#PSLeDébat : opposition à Macron, présidentielle, déchéance de nationalité... comment distinguer les 4 prétendants

Publié le 7 mars 2018 à 7h27, mis à jour le 7 mars 2018 à 14h36
#PSLeDébat : opposition à Macron, présidentielle, déchéance de nationalité... comment distinguer les 4 prétendants

QUATRE NUANCES DE ROSE - Luc Carvounas, Olivier Faure, Emmanuel Maurel et Stéphane Le Foll s'affrontent pour le poste de Premier secrétaire du PS. En amont du débat du 7 mars, en direct sur LCI, nous avons jeté un coup d’œil aux engagements passés de ces concurrents socialistes pour mieux comprendre ce qui les distingue.

Officiellement, ils sont tous "camarades". Luc Carvounas, Stéphane Le Foll, Emmanuel Maurel et Olivier Faure, qui vont s'affronter lors d'un débat organisé le 7 mars par LCI, RTL et Le Figaro, vont devoir faire valoir leurs différences devant les militants du Parti socialiste, appelés à départager leurs projets le 15 mars, puis leur candidature au poste de Premier secrétaire le 29 mars. 

Sur le plan idéologique, les différences entre les responsables socialistes peuvent sembler parfois ténues, ou au contraire béantes. La proximité entre les députés Stéphane Le Foll et Olivier Faure, tous deux anciens proches de François Hollande, a souvent été soulignée. Toutefois, Olivier Faure, soutenu par des personnalités comme Martine Aubry ou Jean-Marc Ayrault, offre davantage le profil d'homme de la synthèse et de la réconciliation des courants, que Stéphane Le Foll, plus marqué à la droite du parti et plus volontiers clivant. 

Le lien entre Emmanuel Maurel et les "frondeurs" socialistes du quinquennat Hollande n'a jamais été dissimulé. Héritier du PS "de gauche", ce candidat incarne une tradition socialiste portée également par la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, fortement opposée à la ligne impulsée par François Hollande durant son quinquennat. Quant à Luc Carvounas, il offre une trajectoire plus complexe : ancien proche de Manuel Valls, il s'est éloigné brutalement de ce dernier lors de la présidentielle et affirme aujourd'hui des convictions plus à gauche. La meilleure façon de distinguer les quatre prétendants est probablement de jeter un coup d'oeil à leurs prises de positions passées. 

L'opposition à Emmanuel Macron

Ils s'accordent tous, aujourd'hui, à se situer dans "l'opposition" à la politique d'Emmanuel Macron. Mais pas de la même manière. Certes, au sein du groupe socialiste de l'Assemblée nationale, rebaptisé "Nouvelle Gauche" depuis les législatives, la famille socialiste a fini par se mettre au diapason. Les trois députés, Stéphane Le Foll, Luc Carvounas et Olivier Faure ont voté contre la ratification des ordonnances réformant le Code du travail, contre le budget 2018 et pour la loi sur la confiance dans la vie publique. Emmanuel Maurel, député européen, n'a pas participé à ces scrutins. 

Mais la façon de s'opposer diverge. Seul Luc Carvounas a voté, en juillet dernier, contre la confiance au gouvernement d'Edouard Philippe. Stéphane Le Foll et Olivier Faure se sont, eux, abstenus, le premier pour "donner une chance" au nouveau Président, le second pour défendre une ligne pragmatique en votant "texte par texte". "Pourquoi s'être abstenu si c'était pour constater aujourd'hui qu'Emmanuel Macron mène une politique de droite ?" pointe aujourd'hui Luc Carvounas, sollicité par LCI. 

L'attitude lors de la présidentielle

On se souvient à quel point le PS s'est déchiré au cours de la campagne de la présidentielle puis des législatives. Les clivages se ressentent encore chez les quatre candidats à la tête du PS, même si la figure de proue de l'opposition interne à François Hollande, Benoît Hamon, a quitté le parti après son échec à la présidentielle. 

Olivier Faure avait choisi... De ne choisir personne lors de la primaire citoyenne, organisée en janvier 2017. Après la victoire de Benoît Hamon, le député de Seine-et-Marne s'est vu proposer de devenir son directeur de campagne. Les deux hommes se connaissent, puisque Faure et Hamon, anciens jeunes rocardiens, ont partagé, un temps, une colocation à Paris. Olivier Faure a décliné l'offre de Benoît Hamon, tout en revendiquant la loyauté vis-à-vis du candidat socialiste, contrairement à Manuel Valls, qui est parti soutenir Emmanuel Macron. 

Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement durant la campagne, a été pour le moins discret dans son soutien à la campagne de Benoît Hamon. En réalité, il n'a rien fait pour l'aider. Lors de la primaire socialiste, il n'avait pas indiqué pour qui il voterait, mais il avait prévenu, à l'inverse, qu'il ne voterait "ni Benoît Hamon ni Arnaud Montebourg".

Luc Carvounas a soutenu d'un bout à l'autre la candidature de Manuel Valls. Avant d'opérer un revirement après la victoire de Benoît Hamon, s'opposant vivement au choix de Manuel Valls de ne pas soutenir le candidat socialiste vainqueur. Les deux hommes sont brouillés depuis lors. Luc Carvounas a rejoint l'équipe de campagne de Benoît Hamon, revendiquant la "loyauté" au PS, et des idées plus à gauche que son ancien mentor. 

Emmanuel Maurel a soutenu dans un premier temps la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, puis, celle-ci ayant jeté l'éponge, Arnaud Montebourg. Il est ensuite devenu le responsable de la thématique "commerce international" au sein de l'équipe de Benoît Hamon. 

La position sur la déchéance de nationalité

Après les attentats de novembre 2015, la décision de François Hollande d'inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution a profondément divisé la gauche, et notamment sa majorité. Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement et très proche de l'ancien Président, a porté la proposition. Luc Carvounas, alors sénateur du Val-de-Marne, a défendu le principe de la déchéance de nationalité en cosignant notamment une tribune à ce sujet. "Une erreur politique", se confesse-t-il aujourd'hui auprès de LCI. 

Inversement, Olivier Faure, à l'Assemblée nationale, a dénoncé la mesure, qu'il jugeait "inefficace" et insusceptible de "dissuader" de potentiels terroristes. Au sein du PS, Emmanuel Maurel a fait part de "l'embarras" à l'égard de la proposition de François Hollande, assurant que "tout le monde" était "contre", mais que la consigne était de "ne pas désavouer Hollande" et de l'aider à trouver une solution de sortie. 

Déchéance de nationalité : retour sur une défaite du gouvernement en 5 actesSource : JT 20h Semaine
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La position sur la loi El Khomri

Autre symbole de la division de la gauche : la loi Travail portée par Myriam El Khomri en 2016, adoptée sans vote (article 49-3) faute de soutien suffisant dans la majorité. Là encore, Stéphane Le Foll a défendu tant le recours si controversé au 49-3, une "obligation" en raison de l'opposition des frondeurs, que le fond de la réforme, qui apportait "le compte personnel d'activité, la prise en compte de la pénibilité, la garantie jeune et la possibilité de négocier dans les entreprises afin de s'adapter le mieux possible". 

Luc Carvounas a déploré l'usage du 49-3, jugeant que le Parlement pouvait rendre le texte "plus équilibré", mais il a soutenu de fait la réforme, ne "comprenant pas" le mouvement de colère de la jeunesse et appelant les manifestants à "expliquer réellement contre quoi ils manifestent". 

Olivier Faure a tenté de pousser ses collègues parlementaires à trouver un accord sur le texte final. Selon lui, la réforme avait évolué sous la pression des syndicats et des députés et "un accord était possible", mais "le gouvernement en a décidé autrement" en refusant cette synthèse. 

A l'aile gauche, en phase avec les frondeurs, Emmanuel Maurel a appelé au "retrait" de la loi El Khomri. "Manuel Valls passe son temps à dire qu'il ira jusqu'au bout mais s'il y va tout seul, ça ne sert à rien", avait ironisé le député européen. Ce dernier avait participé aux défilés contre la loi Travail. 

Valls sur la loi Travail : "Le 49-3, pas pour passer en force mais parce que le texte est utile" Source : JT 20h Semaine
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La position sur la loi Macron

L'autre ligne de fracture au sein de l'ancienne majorité, c'est la loi "pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques" portée en 2014-2015 par Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, et adoptée, elle aussi, à l'arrivée à coups de 49-3. 

A l'instar des frondeurs socialistes, Emmanuel Maurel avait dénoncé la réforme en 2014 et appelé les socialistes à s'y opposer. "Emmanuel Macron est jeune et dynamique mais il propose des solutions ringardes et archaïques", avait-il fustigé. "Ce sont de vieilles recettes libérales d'il y a 30 ans qui ont échoué partout."

Olivier Faure, à l'instar de plusieurs députés de la majorité, avait tenté d'amender le texte, en refusant par exemple l'extension du travail le dimanche.  Luc Carvounas, de son côté, avait estimé que les frondeurs avaient "franchi le Rubicon" en menaçant de voter contre le texte, à l'instar de Stéphane Le Foll, qui jugeait "déstabilisant" qu'une partie des députés socialistes aillent "au-delà de l'expression normale d'un débat". 


Vincent MICHELON

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