La guerre déclenchée par la Russie est venue perturber la campagne présidentielle, mettant en avant la politique étrangère prônée par les différents candidats.Jean-Luc Mélenchon s'est démarqué des autres candidats de gauche par sa position "altermondialiste".Mais sa condamnation de l'invasion de l'Ukraine n'a pas oblitéré des déclarations plus complaisantes vis-à-vis de Vladimir Poutine.
À un mois du premier tour et alors qu'une dynamique semble se créer autour de sa candidature, Jean-Luc Mélenchon va-t-il souffrir de ses positions sur la politique étrangère ? Contre l'Otan, pour des "alliances altermondialistes", il ne manque pas de critiquer les États-Unis en insistant sur la nécessité pour la France de rester indépendante. Des positions qui détonnent en comparaison de celles de ses opposants.
En premier lieu, l'écologiste Yannick Jadot et la socialiste Anne Hidalgo. Les deux candidats n'ont pas manqué de tenter de discréditer le leader de la France insoumise, jugeant ses déclarations diplomatiques dangereuses ou encore populistes, en particulier dans un contexte de guerre déclaré par la Russie.
"Je ne pense ne pas m’être trompé"
Le candidat s'est pourtant défendu de tout revirement politique. En effet, il a estimé être "le seul à avoir dit depuis 2014, "si vous essayez d’établir l’Otan à la frontière de la Russie, vous aurez un incident majeur, mieux vaut discuter avant"". "On n’a pas voulu parler de la sécurité, donc on est en guerre. Je ne pense ne pas m’être trompé", a-t-il encore ajouté sur franceinfo le lendemain de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
"Je pense que Poutine est un autocrate et que sa manière de gouverner est rugueuse", avançait encore Jean-Luc Mélenchon. À plusieurs reprises, il s'était déjà défendu de toute complaisance en soulignant ses amitiés avec des opposants à Vladimir Poutine. Un message vidéo du militant de la gauche radicale russe Alexeï Sakhnin a par exemple été diffusé en amont de son meeting à Lyon, et Jean-Luc Mélenchon a cité à plusieurs reprises l'homme politique d'extrême gauche Sergueï Oudaltsov, emprisonné en Russie depuis 2011.
Une politique de non-alignement
Concernant la guerre en Ukraine, Jean-Luc Mélenchon a condamné l'invasion et la volonté de puissance de la Russie et a automatiquement demandé une désescalade tout en continuant à défendre sa politique de non-alignement et de sortie de l'Otan. "'Non-alignement' ne signifie pas neutralité. Le choix de la France la met du côté du droit international. Et ce droit est du côté de l’Ukraine", s'est-il par ailleurs justifié à l'Assemblée Nationale.
Mais s'il exige un cessez-le-feu en Ukraine, le retrait des troupes russes et des négociations sous l'égide d'institutions internationales, il ne dit pas comment atteindre ces objectifs. À l'Assemblée, toujours, Jean-Luc Mélenchon a ainsi refusé l'envoi de la part de l'Union européenne d'armes et s'est opposé à la coupure du réseau interbancaire Swift aux opérateurs russes. Aucune sanction économique ou financière n'a pour le moment été demandée par La France insoumise.
Des positions ambiguës concernant la Crimée ou la guerre en Syrie
D'autres ambiguïtés demeurent. Faisant peu de cas de la souveraineté de la Crimée, il confiait dans une interview au Monde en janvier 2022 penser pour sa part que la Crimée était russe et qu'il faudrait ouvrir "les discussions". Par ailleurs, dès mars 2014, Jean-Luc Mélenchon donnait raison à Vladimir Poutine dans sa volonté d’annexer la Crimée. "Les ports de Crimée sont vitaux pour la sécurité de la Russie", justifiait-il, résumant l'intervention russe à "des mesures de protection contre un pouvoir putschiste aventurier, dans lequel les néonazis ont une influence tout à fait détestable".
De même, lors de l'assassinat de l'opposant politique russe Boris Nemstov, en février 2015, Jean-Luc Mélenchon avait estimé que le dirigeant russe en était "la première victime". Lors du conflit en Syrie, où des frappes russes contre les civils ont été dénoncées dès les premiers bombardements en septembre 2015, mais sur lesquels le candidat à la présidentielle a affirmé n'en avoir pas connaissance. Mi-février 2016 pourtant, seule la Russie contestait l'existence de nombreuses victimes civiles.
De telles positions peuvent étonner, d'autant qu'elles reprennent à chaque fois des éléments de langage du Kremlin. Pour autant, ses contradictions ne semblent pas pour le moment se répercuter sur les intentions de vote qui, selon le sondage rolling quotidien de LCI, dépassent largement ses opposants à gauche.
Tout
TF1 Info