TOLLÉ - Marcel Campion a suscité un tollé, ce dimanche matin, après la révélation par le "JDD" de propos homophobes tenus lors d'une réunion. Il a ciblé les responsables gays à la mairie de Paris, dont l'ancien premier adjoint Bruno Julliard, qui a annoncé porter plainte. Dans la foulée, le député LaRem, Joachim Son-Forget l'a défendu, suscitant à son tour l'indignation.
Deux polémiques en une. Les révélations du JDD, ce dimanche, au sujet des propos tenus par le forain Marcel Campion lors d'une réunion ont suscité l'indignation. Des propos homophobes visant notamment Bruno Julliard, ancien premier adjoint de la mairie de Paris. Dans cette vidéo datant de janvier, le meilleur ennemi de la maire de Paris, Anne Hidalgo, s'en prend violemment à Bruno Julliard, homosexuel déclaré, qui vient de démissionner de ses fonctions de premier adjoint.
"Comme il était un peu de la jaquette, il a rencontré (l'ancien maire de Paris, Bertrand) Delanoë, ils ont fait leur folie ensemble et paf, il est premier adjoint. Et avec Anne Hidalgo, il est super parce qu'en même temps, il lui a amené tous les homos de la terre. C'est-à-dire que toute la ville maintenant est gouvernée par des homos", a déclaré Marcel Campion, 78 ans, lors de cette réunion qui a eu lieu, selon le Journal du dimanche, le 27 janvier à Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis. "Moi, j'ai rien contre les homos, d'habitude, je dis les 'pédés'. Mais on m'a dit hier qu'il fallait plus que je dise ça. Donc je ne dis plus les pédés, je dis les homos. J'ai rien contre eux, sauf qu'ils sont un peu pervers", a ajouté le forain.
De son côté, Bruno Julliard a annoncé porter plainte contre Marcel Campion.
Certaines injures, par celui qui les prononce, deviennent des décorations... Mais l’homophobie doit être combattue sans relâche, parce qu’elle opprime, stigmatise et tue chaque jour. Ces propos abjects ainsi que leur auteur seront poursuivis en justice. — Bruno Julliard (@BrunoJulliard) 23 septembre 2018
Une voix dissonante
Une voix s'est pourtant élevée pour défendre le forain. Celle du député Joachim Son-Forget, député LaREM de la 6ème circonscription des Français de l'étranger. "Non, ce n'est pas homophobe, il suffit d'écouter en entier de quoi il parle, certes maladroitement, mais pas de sexualité", écrit le député. "Je trouve même de bon aloi, ses propos personnels sur Mourousi et 'Didine', qui sont la clé de lecture de ce propos", dit-il.
Sommé de réagir, Benjamin Griveaux a qualifié les propos du député des Français de l'étranger, d' "incompréhensibles". "Aucune excuse pour les attaques homophobes, d'où qu'elles viennent", a écrit le porte-parole du gouvernement, sur Twitter.
Pour sa part, le député Son-Forget, a réagit auprès de LCI. "Et si c'est utile, rappelez que je n'ai évidemment rien contre l'homosexualité, que je l'ai affirmé de suite, mais que ça n'a pas empêché le déferlement de haine que Twitter sait délivrer en toutes circonstances", a-t-il déclaré.
J’ai déjà eu l’occasion de dire tôt ce matin le caractère ignoble des propos de M. Campion. Ceux de @sonjoachim sont incompréhensibles. Aucune excuse pour les attaques homophobes d’où qu’elles viennent. C’est suffisamment clair ou on continue les faux procès @tomvampouille ? — Benjamin Griveaux (@BGriveaux) September 23, 2018
Condamnation de la classe politique
Plusieurs responsables politiques ont condamné les propos de homophobes de Marcel Campion. La maire de Paris a relayé un tweet de son nouveau premier adjoint Emmanuel Grégoire dénonçant des "délires paranoïaques et homophobes".
Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est dit "atterré" et aussi "très troublé par les justifications" du député LaREM, Joachim Son-Forget, qui a évoqué une simple "maladresse".
Atterré par les propos de Marcel Campion. Et très troublé par les justifications de #LREM #StopHomophobie https://t.co/N2x0bBuGFa — Olivier Faure (@faureolivier) 23 septembre 2018
Christophe Castaner, délégué général de LaREM et secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement, s'est également vu reprocher par l'opposition un tweet dans lequel il affirme que si Marcel Campion "pense avoir été mal compris", il "doit le dire et s'excuser de la violence de ses mots".
Le débat politique peut être vif, mais jamais aucun propos homophobe ne sera acceptable. S'il pense avoir été mal compris #MarcelCampion doit le dire et s'excuser de la violence de ses mots. https://t.co/QbQuFHFsU8 — Christophe Castaner (@CCastaner) 23 septembre 2018
"On hallucine. Depuis quand suffit-il de s'excuser quand on a commis un délit ?", s'est indigné Ian Brossat, adjoint PCF à la mairie de Paris.
Propos hallucinants de bêtise crasse et de haine homophobe. L'aigreur n'excuse pas tout... https://t.co/poEwnLZNiV — Ian Brossat (@IanBrossat) 22 septembre 2018
Ceux-ci "ne méritent aucune indulgence ni aucune explication qui pourrait conduire à en relativiser l'intention. Ils sont scandaleux, un point c'est tout !", a estimé pour sa part le nouveau patron des députés LaREM Gilles Le Gendre.
Marcel Campion assure qu'il est "tout sauf homophobe"
Marcel Campion a assuré, ce dimanche à l'AFP qu'il était "tout sauf un homophobe". "Si le mot 'pédé' que j'ai dit une fois ou deux a pu déranger certaines personnes je m'en excuse, je suis d'une génération où on disait ces mots-là mais je ne suis pas homophobe", a-t-il déclaré. Le forain, en guerre ouverte avec Anne Hidalgo, a évoqué "des propos un peu sortis de leur contexte dans un mouvement de colère" après avoir "été éliminé du marché de Noël et de la grande roue par Bruno Julliard", suite à la non-reconduction de ces deux contrats par la Ville de Paris.
"Le mot 'pervers', je ne l'ai pas utilisé pour les pédés. J'ai dit que c'étaient des pervers parce qu'ils se servaient de leur statut d'élus pour essayer de faire des affaires et nous foutre dehors", a-t-il ajouté, précisant que la réunion avait eu lieu "chez moi, dans mon petit café devant une quinzaine de personnes". "Que les choses soient claires, il n'y a pour moi aucun lien entre le fait que Bruno Julliard soit gay, ou que certains de ses amis le soient, et la politique anti-forain qu'il a mis en place. Il l'a fait avec rouerie -j’ai dit avec perversité !- mais cette politique aurait naturellement être pu mise en œuvre par quiconque comme lui voulait chasser les forains de Paris", a-t-il ensuite ajouté dans un communiqué transmis par son avocate à l'AFP.