TÊTE-À-TÊTE - Marine Le Pen sera reçue, ce mardi 26 octobre, à Budapest par Viktor Orban. Un mois après la visite d'Eric Zemmour en Hongrie, la candidate du Rassemblement national tiendra une conférence de presse commune avec le Premier ministre eurosceptique.
Une visite pour reprendre la main ? Un mois après le polémiste Eric Zemmour, Marine Le Pen va rencontrer, mardi 26 octobre, à Budapest, le dirigeant ultraconservateur hongrois Viktor Orban. Une manière de montrer, pour la candidate du Rassemblement national (RN), qu'elle compte en Europe et dans son camp, à six mois du scrutin présidentiel en France. "Ça paraît normal qu'elle y aille", estime la grande reporter Anne Nivat, interrogée sur LCI. "D'autant plus maintenant, puisque quelqu'un qui sera sans doute candidat et son concurrent y est allé avant elle. Ça l'a renforcée dans sa décision d'y aller."
Ce déplacement à l'étranger vise ainsi, pour Marine Le Pen, à tenter de reprendre du terrain sur l'essayiste Eric Zemmour, qui la talonne dans les sondages bien que toujours pas déclaré dans la course à l'Élysée. Elle aura droit à une conférence de presse commune avec le dirigeant hongrois, quand son potentiel rival s'était contenté d'un entretien privé le 24 septembre à Budapest, en marge d'une réunion de la droite conservatrice et identitaire, tout comme Marion Maréchal. La cheffe de file du RN veut "rappeler qu'elle existe, étant donné que ces deux figures de l'extrême droite sont déjà allées en Hongrie", note l'historien Nicolas Lebourg.
Le "besoin de regonfler son image"
En s'affichant au côté de l'eurosceptique Viktor Orban, connu pour ses positions tranchées sur l'immigration et les personnes LGBT+, Marine Le Pen entend en outre donner des gages à la frange la plus radicale de ses électeurs, déboussolée par son discours "dédiabolisé". La candidate du Rassemblement national a "besoin de regonfler son image à elle, de dire à cet électorat tenté par Eric Zemmour que question autoritarisme, elle a aussi quelques galons", commente Nicolas Lebourg, auteur avec le politologue Jean-Yves Camus d'un essai sur Les droites extrêmes en Europe (éditions Seuil, 2015).
Pendant longtemps, malgré des points d'accord et des conceptions proches de ce que doit être l'Europe, Viktor Orban a refusé de s'afficher avec la patronne de l'extrême droite française. "Sa position a considérablement changé depuis que son parti, le Fidesz, a quitté le groupe PPE (droite) au Parlement européen" en mars 2021, et se retrouve plus isolé, souligne Eszter Petronella Soos, politologue hongroise spécialiste de la France. "Avant, il ne pouvait pas se le permettre", car le RN fait partie du groupe Identité et Démocratie (ID) mais depuis ce divorce, "Orban est plus ouvert et essaie de bâtir une nouvelle alliance à droite de la droite".
Cette rencontre à Budapest a été convenue, selon Marine Le Pen, après la publication, en juillet, d'une "déclaration commune" entre la candidate du RN et une quinzaine d'alliés en Europe, dont Orban, en vue d'une alliance au Parlement européen pour "réformer l'Europe". Si ce large groupe souverainiste voit le jour, "l'idée est qu'il puisse talonner le groupe PPE pour que le rapport de force entre les deux droites, classique et nationaliste-populiste, soit le plus favorable aux nationalistes", analyse Jean-Yves Camus. Mais "ce serait étonnant que les choses se décoincent" rapidement en faveur d'un groupe commun au RN et au Fidesz, selon Nicolas Lebourg, alors que des divergences demeurent sur le plan économique et les questions sociétales.
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