La candidature de Manuel Valls

Il y a (enfin) une ministre qui soutient (un peu) Benoît Hamon

par Xavier MARTINAGE
Publié le 25 janvier 2017 à 20h20, mis à jour le 26 janvier 2017 à 15h41
Il y a (enfin) une ministre qui soutient (un peu) Benoît Hamon

Source : AFP

SANS CONCESSIONS - La secrétaire d’Etat chargée de l’Innovation et du Numérique, a apporté un petit soutien à Benoît Hamon. Première femme ministre à le faire, elle dresse un bilan aux vitrioles du quinquennat de Manuel Valls.

"Valls n’a pas la capacité de rassembler". C’est en substance le message délivré par Axelle Lemaire dans les colonnes de Challenges, ce mercredi. Si elle ne soutient pas officiellement Benoît Hamon, elle se déclare être proche de ses idées mais appelle aussi au dialogue avec Emmanuel Macron pour battre la droite.

Proche des idées de Benoît Hamon

Pour commencer, la secrétaire d’Etat se dit "inquiète" de la situation dans laquelle se trouve son parti. Avec un gouvernement toujours en place, cette primaire présente une opposition et un débat qui se résument à "un choix pour ou contre l’action du gouvernement".

Mais dans ce choix à faire, c’est dans Benoît Hamon qu’elle se retrouve le plus : "Benoît Hamon a décliné un programme solide sur le fond et met en avant des propositions intéressantes, dont beaucoup font écho à des transformations très profondes de la société française : l’urgence écologique, les transformations induites par l’avènement des technologies numériques, un discours fort sur l’entrepreneuriat social. Ce sont des thématiques porteuses. Je me reconnais également dans sa volonté de réforme d’un système institutionnel aujourd’hui complètement à bout de souffle".

Cependant, si Benoît Hamon veut rassembler, il "doit parvenir à s’extraire de son statut de rondeur". Ce qui n’est pas totalement acquis, confie-t-elle.

Macron rassembleur

Sylvia Pinel seule femme à la primaire, c’est aussi une question de choix, révèle-t-elle tout en éludant la question de la discrimination. "Je me suis dit que je n’avais pas la légitimité nécessaire. [Mais] ce résultat est aussi le reflet d’une certaine hypocrisie du système. Et puis je ne me suis jamais vue avec un destin national particulier". Et si elle avoue une frustration de ne pas retrouver les valeurs et idées qu’elle défend, elle prône donc le dialogue avec Emmanuel Macron.

"Ma conviction est qu’il faudra que le vainqueur de la primaire de gauche et Emmanuel Macron se parlent. Cette élection post-Brexit et post-Trump se jouera entre l’ouverture et la fermeture. On doit impérativement sortir des stratégies individuelles". Le but ? Battre Marine Le Pen et François Fillon.

Un rapprochement étonnant ?

En novembre 2015, le ton était monté entre Axelle Lemaire et Emmanuel Macron. Dans le livre Le Petit Dico politique de la relève, le journaliste Samir Tounsi révélait que Manuel Valls avait imposé à ses ministres de recevoir leurs secrétaires d’Etat. Macron, non enthousiasmé, s’était attiré les foudres de la secrétaire d’Etat au Numérique. "Tu vas me parler sur un autre ton, je suis plus âgée que toi, j’ai deux enfants, et je suis élue moi, monsieur !"

Attaque en règle sur Valls

Questionnée sur le bilan du quinquennat, Axelle Lemaire vise implicitement certaines décisions de Manuel Valls. "J’ai vécu l’épisode de la déchéance de nationalité comme une blessure. Je suis une binationale (elle a aussi la nationalité canadienne, ndlr) : j’aurais un côté moins Française que les autres ? Cette décision était une erreur, au regard de notre Histoire et de nos valeurs."

Avant de tancer l’ex Premier-ministre : "J’ai beaucoup de respect pour Manuel Valls, qui a été un bon chef de gouvernement, même si nous avons des désaccords politiques, mais je ne crois pas qu’il soit aujourd’hui en capacité de rassembler".

Tancée par Valls

Cet état des lieux contre l’ancien Premier ministre s’apparenterait-il pour partie à de la rancoeur ? janvier 2015, un épisode avait particulièrement marqué la secrétaire d’Etat, relayé par Le Canard Enchaîné. Lors d’un séminaire gouvernemental, Manuel Valls l’avait sévèrement recadrée alors qu’elle évoquait le rôle du numérique.

"Si on ne comprend pas que le problème c’est Internet, alors on a rien compris". Une intervention stoppée net par Manuel Valls : "On parlera d'Internet une autre fois. […] On a tous compris, depuis longtemps, le problème d'Internet, mais on n'est pas là aujourd'hui pour en débattre".

Marquée, Axelle Lemaire avait alors pleuré devant ses collègues. Devant l’ampleur de la polémique, le Premier ministre s’était excusé : "Je sais, on va dire que je suis trop sévère. Mais on t'aime tous, Axelle!" Pas sûr qu’elle ait oublié cet épisode.

Lire aussi
Lire aussi
JT 13H - Primaire de la gauche : Les derniers préparatifs du duel Hamon-VallsSource : JT 13h Semaine
Cette vidéo n'est plus disponible

Xavier MARTINAGE

Tout
TF1 Info