La bataille des retraites

Olivier Dussopt, l'ancien socialiste devenu le bouc-émissaire de la Nupes

Publié le 10 février 2023 à 13h59
JT Perso

Source : TF1 Info

En première ligne pour défendre la réforme des retraites, Olivier Dussopt est devenu, de fait, la cible préférée des députés de la Nupes qui s'opposent au texte.
Photos partagées sur les réseaux sociaux ou invectives dans l'hémicycle, le ministre du Travail est le bouc-émissaire idéal pour ses anciens compagnons de gauche.

C'est ce qui s'appelle être en première ligne. Chargé de défendre la réforme des retraites du gouvernement, le ministre du Travail Olivier Dussopt cristallise toutes les critiques et attaques de l'opposition, fortement opposée au texte qui prévoit de repousser l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Ces derniers jours, les membres de la Nupes multiplient les déclarations assassines ou les photos le mettant en scène.

Jeudi, le député LFI Thomas Portes a fait polémique pour avoir posté une photo de lui le pied sur un ballon à l'effigie du ministre du Travail. "M. le ministre Olivier Dussopt, retirez votre réforme des retraites", demande-t-il dans le texte de ce tweet, souriant, ceint de son écharpe tricolore. Cette image a suscité de nombreuses réactions indignées dans la majorité, mais aussi au RN et au sein de la Nupes. Le ministre lui-même y a réagi ce vendredi dans l'hémicycle. Alors qu'il avait la parole, à un député LFI qui l'invectivait, il a hurlé : "Vous voulez ma tête, comme votre collègue ? C'est ça que vous voulez ? Vous voulez continuer dans la violence ? Vous voulez continuer dans la stigmatisation ? Vous aussi, vous voulez poser avec ma tête coupée ?" Un signe d'exaspération, que le combat est lourd à porter et la coupe pleine ? 

Fragilisé par des soupçons de favoritisme

Car ces derniers jours, il n'a pas été épargné par l'alliance de gauche. Mercredi, le député LFI Hadrien Clouet publiait sur Twitter une photo peu flatteuse pour le ministre, mais qui avait fait moins parler que celle de Thomas Portes. Assis à son bureau face à une flûte, il écrivait : "Très bel échange avec ce pipeau, en charge des éléments de langage d'Olivier Dussopt"

Mardi, lors des questions au gouvernement, il avait été la cible principale des parlementaires de la Nupes, qui à plusieurs reprises étaient revenus sur le soupçon de favoritisme le visant à propos d'un marché public conclu à la fin des années 2000 avec le groupe de traitement de l'eau Saur, alors qu'il était maire d'Annonay (Ardèche). "Vous faites du favoritisme pour les riches", lui avait lancé François Ruffin (LFI), "qui peut croire qu'il agit pour l'intérêt général et pas pour sa carrière d'exécuteur des basses œuvres ?", avait questionné Aurélien Saintoul (LFI). Il avait recueilli le soutien de la Première ministre dans l'hémicycle, et celui du président de la République le lendemain en Conseil des ministres. 

Un ancien socialiste qui a "retourné sa veste"

Si Olivier Dussopt cristallise autant les attaques de la part de la gauche, c'est aussi parce qu'il vient de leurs rangs. Facile alors de le lui rappeler, et de le faire passer pour un traître. Les "vendu Dussopt" régulièrement criés à l'Assemblée nationale peuvent faire référence à ses démêlés avec la justice, mais également à sa conversion au macronisme. C'est sur ce point qu'a insisté, toujours mardi, le député socialiste des Pyrénées-Atlantiques Iñaki Echaniz. Il a choisi de piéger le ministre en lisant et posant une question qu'il avait lui-même posée il y a 10 ans à Eric Woerth, ministre en charge des retraites pour Nicolas Sarkozy, alors qu'il était député socialiste. La question portait notamment sur le "simulacre" de concertation avec les syndicats. Olivier Dussopt n'a pas saisi la supercherie et a donc répondu sérieusement au député, listant les "avancées" de sa réforme pour les carrières longues, le compte professionnel de prévention ou la retraite minimum. 

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"Je vous remercie la main sur le cœur pour avoir répondu à la question que vous aviez vous-même posée le 4 mai 2010", a rétorqué le député des Pyrénées-Atlantiques. "Vous avez retourné votre veste pour devenir ministre de la casse sociale et de l'impôt sur la vie", a-t-il rétorqué, avant que la séance ne soit largement diffusée sur les réseaux sociaux et très largement reprise. La première d'une longue série.


Justine FAURE

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