Rima Abdul Malak, une ministre de la Culture aux prises de position assumées

Publié le 25 avril 2023 à 14h39
JT Perso
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Source : TF1 Info

Interpellée lundi lors de la cérémonie des Molières par deux artistes sur la réforme des retraites, la ministre de la Culture s'est levée et a riposté, debout, dans la salle du Théâtre de Paris.
Depuis son arrivée au gouvernement il y a bientôt un an, Rima Abdul Malak a régulièrement pris la parole pour défendre haut et fort ses convictions.

"D'habitude, le rôle du ministre, c'est de rester là à ne rien dire, mais là, c'est pas possible." Micro en main, debout dans la salle du Théâtre de Paris où se déroulait la cérémonie des Molières ce lundi soir, voilà comment la ministre de la Culture Rima Abdul Malak débute sa réplique

Quelques secondes plus tôt, elle était prise à partie par deux comédiennes remontées contre la réforme des retraites qui lui reprochaient notamment son manque de dialogue avec les syndicats de la profession sur les conséquences du texte. Cette phrase, prononcée avec agacement mais assurance et fermeté, pourrait résumer les derniers mois de la ministre, au cours desquels elle n'a pas hésité à affirmer ses positions. 

Lundi, face au monde du théâtre, l'ancienne conseillère culture d'Emmanuel Macron nommée rue de Valois en mai 2022, s'est montrée fière d'être à la tête d'un "ministère qui défend haut et fort l'exception culturelle française dans le monde, (...) qui a débloqué des aides massives pendant la crise pour (...) soutenir tous les secteurs de la culture. Vous avez une ministre à la tête de ce ministère qui a obtenu le budget historique le plus haut" (+7%, 11 milliards d'euros). À propos des "menaces contre des expositions, des spectacles", elle a assuré avoir "à chaque fois" "levé la voix pour défendre la liberté de création".

Dernier exemple en date ? Le 5 avril dernier, après l'annulation du concert de Bilal Hassani prévu dans une ancienne église de Metz. "Face aux extrémismes, aux appels à la haine, à la violence, la culture doit rester un espace de liberté et d'émancipation", avait écrit sur Twitter celle qui avait aussi été conseillère de l'ancien maire de Paris Bertrand Delanoë. La ministre s'était dite "choquée" que les mouvances catholiques et traditionalistes locales qui avaient fait campagne contre cette représentation aient gagné leur combat.

Défenseure de la liberté d'expression

Quelques semaines plus tôt, la diplômée de Sciences-Po Lyon avait défendu l'artiste suisse Miriam Cahn exposée au musée de Tokyo et accusée de pédopornographie par des associations de protection de l'enfance et l'extrême droite. "Oui, l'art peut choquer, peut questionner, peut parfois susciter du malaise, voire du dégoût. L'art n'est pas consensuel. Et la liberté d'expression et de création est garantie par la loi", avait-elle répliqué à la députée Rassemblement national qui l'avait interpellée à ce sujet à l'Assemblée nationale le 21 mars. Et d'ajouter que ce n'est "ni à une ministre, ni à une parlementaire de qualifier une infraction pénale. C'est le rôle de la justice".

La ministre avait également soutenu la tenue au festival d'Angoulême d'une exposition de l'auteur de bandes dessinées Bastien Vivès, lui aussi accusé de promouvoir la pédopornographie ; même si elle avait condamné certains de ses propos, notamment sur l'inceste. Interrogée par Le Parisien mi-décembre, elle ne les jugeait "pas acceptables" et disait comprendre "l'émoi" qu'ils avaient suscité, "parce que ce sont des sujets graves". "Mais cet auteur a une carrière très riche (...) il a abordé des sujets très vastes, on ne peut pas réduire cet auteur à deux bandes dessinées et quelques phrases dites en interview", ajoutait-elle. 

Favorable à l'exposition de Bastien Vivès à Angoulême

Aussi, "ce n'est pas l'exposition en elle-même qui pose problème, [car] personne ne l'a vue", expliquait-elle au quotidien. "Un cadre juridique existe. Un article du Code pénal précise ce qui est possible ou pas, en l’occurrence qu’on ne peut pas représenter des images ayant trait à la pédophilie, je pense que le festival d’Angoulême a parfaitement connaissance de cet article. Et l’artiste aussi." Au moment de visiter le festival en janvier, elle avait confirmé regretter "que les sujets se soient mélangés" et que l'exposition ait finalement été annulée. "J'aurais été curieuse de voir quels autres dessins il allait présenter dans un cadre comme les 50 ans du Festival d'Angoulême. On ne le saura pas", avait conclu l'ancienne directrice des programmes de l'ONG Clowns sans frontières.

Toujours dans Le Parisien quelques semaines après son arrivée au ministère, Rima Abdul Malek avait milité pour la reconduction de Dominique Boutonnat à la tête du Centre national du cinéma (CNC), malgré une mise en examen pour des accusations d'agression sexuelle qu'il réfute. "Il est mis en examen, pas condamné. La présomption d'innocence prévaut", justifiait-elle.

Elle appelle les chaînes de télé à respecter leurs obligations

Enfin, au cours de ces derniers mois, elle s'est aussi faite remarquer pour son intransigeance avec le groupe Canal+. Depuis le début de l'année, elle est en bisbille avec la filiale de Vivendi et son propriétaire Vincent Bolloré pour avoir rappelé que l'Arcom, le régulateur de la télévision, avait le pouvoir de supprimer la fréquence mise à disposition des chaînes de télévision si elles ne respectaient pas leurs obligations. "Il y a des obligations à respecter. Il y a déjà eu une vingtaine d'interventions de l'Arcom, depuis 2019, pour C8 et CNews. Au bout de combien d'interventions l'Arcom pourra-t-elle dire à quel degré les obligations ne sont pas respectées ? C'est le rôle de l'Arcom", avait-elle déclaré.

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"On a eu un certain nombre d'exemples, dans les derniers mois, les dernières années, qu'il s'agisse de Canal+ (...) de Paris Match (...) qu'il s'agisse d'Europe 1, qu'il s'agisse de l'édition. Il y a un certain nombre d'alertes, sur la liberté de création, sur la liberté d'expression", avait-elle ajouté, s'en prenant à tous les médias détenus par le milliardaire français. "Nous avons été profondément choqués par les propos tenus par Madame la Ministre de la Culture", avait déploré le groupe Canal+ dans un communiqué. "Je suis dans mon rôle quand je rappelle le cadre existant", rétorquait la ministre. 

Elle continuera à défendre ses positions et le président de la République, auprès de qui elle travaille depuis 2019. En tout cas aussi longtemps qu'il la maintiendra dans son équipe gouvernementale, alors que la rumeur d'un remaniement prochain court toujours.


Justine FAURE

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