Quinze mois après l’élection d’Emmanuel Macron, le pays va-t-il mieux ?

Publié le 27 août 2018 à 17h30

Source : JT 20h WE

PREMIER BILAN - Au début de son mandat, Emmanuel Macron estimait que la première année du quinquennat serait “cruciale” pour le pays, avec des résultats attendus dans les deux ans sur le front de l’emploi. Où en est-on en cette rentrée 2018 ?

L'exécutif ne cesse de le rappeler : il est trop tôt pour tirer un bilan de son action. Prudence, donc, chez les ministres, qui se gardent bien de tirer des leçons d'un bon ou d'un mauvais chiffre conjoncturel. Malgré tout, quinze mois après l'élection d'Emmanuel Macron et une série de réformes mises en œuvre avec l'objectif de doper rapidement l'activité et l'emploi, les indicateurs économiques fournissent un premier état des lieux. 

Emploi

A la différence de François Hollande, qui avait promis “d’inverser la courbe” du chômage, Emmanuel Macron s’est toujours gardé, depuis son élection, d’annoncer un objectif chiffré concernant les créations d’emplois en France. Il avait toutefois indiqué, après la réforme du travail à l’automne 2017, attendre “des résultats significatifs” au bout de 18 à 24 mois. 

Difficile, un an après la réforme, de tirer un bilan précis de l’impact des mesures votées sur l’emploi. Pour l’heure, la situation en France reste très incertaine. Après une baisse fin 2017, le chômage était reparti à la hausse en début d’année, pour diminuer à nouveau au second trimestre 2018 à 9.1% de la population active. “C’est positif mais c’est encore trop peu”, a reconnu mi-août la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Par rapport à la même période de l’an dernier, cela ne représente qu’un recul de 0.3%. 

Croissance

Le candidat Macron avait fixé une trajectoire budgétaire “prudente”, de son propre aveu, pour son quinquennat : de 1.4% de croissance en 2017 à 1.8% en 2022, avec un déficit public cantonné en dessous de la barre des 3%. 

Un an et demi plus tard, et alors que l’exécutif a fait adopter une série de mesures destinées à relancer l’activité, Emmanuel Macron semble avoir eu raison de rester modeste dans ses ambitions initiales. Le gouvernement vient d’être contraint de revoir ses prévisions à la baisse dans un contexte de ralentissement dans la zone euro. Il faudra désormais se contenter d’une prévision à 1.8% en 2018, contre 2% prévus, et à 1.7% pour 2019, contre 1.9% prévus jusqu’ici. S’agissant du déficit, l’exécutif tablait jusqu’ici sur 2.4% pour 2019, mais s’attend désormais à “un rebond”. 

Coup de frein sur la croissance française en 2018Source : JT 13h Semaine

Autre point à surveiller : les créations d'entreprises. Selon l'Insee, celles-ci ont connu une baisse de 3.3% en juillet 2018, la seconde consécutive après celle du mois de juin. Les semaines qui viennent diront s'il s'agit d'un phénomène durable ou seulement d'un repli conjoncturel. 

Pouvoir d’achat

Parmi les mesures prises par Emmanuel Macron dès le début de son quinquennat figurent en première ligne celles visant à augmenter le pouvoir d’achat des Français, et tout particulièrement des actifs et de “ceux qui travaillent davantage”, comme le clamait son programme de campagne

Avec la suppression progressive de la taxe d’habitation et des cotisations salariales, les salariés ont pu observer depuis le début de l’année 2018, malgré la hausse concomitante de la CSG, une évolution à la hausse de leurs ressources, de l’ordre de 263 euros par an pour un Smic, et augmentant proportionnellement au salaire. A cela s’ajoutera, fin 2018, la suppression de la première tranche de la taxe d’habitation, qui doit disparaître sur trois ans. 

Des mesures qui n’ont pas profité, bien au contraire, aux retraités, qui ont subi la hausse de la CSG sans compensation. Autre problème : le retour de l’inflation (1.6% sur l’année), qui ne s’accompagne pas d’une hausse des salaires et qui pourrait donc se traduire par une nouvelle réduction du pouvoir d’achat des Français.

Pauvreté

“Je ne veux plus d’ici à la fin de l’année avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois.” En juillet 2017, Emmanuel Macron avait estimé que “la première bataille” consisterait à loger “tout le monde dignement” et avait fait cette promesse compliquée, comme Nicolas Sarkozy et Lionel Jospin avant lui. 

En février 2018, à l’instar de ses prédécesseurs, le chef de l’Etat a reconnu que cet objectif n’était pas atteint, tout en affichant sa volonté de garder cette ambition... Sans fixer cette fois d’échéance. 


Vincent MICHELON

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