui souhaite "faire repartir" les "étrangers dont on ne veut plus".
Un concept dont elle a reconnu la filiation avec une ancienne personnalité du FN, tout en s'en détachant : elle a affirmé avoir "toujours été en désaccord profond" avec lui.

À moins de trois semaines du premier tour, Marine Le Pen et Eric Zemmour rivalisent de stratégies pour se démarquer l'un de l'autre. Lundi soir, le fondateur de Reconquête! a encore durci sa ligne face à une campagne en perte d'élan, en promettant un ministère de la "remigration" s'il était élu, un concept propre aux milieux identitaires. L'ancien polémiste a avancé l'objectif de "faire repartir un million" d'étrangers "dont on ne veut plus" en cinq ans, visant en particulier "clandestins, délinquants et criminels étrangers et fichés S étrangers".

Une proposition largement décriée par les autres camps, même celui de Marine Le Pen, qui cherche à asseoir son avance face à son rival, classée deuxième dans les derniers sondages quand Eric Zemmour stagne à la quatrième place en avoisinant les 12%. "C'est un concept profondément injuste", a-t-elle réagi sur BFMTV mardi soir, tout en reconnaissant l'origine de celui-ci : "il a été créé par Jean-Yves Le Gallou", une ancienne personnalité du FN, dont la thèse était "de supprimer la nationalité française à des gens qui l'avaient déjà obtenue, soit par naturalisation, soit en vertu du droit du sol", a-t-elle détaillé. 

"Moi, je respecte l'État de droit"

Mais cette mesure faisait l'impasse sur "le comportement individuel de chacun", a retoqué la prétendante à l'Élysée, même si celui-ci pouvait "entraîner la déchéance de nationalité qui peut être parfaitement justifiée" selon elle. "J'ai toujours été en désaccord profond avec ce concept", a-t-elle tenu à appuyer, affirmant savoir "ce qu'il recouvre à son origine". Sans toutefois faire mention du fait que le parti de Jean-Marie Le Pen lui-même réclamait dans les années 1990 et 2000 "l'inversion des flux migratoires", en arborant le slogan "Quand nous arriverons, ils partiront".

Marine Le Pen n'a néanmoins pas repris le mot à son compte et critiquait déjà en 2014 une "vision complotiste", quelques semaines avant la première utilisation marquante du mot, lors d'une réunion publique du mouvement d'extrême droite Bloc identitaire. Sur BFMTV, elle a cette fois fustigé un concept "totalement antirépublicain"

Bien qu'elle ait assuré qu'elle n'aurait pas donné la nationalité française "à un certain nombre de personnes qui l'ont obtenue automatiquement" si elle avait été à la tête de l'État, elle a déclaré ne pas vouloir remettre en cause ces attributions si elle venait à remporter l'élection. "Mais je n'étais pas au pouvoir et la loi a fait qu'ils ont obtenu la nationalité française ; et bien, ils la garderont", a-t-elle appuyé. 

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"Moi, je respecte l'État de droit. Les gens qui ont obtenu la nationalité française, y compris sur des critères que je conteste, ils sont des Français à part entière et conserveront donc la nationalité française", a encore insisté la candidate du RN. Elle se défend par ailleurs de toute volonté de créer un ministère de l'immigration, souhaitant traiter ces questions via le ministère de l'Intérieur si elle accède à l'investiture.


Maëlane LOAËC

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