Primaire écologiste : Delphine Batho, du PS à la décroissance

Publié le 6 septembre 2021 à 14h04

Source : TF1 Info

DÉBAT DES ÉCOLOS - À 48 ans, Delphine Batho est la seule candidate à la primaire des écologistes à avoir été ministre. L'ancienne socialiste veut se démarquer par son attachement à une laïcité intransigeante et sa remise en cause du système économique au nom du climat.

Des cinq candidats à la primaire écologiste, Delphine Batho est la seule à pouvoir se targuer d'avoir participé à un gouvernement. Issue du Parti socialiste, l'actuelle présidente de Génération Écologie a en effet officié, sous François Hollande, à la Justice puis à la tête d'un vaste ministère de l'Écologie. 

Elle avait annoncé en juillet dernier son intention de se porter candidate à la présidentielle avec la volonté "d'apporter aux écologistes la crédibilité nécessaire pour être perçus comme en capacité de diriger la France". Son credo : "ne pas être prisonnière des anciens clivages partisans", et défendre "une écologie libre et indépendante, qui s'adresse à tous, et qui donc n'est pas à la remorque de la droite, de la gauche et du centre", avait-elle alors plaidé sur LCI. 

Long parcours au PS

À seulement 48 ans, Delphine Batho s'est offert un long parcours au sein du socialisme et de ses mouvements satellites avant de prendre une autre direction à l'issue du quinquennat de François Hollande. Militante étudiante dans sa jeunesse, elle a dirigé la Fidl - organisation lycéenne - dans les années 1980, puis rejoint SOS Racisme, dont elle a assuré la vice-présidence au début des années 1990. Son itinéraire militant a été notamment marqué par sa rencontre avec Julien Dray, qui au cours de cette décennie œuvrait au sein de la Gauche socialiste, mouvement interne au PS qui comptait également Jean-Luc Mélenchon. 

Entrée au bureau national du PS dans les années 2000, Delphine Batho s'est notamment spécialisée dans les questions de sécurité. Elle a ainsi contribué à la candidature de Ségolène Royal qui, à la présidentielle de 2007, avait fait campagne autour du thème de "l'ordre juste". Ségolène Royal, dont elle a pris la succession à l'Assemblée nationale en se faisant élire députée des Deux-Sèvres - elle sera réélue en 2012 puis en 2017, toujours sous l'étiquette socialiste. 

Le tournant du quinquennat Hollande

Delphine Batho incarnait la génération montante du PS lorsqu'elle a été nommée au gouvernement de Jean-Marc Ayrault, d'abord comme ministre déléguée à la Justice - sous la tutelle de Christiane Taubira - puis dès juin 2012 à la tête d'un vaste ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie. Elle y a notamment combattu l'exploration des gaz de schiste, puis s'est ralliée aux opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. 

Le divorce, en juillet 2013, a marqué un tournant pour elle. L'ancien Président a en effet mis fin à ses fonctions ministérielles sur fond de désaccord autour de la diminution du budget consacré à l'Écologie. "Certaines forces économiques n'acceptaient pas le niveau d'ambition fixé pour la transition écologique", expliquait-elle en 2014 dans un ouvrage consacré à son expérience au gouvernement où elle dénonçait l'influence des "lobbies". Si elle parvient, comme parlementaire, à faire passer un amendement en 2016 pour interdire les néonicotinoïdes, elle s'opposera à plusieurs reprises au gouvernement d'alors. En 2019, toujours comme députée, elle défendra avec François Ruffin (LFI) le principe de l'interdiction des liaisons aériennes intérieures

Réélue en 2017, elle a tenté, lors du congrès du PS en janvier 2018, de prendre la direction de ce mouvement laissé moribond par son échec à la présidentielle, appelant les socialistes à "reprendre le leadership de la gauche". "Une mafia politique est dans une logique de confiscation du PS", dénoncera-t-elle après avoir échoué à obtenir les parrainages nécessaires, visant "un groupe occulte de personnes qui se soutiennent pour conserver le système qui leur assure le pouvoir". Elle quittera le PS en mai 2020 pour prendre la présidence, quelques mois plus tard, du mouvement Génération Écologie. 

Laïcité et décroissance

Malgré l'échec de la liste qu'elle soutenait aux élections européennes de 2019 - Urgence Écologie, 1,82% - Delphine Batho veut incarner, parmi les écologistes, un mélange de rigueur républicaine et de radicalité politique. Sur LCI, elle défendait au début de l'été un programme centré sur la "décroissance", se revendiquant comme la seule candidate écolo à oser remettre en cause les fondements du système économique actuel. Attachée à "casser ce stéréotype, ce matraquage" selon lequel la décroissance ferait "des perdants", elle affirme au contraire que le rejet du modèle actuel "crée de l'activité et est surtout synonyme d'une meilleure qualité de vie". 

Sur le plan des valeurs, elle revendique "une écologie républicaine, régalienne et laïque", voyant dans la laïcité "la liberté de toutes les libertés", a-t-elle déclaré. Le 19 août, sur LCI, elle appelait la France à ne jamais reconnaître le régime taliban en Afghanistan, réclamant en outre que "toute femme afghane qui souhaite le statut de réfugié se le voie accorder"

Parmi ses soutiens, Delphine Batho compte celui de Cédric Villani, mathématicien et député ayant quitté la majorité LaREM au nom de l'ambition climatique. 


Vincent MICHELON

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