Réforme des retraites : LR, la division jusqu'à l'explosion ?

Publié le 8 février 2023 à 18h07

Source : JT 20h WE

Au troisième jour de débat sur le projet de loi du gouvernement réformant les retraites, les Républicains ne se sont toujours pas entendus sur une ligne commune.
Le jusqu'au-boutisme de certains, parmi lesquels Aurélien Pradié, met en péril l'unité de LR.
Les ténors du parti l'enjoignent de rentrer dans le rang, le patron des sénateurs LR estimant même que l'avenir de la droite "se joue".

Ils voteraient comme un seul homme la réforme des retraites proposée par le gouvernement. C'est ce que pensait la majorité, qui avait tout fait en ce sens, notamment en proposant de repousser l'âge légal de départ à 64 ans et non 65, ou d'élargir à tous les retraités la pension minimale. Mais force est de constater que ces dernières semaines, Les Républicains ne sont plus si enclins à aider l'exécutif à faire adopter son projet de loi. Ils se divisent et se déchirent, jusqu'à menacer le parti d'éclatement. 

La fronde est venue du numéro 2 du parti Aurélien Pradié, et se poursuit parce que le député du Lot ne se résout pas à voter le texte malgré les concessions de dernières minutes accordées par la Première ministre sur les carrières longues. Alors, ce mercredi sur France Inter, le président du Sénat Gérard Larcher lui a lancé un ultimatum et l'a exhorté à voter le texte "s'il se sent vraiment de notre famille politique". L'avenir de la droite "se joue", a également averti sur RTL le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau. "Je pense que l'on peut mourir de nos contradictions", a-t-il ajouté, posant également la question de son maintien dans l'équipe dirigeante du parti en cas de refus de voter la réforme.

L'opposition à tout prix à Emmanuel Macron

Déjà mardi, le patron des députés LR Olivier Marleix avait rappelé qu'Aurélien Pradié avait "pris un engagement" lors de la réunion hebdomadaire des députés LR de "voter le texte" si le gouvernement "fait rentrer les gens qui ont commencé avant 21 ans et qu'on limite" la durée de cotisation du dispositif des carrières longues "à 43 années". Le nouveau patron du parti Eric Ciotti, lui aussi prêt à voter le texte, est également bien embarrassé avec son numéro 2, qui semble prêt à tout pour lui mettre des bâtons dans les roues, en plus de jouer à fond l'opposition à Emmanuel Macron. 

Preuve que la majorité ne peut pas s'appuyer avec certitudes sur le camp LR : l'article introductif de la réforme a été adopté de justesse mardi, une vingtaine de députés LR ayant voté contre. Ce sont les mêmes qui ont voté pour la motion référendaire du Rassemblement national lundi. Et en observant bien, ce sont des élus issus de circonscriptions rurales et populaires. Car ce qui se rejoue dans cette scission, c'est aussi la défense de la droite sociale et la conquête de l'électorat populaire délaissé par Emmanuel Macron.

Reconquérir l'électorat populaire

C'est la ligne défendue par Aurélien Pradié - "La droite ne se reconstruira pas si elle ne montre pas un acte de résistance ferme à la Macronie. Il faut aller reconquérir les électeurs populaires avant de récupérer les électeurs modérés. C'est un choix vital", affirme-t-il - mais aussi par le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, lui aussi défavorable au texte. "Ce sont les LR qui peuvent faire plier le gouvernement qui ne veut pas entendre le message des Français qui manifestent", continue-t-il de marteler. 

Ces derniers s'appuient également sur les sondages pour se conforter dans leurs positions. Selon les deux dernières études en date sur la réforme des retraites, 42% (Toluna Harris Interactive publié le lundi 6 février) et 47% (Ifop publié dimanche 5 février) des sympathisants Les Républicains sont défavorables à la réforme des retraites. 


Justine FAURE

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