DIVERGENCES - Les différences de styles et de discours de Sandrine Rousseau et Yannick Jadot se confirment-ils dans leurs programmes ? Avant le second tour de la primaire écologiste, LCI les a analysés.
L'"écoféministe" radicale versus le pragmatique réaliste. C'est ainsi qu'est présenté le match du second tour de la primaire écologiste entre Sandrine Rousseau et Yannick Jadot. Mais à l'issue du premier tour, les deux candidats s'attachent à gommer leurs particularités, parfois présentées par d'autres comme des défauts. Ainsi, l'eurodéputé refuse d'être cantonné à l'aile droite d'EELV, revendiquant pour lui aussi le terme de "radicalité". Et Sandrine Rousseau assure que son projet est réaliste et rassembleur.
Ce lundi 20 septembre sur franceinfo, le chef du parti, Julien Bayou, a réfuté l'idée selon laquelle les deux candidats seraient à l'opposé l'un de l'autre. "Deux lignes marquées, deux personnalités (…), des parcours, des inflexions, des priorités, des nuances un peu, mais on est loin de certains médias qui disent que c'est blanc et noir", a-t-il estimé. Qu'en est-il vraiment ? LCI s'est penché sur le programme des deux candidats, et a examiné leurs propositions pour lutter contre le changement climatique, soutenir l'agriculture ou encore faire vivre la démocratie.
Lutte contre le changement climatique
Yannick Jadot propose d'investir 20 milliards d’euros par an sur cinq ans pour réussir la transition écologique, en mettant l'accent sur la rénovation thermique et les énergies renouvelables, les mobilités et les infrastructures, la mutation agricole, la préservation de la biodiversité, les universités et l’innovation. Selon lui, cela permettrait de créer un million d’emplois de qualité, non délocalisables et répartis sur tout le territoire. Il souhaite également conditionner les soutiens publics accordés aux entreprises au respect de l’environnement, du progrès social et de l’égalité femmes-hommes.
Sandrine Rousseau souhaite instaurer une taxe carbone pour les entreprises de plus de 100 salariés ou réalisant plus de 15 millions d'euros de chiffre d’affaires. Elle souhaite aussi mettre en place une taxation du carbone aux frontières. Dans les cinq ans, l'économiste propose d'orienter 500 milliards d'euros d'argent géré par la sphère publique et parapublique vers des activités 100% durables.
Sur un plan purement énergétique, tous les deux souhaitent sortir du nucléaire : Yannick Jadot "de manière responsable, c’est-à-dire sur quinze ou vingt ans", Sandrine Rousseau "le plus rapidement possible".
Agriculture
Yannick Jadot souhaite sortir de l’élevage intensif, interdire l’élevage en cage et les élevages d’animaux à fourrure. "D’ici 2030, 30% des fonds de la PAC seront destinés à approvisionner la restauration collective publique en produits 100% bio, de qualité et de proximité", lit-on également sur son site Internet. La TVA sera supprimée sur les produits bio et de proximité, et les importations de soja interdites dans dix ans, promet-il également.
Sur son site Internet, Sandrine Rousseau promet d'interdire l’usage des OGM, des pesticides de synthèses et de limiter l’utilisation des engrais. Elle veut également durcir la réglementation pour réduire les émissions de polluants dans les sols, l’air et l’eau.
Transports
Yannick Jadot a déjà prévenu qu'il interdirait la vente des voitures diesel et thermique à partir de 2030. Il souhaite transférer une partie des modes de transport depuis la route vers le fret ferroviaire et fluvial pour réduire de 50% les émissions du transport logistique d’ici 2030.
Sandrine Rousseau souhaite investir beaucoup plus dans "les transports en commun et dépendre beaucoup moins de la voiture individuelle". Elle ne se prononce pas pour la suppression des moteurs thermiques, mais propose que "pour ceux qui ne peuvent pas se passer de leur véhicule", l'industrie puisse changer de modèle et faire des véhicules moins gourmands en consommation.
Pauvreté
Yannick Jadot souhaite mettre en place un plan de soutien à la demande doté de 30 milliards d’euros, qui représenterait une aide immédiate de 2000 euros pour les personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Il serait financé par une contribution exceptionnelle sur les très hauts patrimoines et les dividendes des sociétés dont les bénéfices ont crû pendant la pandémie de Covid-19. L'eurodéputé souhaite également instaurer un revenu citoyen et revaloriser le RSA de 100 euros. Ce dernier serait alloué aux jeunes fiscalement autonomes dès 18 ans, et versé à condition qu'ils aient un projet ou fassent une formation dans des métiers émergents.
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L'un des points forts du programme de Sandrine Rousseau est la création d'un "revenu d’existence versé de façon individuelle à partir de 18 ans, sous conditions de ressources". Elle s'élèverait à 850 euros, "majorée de 300 € en présence d’enfants, pour les personnes seules, les personnes en situation de handicap et variera selon la situation de logement". Elle souhaite aussi garantir "la gratuité des premiers m3 d’eau et mégawatt heure d’électricité".
Démocratie
Yannick Jadot propose un septennat non renouvelable et l'élection des députés via un scrutin proportionnel "dans un cadre départemental avec un seuil de représentation de 5% et la parité".
L'ancienne numéro 2 du parti est pour une nouvelle République, la reconnaissance du vote blanc ou encore la mise en place d'une convention citoyenne pour la démocratie. Pour donner plus de pouvoir aux citoyens, elle souhaite la création d'"une chambre composée de citoyens tirés au sort" et "la modification des règles du Référendum d’Initiative Partagé pour qu’il soit plus accessible et qu’il ait un vrai pouvoir".