POLITIQUE - Alors que son procès en correctionnelle pour rébellion doit se tenir les 19 et 20 septembre prochains, Jean-Luc Mélenchon dénonce une instrumentalisation politique et reprend à son compte le terme de "lawfare". Mais que signifie ce concept ?
C'est dans une tribune, parue dans Le Journal du Dimanche le 8 septembre dernier et signée par Jean-Luc Mélenchon et plus de 200 personnalités, que le terme de "lawfare" a émergé dans le débat public français. Depuis, le patron des Insoumis ne cesse de l'employer : sur son blog le 9 septembre, "le lawfare, c'est la 'guerre judiciaire'", à coups de hashtags "StopLawfare" sur Twitter ou bien en conférence de presse ce jeudi 12 septembre, en amont de son procès en correctionnelle au tribunal de Bobigny les 19 et 20 septembre prochains. Jugé notamment pour "rébellion" après la perquisition houleuse du 18 octobre dernier au siège de son parti, Jean-Luc Mélenchon se dit l'objet d'un procès politique et renvoie régulièrement à ce concept venu tout droit des Etats-Unis et qui désigne l'instrumentalisation de la justice à des fins politiques. "L’usage de la justice contre les opposants politiques", détaille le député des Bouches-du-Rhône.
Au-delà de cette explication de texte, le lawfare renvoie à un principe juridique assez complexe. Dans son ouvrage"Les implications juridiques de la contre-insurrection", le docteur en droit Eric Pommès le résume en "une stratégie d’utilisation ou de mauvaise utilisation du droit en tant que substitut à un moyen militaire traditionnel pour atteindre un objectif opérationnel ou empêcher l’adversaire d’atteindre son objectif".
"Pour abattre Cristina Kirchner (ancienne présidente argentine, mise en cause dans une affaire de corruption), le système tente la même méthode qui a conduit Lula en prison, Correa à l'exil, et nous en procès à Bobigny : le lawfare", a notamment déclaré le patron des Insoumis sur son blog le 31 août dernier. La référence à Lula a même été érigée en cas d'école : incarcéré depuis avril 2018, après avoir été condamné en appel à douze ans d'emprisonnement pour corruption, l'ancien président brésilien incarne la figure du prisonnier politique pour Jean-Luc Mélenchon, qui est allé le visiter dernièrement. Au mois de juin, le site d'investigation The Intercept avait révélé des échanges privés visant à démontrer la partialité du juge en charge des poursuites contre l'ancien chef de l'Etat. De quoi justifier une justice aux ordres et légitimer le lawfare. En utilisant ce concept à son endroit, la stratégie du patron des Insoumis semble claire : politiser sa cause, avant son propre passage devant un tribunal.
Invitée de France Inter le 9 septembre, la ministre de la Justice Nicole Belloubet n'a visiblement pas apprécié le lexique utilisé par Jean-Luc Mélenchon, jugeant "insupportable" la tribune publiée dans le JDD. "Il me semble qu’il y a une petite nuance entre l’indépendance qui est réelle en France et ce qui se passe dans d’autres pays", avait commenté la ministre, qui s'est dite "stupéfaite" d'une telle comparaison. Nicolas Belloubet a jugé bon de rappeler qu'il n'existait "en aucun cas" de justice politique en France, avant de prévenir : "La justice est le premier maillon attaqué quand on veut mettre fin à l’état de droit".
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