"Qu'il retourne en Afrique !" : le détail des mots prononcés jeudi à l'Assemblée

Publié le 4 novembre 2022 à 10h20

Source : TF1 Info

Une retranscription écrite des débats agités qui se sont tenus jeudi 3 novembre, a été publiée sur le site de l'Assemblée nationale.
La séance des questions au gouvernement avait été interrompue à la suite des accusations de racisme visant le député RN Grégoire de Fournas.
Le document très attendu dévoile ce qu'il s'est dit dans l'hémicycle.

Des députés vent debout, un arrêt de séance dans la confusion et une vague d'indignation de gauche à droite. Les propos d'un élu du Rassemblement national, jugés racistes sur les autres bancs de l'hémicycle, ont provoqué un incident d'une ampleur rare, jeudi 3 novembre, à l'Assemblée nationale. Alors que le député LFI-Nupes du Val-d'Oise Carlos Martens Bilongo interpellait le gouvernement à propos d'un bateau transportant des migrants en Méditerranée, l'élu RN de Gironde Grégoire de Fournas lui a brusquement coupé la parole en lançant à l'emporte-pièce : "Qu'il retourne en Afrique !"

Ces "mots intolérables", condamnés jusqu'au plus haut sommet de l'État, ont immédiatement suscité une bronca généralisée, conduisant, après quelques minutes de confusion, à l'arrêt, rarissime, de la séance des questions au gouvernement. Mais de qui ou de quoi le député de Fournas parlait-il ? "Lorsque mon collègue député de LFI évoque SOS Méditerranée, j'assume pleinement d'avoir répondu 'qu'ils retournent en Afrique'. Ma réponse concernait le bateau et les migrants, évidemment pas mon collègue", s'est-il défendu sur Twitter, fustigeant au passage la "honteuse manipulation de LFI qui détourne mes propos".

Pour tenter d'y voir plus clair, il faut aller regarder dans le compte rendu officiel de séance, mis en ligne quotidiennement sur le site du palais Bourbon "au fur et à mesure de sa rédaction". S'il "n'est pas un mot à mot, mais la transposition en langage écrit d'interventions orales", précise l'Assemblée nationale, celui-ci fait état des échanges qui se sont tenus dans l'hémicycle. 

Quel est le député qui vient de prononcer cette phrase ?
Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale

À la lecture de cette retranscription, il apparaît que le député RN Grégoire de Fournas coupe à deux reprises la question de Carlos Martens Bilongo. "Ce sont des passeurs !", hurle-t-il une première fois à l'élu LFI, qui s'exprime sur les opérations de sauvetage de migrants réalisées par le navire Ocean Viking. Tandis que le député du Val-d'Oise poursuit son propos, son collègue RN revient à la charge. "Qu'il retourne en Afrique !", lance-t-il cette fois, selon la transposition retenue par le directeur des comptes rendus, Serge Ezdra. "Pas du tout !", rétorque immédiatement Carlos Martens Bilongo, dans la bronca des "vives exclamations" sur les bancs des groupes de gauche LFI, PS, EELV et GDR avant de diffuser au reste de la classe politique. 

"Madame la présidente ! C'est un scandale", s'insurge d'abord l'élu MoDem Erwan Balanant. "C'est du racisme !", dénonce la député LFI Sophia Chikirou. "Quel est le député qui vient de prononcer cette phrase ?", interroge depuis le perchoir la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui "scrute les bancs du RN". "Raciste !", crie le député GDR Davy Rimane, tandis que, sur les autres bancs, des élus se lèvent et scandent "Dehors !" à l'attention de Grégoire de Fournas. 

Dans le brouhaha ambiant, une suspension de séance est annoncée. Cinq minutes plus tard, alors que l'hémicycle se remplit de nouveau, Yaël Braun-Pivet prend la parole. "Chers collègues, pouvez-vous me laisser parler, s'il vous plaît ?", demande-t-elle. Après avoir annoncé son intention de laisser le soin au Bureau de l'Assemblée "de déterminer si les faits qui ont été commis sont passibles d’une sanction et de quelle sanction", elle acte officiellement la fin des questions au gouvernement, "compte tenu de la gravité des faits" et de "l'émotion légitime" de l'Assemblée. "La séance est levée", conclut-elle.


La rédaction de TF1info

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