Primaire populaire : comment fonctionne le scrutin au jugement majoritaire ?

E.Ro
Publié le 27 janvier 2022 à 17h23
Samuel Grzybowski et Mathilde Imer, organisateurs de la primaire populaire.

Samuel Grzybowski et Mathilde Imer, organisateurs de la primaire populaire.

Source : Thomas COEX / AFP

467.000 personnes pourront voter lors de la Primaire populaire organisée du 27 au 30 janvier.
Le mode de scrutin choisi est celui du jugement majoritaire.
Le candidat élu sera celui qui aura "été le mieux évalué par une majorité de l'électorat".

Depuis ce jeudi et jusqu'à dimanche, 467.000 inscrits à la Primaire populaire pourront voter pour leur candidat de gauche favori en vue de l'élection présidentielle. Mais le mode de scrutin n'a rien à voir avec le classique système uninominal majoritaire à deux tours auquel les Français sont particulièrement habitués. Et pour cause, les organisateurs de la Primaire populaire ont choisi de départager les sept candidats à l'aide du système de jugement majoritaire.

Inventée dans les années 2000 par deux chercheurs du CNRS et utilisée depuis dans le cadre de la convention citoyenne pour le climat ou le vote du budget participatif de la ville de Paris, cette méthode implique d'abord un vote en un seul tour. Et il n'est pas seulement demandé aux inscrits de choisir leur candidat favori, mais de tous les évaluer en répondant à cette question : "Pour faire gagner l’écologie et la justice sociale à l’élection présidentielle, j’estime que chacune de ces personnalités serait…"

Ils attribuent ensuite la mention très bien, bien, assez bien, passable ou insuffisant à chacun des candidats, en sachant qu'un même qualificatif peut être utilisé plusieurs fois. 

Éviter de choisir pour "le moins mauvais"

Le dépouillement repose ensuite sur le principe de médiane. Sera relevée pour chaque candidat la mention qui partage l'électorat en deux parties égales. Celui qui emportera l'élection sera finalement celui qui aura "été le mieux évalué par une majorité de l'électorat, c'est-à-dire celui qui obtient la meilleure mention 'majoritaire'" écrit l'organisation du vote sur son site.

La Primaire populaire met en avant plusieurs avantages de ce type de scrutin : il permet aux électeurs de s'exprimer sur chacune des candidatures, le résultat ne change donc pas en fonction du nombre de candidats, il prend en compte les votes pour et contre chacun d'entre eux, et il évite que les électeurs aient à choisir au second tour pour celui qu'ils considèrent comme "le moins mauvais", détaille l'organisation.

"L'esprit du Socle Commun" contre un soutien militant

Sept candidats sont à départager lors de ce vote : Anna Agueb-Porterie, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Pierre Larrouturou, Charlotte Marchandise, Jean-Luc Mélenchon et Christiane Taubira. Mais pour recevoir l'investiture et le soutien militant de la Primaire Populaire, le vainqueur devra s'engager à "inclure, à minima, l’esprit du Socle Commun (un socle programmatique préparé l'année dernière, ndlr) dans son programme" et à "favoriser le rassemblement avec les autres candidats". À défaut, la primaire ne soutiendra personne.

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Christiane Taubira semble favorite de ce scrutin auquel elle a promis de se plier. Selon un cadre du PS interrogé par l'AFP, "le jugement majoritaire va favoriser Christiane Taubira", que beaucoup vont "mettre en 1er ou 2e choix", car "c'est la personnalité la plus consensuelle... sauf si Mélenchon a blindé" le vote. 

Les trois principaux concurrents de l'ancienne Garde des Sceaux, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Anne Hidalgo ont chacun critiqué cette Primaire populaire qu'ils qualifient respectivement de "farce", "machine à perdre" et de "démarche qui ne crée aucune obligation", et ont réclamé, en vain, que leurs noms soient retirés de ce vote.


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