Qu'est devenue la réforme de la haute fonction publique promise par Emmanuel Macron ?

J.F.
Publié le 11 février 2021 à 16h49, mis à jour le 12 février 2021 à 12h15

Source : La Matinale LCI

ADMINISTRATION - Alors qu'elle aurait dû être mise en œuvre en avril 2020, la réforme de la haute fonction publique est au point mort. L'exécutif assure qu'elle n'est pas abandonnée, mais que son adoption est ralentie par la crise sanitaire.

Le 25 avril 2019, en pleine crise des Gilets jaunes, Emmanuel Macron annonce une réforme de la haute fonction publique incluant la suppression de l’ENA. Vingt mois plus tard, la réforme n'est pas engagée, et le chef de l'État a finalement choisi cette semaine de conserver le prestigieux établissement dont il est lui-même issu, préférant y favoriser la diversité. 

Ce jeudi 11 février, il a en effet annoncé la mise en place d'une nouvelle voie "Talents", réservée à des jeunes d'origine modeste ou issus des quartiers défavorisés, qui disposeront de quelques places au concours de l'ENA et dans quatre autres écoles de la fonction publique. 

Une ouverture à la diversité qui se fait d'abord dans le cadre d'un agenda dédié à l'égalité des chances. Pour autant, la réforme de la haute fonction publique n'est pas abandonnée, assure l'exécutif. À LCI, ce dernier a expliqué que les annonces faites ce jeudi par Emmanuel Macron n'étaient qu'un aspect de la réforme, dont la mise en œuvre annoncée pour avril 2020 par Edouard Philippe a été ralentie par le contexte sanitaire. Le reste viendra, notamment via un travail sur le contenu de l’enseignement dans les écoles et sur les carrières des hauts fonctionnaires, sur la base du rapport Thiriez qui n’est pas "enterré", a indiqué une source gouvernementale. "Réformer de manière profonde l’accès à la haute fonction publique, c’est le début d’une réforme de la haute fonction publique", assure cette même source.

Que préconisait le rapport Thiriez ?

Remis il y a un an, le rapport Thiriez avait pour objectif de "soumettre au gouvernement des propositions très claires pour refonder le recrutement de nos hauts fonctionnaires (…), les modes de formation et la gestion des carrières". Parmi les axes retenus par le gouvernement figuraient un "plan de diversification sociale et géographique des recrutements" des hauts fonctionnaires, la mise en place de "classes égalité des chances sur l’ensemble du territoire", l'"intégration systématique d’un quota de boursiers dans l’ensemble des masters et classes préparatoires aux grandes écoles de la fonction publique", une "refonte des concours" et un "tronc commun de formation" pour les sept écoles. 

L'ENA devait être remplacée par une école du management public avec une vocation élargie, et le gouvernement s'était dit sensible à la "fin de la titularisation et de l’avancement automatique dans les grands corps", mettant en avant la nécessité "d’un temps d’apprentissage dans le corps et de missions de terrain en administration active". Le rapport Thiriez proposait en outre d'instaurer une "vraie direction des ressources humaines de l'État", avec l'idée de mieux gérer les carrières des 13.000 fonctionnaires de catégorie "A +", afin de rendre la haute administration plus attractive. 

Mais que restera-t-il de ces propositions, alors que la plus emblématique a été enterrée ? Et quand seront-elles adoptées ? Les premières pistes retenues auraient dû être mises en œuvre dès 2022, mais tout le calendrier est désormais incertain, et l'exécutif ne s'avance sur aucune date. Depuis l'adoption par le Parlement du projet de réforme de la fonction publique le 23 juillet 2019, il est pourtant habilité à légiférer par ordonnances sur ce dossier.


J.F.

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