2017 : la bataille de la gauche

Primaire à gauche : le débat Valls-Hamon en cinq moments

Vincent Michelon et Antoine Rondel
Publié le 26 janvier 2017 à 6h09
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Source : Sujet JT LCI

QU'ONT-ILS DIT ? - Très attendu, le débat entre Benoît Hamon et Manuel Valls laisse des moments forts de sens derrière lui. Travail, laïcité, environnement et... la suite : que se sont dit les deux candidats ? Résumé en cinq points

On s'attendait à un débat serré, tendu, difficile. Accroché, disputé, instransigeant, il le fut : mais dans une ambiance plus cordiale que ne le laissait imaginer les premiers jours de la semaine, marquées par les attaques au marteau-piqueur du camp Valls contre le camp Hamon, traité tour à tour d'islamo-gauchiste et d'irréaliste. Mais les candidats ne se sont pas épargnés pour autant : en voilà la preuve en cinq points.

Valls attaque sur la laïcité, Hamon esquive

Très offensif sur ce chapitre depuis le début de la semaine, Manuel Valls s’en est pris indirectement à son adversaire, laissant entendre qu’il n’était pas assez ferme sur le sujet. Pour illustrer son accusation, il a pris la défense de la journaliste Caroline Fourest, récemment mise en cause par Benoît Hamon pour sa "laïcité douteuse". L’ex-Premier ministre a également attaqué le porte-parole de son concurrent, Alexis Bachelay, affirmant que ce dernier aurait tenu "une conférence" avec le controversé Collectif contre l’islamophobie en France contre la prolongation de l’état d’urgence (ce qu'a démenti Alexis Bachelay sur LCI). Benoît Hamon a répondu en invoquant le respect de la loi de 1905. "Je considère que le voile, quand il est le symbole de l’asservissement, rien ne doit être laissé de côté pour le combattre. Mais sur ces questions, la loi de 1905 est une loi de liberté." Le député de Trappes propose de créer "un corps d’inspecteurs" chargé de veiller "qu’un logement ne soit pas réservé à la bonne couleur, ou qu’un espace privé comme un café ne soit pas interdit aux femmes." 

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Travail : la foi contre l'abdication

Le débat autour du travail a phagocyté la première partie du débat, entre deux candidats aux visions opposées sur le sujet, l'un proposant le revenu universel pour compenser la "raréfaction du travail", l'autre ne voulant pas en entendre parler. Entre un Hamon alarmiste (et même trop) sur les mutations du travail annonçant que "10% des emplois seront menacés par la technologie d'ici 2025" et un Valls "convaincu que le travail ne va pas diminuer", les divergences ne pouvaient être plus prononcées entre deux hommes de gauche. L'opposition se matérialisera par cette phrase du candidat frondeur à son rival : "Tu n'as à opposer aux études sur le travail que ta foi", quand l'ancien Premier ministre, dans un rapproché ironique avec les méfiances de la gauche radicale sur les idées de Benoît Hamon, dénonce une "abdication" chez son rival.

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Fiche de paie contre fiche d'impôts

Manuel Valls pourra dire qu'il est un homme qui croit au recyclage. Sans qu'on le remarque sur le plateau, il reprend une formule de son ex-rival Arnaud Montebourg : "Je veux être le candidat de la fiche de paie et je crains que Benoît ne soit celui de la fiche d'impôts." Allusion évidente au financement du revenu universel cher à Benoît Hamon, dont il craint qu'il ne passe par une hausse massive des impôts. Argument réfuté par son adversaire, qui préfère porter le débat sur ce que rapportera le dispositif (éradication de la pauvreté, libération des emplois contraints pour les étudiants, circulation de l'argent) plutôt que sur ce qu'il coûtera. Et une preuve de plus que les deux hommes ne se convaincront pas sur le sujet. "Dont acte", comme ils le diront plus tard. 

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Notre-Dame-des-Landes, dossier irréconciliable

Les deux candidats n’auront pas trouvé de terrain d’entente durant ce débat concernant le projet d’aéroport controversé de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). Pour Manuel Valls, "gouverner, c’est assumer ses responsabilités" et "l’autorité de l’Etat est de mettre en oeuvre cette décision". L’ex-Premier ministre tacle Benoît Hamon, jugeant qu’il est "difficile d’expliquer qu’il faut davantage écouter les citoyens, et quand ils votent en faveur de ce projet en toute connaissance de cause avec une forte participation et un 'oui' très clair, remettre en cause cette décision". Réponse de Benoît Hamon : "Gouverner, c’est être clairvoyant quand on est dans l’impasse. C’est savoir trancher et hiérarchiser quand toutes les études environnementales montrent les dangers" de ce projet.  

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Je te soutiens... moi non plus

Une dernière vacherie pour la route, glissée avec le sourire, viendra symboliser ce débat, en conclusion. Avec leurs divergences, les candidats pourront-ils se soutenir ? Sans répondre directement à la question, ils acquiescent : "Je me suis engagé dans cette primaire avec des règles qui me sont posées. Cet engagement est au cœur de ces règles. J’accepterai le verdict de cette élection", a rassuré Benoît Hamon. Idem pour Manuel Valls : "Je respecte les règles, ça n'a pas toujours été le cas pour Benoît Hamon." Et ce dernier de lui répondre : "Respecter les règles, c'est aussi respecter le programme pour lequel on a été élu". Vachard, oui, mais sans énervement. Et sans que le doute soit totalement levé après ces questions.

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