Quel catholique est Emmanuel Macron ?

Anaïs Condomines
Publié le 25 juin 2018 à 16h28, mis à jour le 26 juin 2018 à 9h31
JT Perso
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Source : JT 20h Semaine

OH MY GOD - Emmanuel Macron rencontre mardi 26 juin le pape François, près de trois mois après un discours remarqué à la Conférence des Évêques de France, où il avait brossé les catholiques dans le sens du poil. Mais qu'en est-il de sa propre foi ? On a tenté de naviguer entre symboles et déclarations, pour déterminer le rapport qu'entretient le chef de l'Etat, baptisé à 12 ans à sa demande et élevé chez les Jésuites, avec la religion.

Deux mois et demi après avoir formulé son souhait de "réparer" le "lien entre l'Eglise et l'Etat", Emmanuel Macron se rend au Vatican pour y rencontrer le pape François, non sans faire un détour par la basilique Saint-Jean de Latran, où il se verra remettre le titre de chanoine de Latran. Un signal donné aux croyants catholiques, puisqu'il se différencie de son prédécesseur François Hollande qui, s'il avait accepté le titre, n'avait pas fait le déplacement pour le recevoir.

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La démarche n'étonnera pas ceux qui se souviennent du fervent discours présidentiel, prononcé devant la Conférence des Évêques de France, lundi 9 avril, où le chef de l'Etat avait brossé les catholiques dans le sens du poil... quitte à en hérisser d'autres. À l'issue de cette prise de parole, la gauche laïque s'est empressée de dénoncer une attaque en règle à la loi de 1905, imposant la séparation des églises et de l'Etat, tandis que la droite conservatrice s'est montrée plutôt flattée par tant d'égards. 

Quelques temps après ce discours-fleuve pour le moins remarqué et à la veille de ce déplacement, émerge une question légitime : quel catholique est donc Emmanuel Macron ? Impossible, bien sûr, de connaître les convictions profondes du président de la République. Mais certains gestes parlent d'eux-mêmes : on se souvient notamment de ce réflexe réprimé, devant le cercueil de Johnny Hallyday, dans l'église de la Madeleine. Le goupillon en main, le chef de l'Etat semble sur le point de bénir la dépouille du chanteur, avant de se raviser, semblant se rappeler la loi de 1905, qui prévoit que "l'Etat ne reconnait [...] aucun culte", et de finalement poser ses deux mains, à plat, sur le bois blanc, en signe de respect.

AFP

Des appels du pied à la communauté catholique

Et puis il y a ces discours officiels, souvent parsemés de mentions historiques baignées de religiosité. Elles sont nombreuses, par exemple, les références d'Emmanuel Macron à Jeanne d'Arc, la dernière en date figurant dans son éloge funèbre en hommage à Arnaud Beltrame, le gendarme mort dans l'attentat de Trèbes. On se souvient aussi que le président, alors ministre du Budget et de l'économie, s'était rendu à Orléans pour honorer, accompagné de Philippe de Villiers, le célèbre personnage qui a "fendu le système". 

Ouverture du mariage aux couples de même sexe, droit à l'avortement, fin de vie... Les thèmes chers aux plus conservateurs des catholiques ne sont pas en reste. Devant la Conférence des Évêques de France, Emmanuel Macron évoquait "la vie de l'enfant à naître, celle de l'être parvenu au seuil de la mort, ou celle du réfugié qui a tout perdu (...) ces êtres exposés" qui "attendent tout de l'autre, la main qui se tend, la bienveillance qui prendra soin d'eux". Le même, alors candidat à l'élection présidentielle, estimait auprès de L'Obs que La Manif pour Tous, pendant les débats de 2013, avait été "humiliée". Face au pape, il ne sera d'ailleurs question de la procréation médicalement assistée que si le Saint-Père met le sujet sur la table.

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Les catholiques, d'ailleurs ne s'y sont pas trompés. Selon un sondage Ifop pour La Croix et Pèlerin, 62% des catholiques (et 71% des pratiquants réguliers) ont voté pour le candidat d'En Marche. Mais au-delà de potentielles logiques électorales pouvant guider telle ou telle déclaration, le parcours personnel d'Emmanuel Macron, en matière de religion, est riche d'enseignements. 

Vous croyez en Dieu, monsieur le Président ?

On le sait, le président a grandi dans une famille de médecins d'Amiens. Ceux-ci n'étaient pas pratiquants et, à l'âge de 12 ans, c'est Emmanuel Macron lui-même qui demande à être baptisé. "Un choix personnel" explique-t-il au journal La Vie. Par la suite, le futur chef de l'Etat est scolarisé à la Providence, une école des Jésuites. "Après, j'ai moins pratiqué", poursuit-il. Ce qui ne l'empêche pas, une fois élu, de recevoir officiellement le titre de "premier et unique chanoine honoraire" de la basilique Saint-Jean-de-Latran. "Aujourd'hui, j'ai une réflexion permanente sur la nature de ma propre foi. Mon rapport à la spiritualité continue de nourrir ma pensée mais je n'en fais pas un élément de revendication", explique encore Macron.

Début avril, il n'avait - habilement - rien promis aux évêques.  Mais avec ce discours - largement salué par un auditoire sous le charme - l'actuel locataire de l'Elysée s'était nettement démarqué de son prédécesseur François Hollande, qui se revendiquait ouvertement athée. Quand on lui demande s'il croit en Dieu, Macron élude - "c'est une question compliquée" et préfère parler de "transcendance", de "quelque chose qui dépasse". Une posture qui lui permet de jouer sur les symboles, tout au long de sa carrière politique. Le 16 novembre 2016, après s'être officiellement déclaré candidat à l'élection présidentielle, il s'était rendu dans la basilique de Saint-Denis pour se recueillir sur la tombe des rois de France. Et avait déclaré, quelques mois plus tard auprès du JDD : "La politique, c'est mystique." Une façon de s'élever au-dessus des programmes... et peut-être (surtout), de ses concurrents.


Anaïs Condomines

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