L'Institut Montaigne publie jeudi une étude pointant la "désaffiliation" politique des 18-24 ans.Cette tranche d'âge pourrait s'abstenir massivement au premier tour de la présidentielle.Démocratie participative, vote à 16 ans... TF1info a demandé à l'ONG "A voté" comment inverser la tendance.
Les jeunes iront-ils voter ? Le doute est permis. Alors que l'abstention s'annonce record dans toutes les catégories d'âge à la prochaine élection présidentielle, celle de la tranche 18-24 ans pourrait atteindre des sommets. Ce jeudi 3 février, une étude publiée par l'Institut Montaigne et menée auprès de 8000 jeunes révèle que ces derniers ne se reconnaissent aucune proximité avec un parti ou une tendance politique. Un constat partagé par l'ONG de défense des droits civiques et du progrès démocratique A voté, même si elle assure que la jeunesse est encore politisée.
"Cette étude confirme le sentiment que nous avons sur le terrain : il y a un changement d’engagement politique dans la jeunesse, mais elle n’en est pas vraiment désintéressée", constate auprès de TF1info Dorian Dreuil, expert associé à la fondation Jean Jaurès et co-président de l’ONG. "La jeunesse est fondamentalement politisée, mais autrement. Elle a une défiance vis-à-vis de la politique institutionnelle et du politique en tant que personnel élu, mais elle est politisée et se mobilise sur des causes, des combats, des grands défis du siècle. Elle le fait juste différemment, en s'engageant dans des associations ou faisant de l'activisme sur les réseaux sociaux", ajoute-t-il.
Selon Dorian Dreuil, la jeunesse "a besoin d’impact, de temps court, de concret, elle pense que l’élection n’est plus le véhicule qui a le pouvoir de changer les choses sur ces sujets. Pour eux, la politique au sens du vote ne permet plus cet impact." "Le monde politique doit participer à réenchanter la politique, à réexpliquer que les mobilisations citoyennes, le combat collectif, doit trouver une traduction dans l’urne, dans le choix politique", estime-t-il.
Faciliter l'inscription sur les listes électorales et ouvrir la démocratie
Comment remédier à cela et ramener la jeunesse aux urnes ? L'ONG A voté s'y attèle, notamment certains de ses membres qui, ces dernières semaines, ont lancé l'application Elyze pour sensibiliser les jeunes au scrutin d'avril prochain. Selon Dorian Dreuil il faut travailler sur deux fronts, en "levant les freins administratifs et redonnant du pouvoir dans le vote". Il plaide pour rénover le système d'inscription sur les listes électorales, car "nous savons que plus le vote est simple, plus les gens votent. Or, aujourd’hui, voter est compliqué. Il faut que la démocratie soit plus simple, ouverte, inclusive". Aussi, "il faut expliquer aux jeunes qu'il est possible de coupler action militante et vote, que la politique n’est pas un vilain mot. Ce que font les jeunes en s’engageant est politique, elle est partout dans l’engagement des jeunes, mais pas dans le dernier kilomètre du vote."
L'une des clés réside dans la démocratie participative. "Il faut regarder l’ensemble de l’architecture institutionnelle pour faire cohabiter plusieurs formes de démocraties : la démocratie représentative telle que nous la connaissons et des formes délibératives, contributives. La démocratie participative ne s’oppose pas à la démocratie représentative." "Nous pourrions imaginer, sur le modèle des budgets participatifs qui existent dans les communes, qu’à l’Assemblée nationale il y ait des courroies de transmission avec une part d’investissement des budgets de l’État qui pourrait être réservée à des budgets participatifs", avance l'expert à la Fondation Jean Jaurès.
Il voit également d'un bon œil les propositions pour ouvrir le vote à 16 ans ou par correspondance et faciliter les procurations. "Il faut appuyer sur tous les boutons, car il y a autant de raisons d’abstention que d’abstentionnistes eux-mêmes, et donc autant de solutions pour réenchanter la politique."