La bataille des retraites

Réforme des retraites : "Politiquement, il est impossible pour l'exécutif d'y renoncer"

par Y.R.
Publié le 30 janvier 2023 à 9h42, mis à jour le 31 janvier 2023 à 9h05
JT Perso

Source : L'Invité Politique

La bataille des retraites se poursuit ce lundi 30 janvier, avec l'arrivée du projet de loi en commission à l'Assemblée nationale.
Avant que les débats ne commencent, le gouvernement se montre inflexible sur l'âge de départ et la durée de cotisation.
Invité de LCI ce matin, l'analyste politique Jérôme Jaffré juge que l'exécutif joue sa crédibilité politique et ne peut faire marche arrière.

La réforme des retraites arrive à l'Assemblée nationale. À la veille de la deuxième journée de mobilisation, mardi 31 janvier, qui s'annonce au moins aussi suivie que celle du 19 janvier, la bataille parlementaire entre dans le vif du sujet, dans un contexte tendu marqué par la détermination sans faille affichée par le gouvernement. Le report de l'âge de départ de 62 à 64 ans, contesté par les syndicats et les oppositions, "n'est plus négociable", a affirmé sur franceinfo la Première ministre Élisabeth Borne, dimanche 29 janvier, avant le début de l'examen du projet en commission. Une fermeté de circonstance. 

"Au fond, le gouvernement - et derrière Emmanuel Macron bien sûr - jouent politiquement extrêmement gros sur cette réforme des retraites. Il est, pour eux, hors de question d'y renoncer. Politiquement, c'est impossible d'y renoncer", assure Jérôme Jaffré, politologue et chercheur associé au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), invité d'Adrien Gindre sur LCI,  lundi 30 janvier. "Afficher la détermination du gouvernement à mener à bien la réforme, c'est une condition absolument majeure pour avancer. J'ajoute que l'un des rares atouts dans les sondages d'opinion - et on les cherche à la loupe - c'est le sentiment que la réforme ira jusqu'au bout, qu'elle passera, qu'elle aura lieu. Cet atout, le gouvernement ne veut pas le perdre."

Lire aussi

Ferme sur les 64 ans, l'exécutif pourrait lâcher du lest ailleurs, selon lui. "Maintenant, si on écoute bien, ce que dit Élisabeth Borne, c'est : 'ce n'est pas négociable l'âge de la retraite et la durée de cotisation', ce qui veut dire que le reste est négociable d'une certaine façon", estime l'analyste politique. "Là, il y a quelque chose d'entrouvert, qui n'a peut-être pas été saisi immédiatement, mais pour lequel les amendements parlementaires pourront jouer. Ça, c'est un signal intéressant."

Est-ce que nous sortons d'une bataille classique ?

Jérôme Jaffré, politologue

En dépit de cette porte "entrouverte", la ténacité du gouvernement demeure. Malgré les manifestations de grande ampleur dans toute la France, son porte-parole, Olivier Véran, a déclaré sur BFMTV que le nombre de manifestants "ne change pas les choses". "C'est maladroit de dire que le nombre ne compte pas, parce que ça encourage tous ceux qui sont contre la réforme d'aller dans la rue pour grossir les effectifs de ceux qui protestent", juge Jérôme Jaffré. "Le sentiment de ne pas être à l'écoute, de ne pas tenir compte de ce que disent les gens, c'est ce qui est un peu insupportable. Il ne suffit pas de dire, comme le fait Emmanuel Macron : 'je l'ai annoncé pendant la campagne présidentielle', il faut être à l'écoute, c'est une condition."

"Maintenant, tant qu'on est dans les manifestations et éventuellement un certain nombre de grèves contre un gouvernement qui veut aller jusqu'au bout de sa réforme et qui espère avoir une majorité au Parlement, on est dans une bataille classique", poursuit le politologue. "Est-ce que nous sortons de la bataille classique, c'est-à-dire qu'à partir des manifestations, vous avez une extension de ceux qui sont en grève ? (...) Si vous avez un mouvement qui s'étend, par exemple, aux artisans, aux jeunes, etc. vous avez une situation où les choses changeraient. C'est ça qu'il faut surveiller dans les semaines à venir."


Y.R.

Tout
TF1 Info