La bataille des retraites

Réforme des retraites : Aurélien Pradié, trouble-fête en chef des Républicains

Publié le 6 février 2023 à 18h21
JT Perso

Source : JT 20h WE

Si les dirigeants LR se disent satisfaits des propositions d'Élisabeth Borne en faveur des carrières longues, ce n'est pas le cas d'Aurélien Pradié.
Le député du Lot met un point d'honneur à pousser toujours plus loin ses demandes au gouvernement pour faire évoluer le texte de la réforme des retraites.
Quitte à agacer au sein de son camp.

Aurélien Pradié n'a pas l'intention de céder. Si Élisabeth Borne a tendu la main aux Républicains et leur a apporté des garanties sur les carrières longues en annonçant dimanche que les personnes ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans pourront partir à la retraite à 63 ans, ce n'est pas suffisant pour le député du Lot. Il a dénoncé une "tromperie" et demande d'aller plus loin pour ceux ayant commencé à cotiser tôt. 

Quand la majorité des membres des Républicains se sont dits satisfaits, à commencer par le chef des députés LR Olivier Marleix et le président du parti Éric Ciotti, Aurélien Pradié souhaite que la mesure soit accessible à tous ceux qui ont cotisé un trimestre avant 21 ans, contre cinq dans la réforme actuelle. "Élisabeth Borne ne devrait pas se moquer de nous. Comment un travailleur qui débute à 20 ans pourrait valider 5 trimestres avant ses 21 ans comme l’impose le dispositif carrière longue ?", a-t-il questionné sur Twitter. "Notre amendement n’est pas édulcorable", a-t-il rappelé. 

Jugeant la réforme des retraites "injuste", et l'âge légal de départ à 64 ans "un totem qui n'a pas lieu d'être", il a toujours conditionné son vote final à l'adoption "à la virgule près" de l'amendement LR prévoyant une dérogation aux 64 ans pour les salariés ayant commencé à travailler avant 21 ans.

Un jusqu'au-boutisme qui agace

Mais pour beaucoup au sein des Républicains, cette posture et ce jusqu'au-boutisme ne sont plus entendables. Il en sera d'ailleurs question ce lundi soir, puisque, suite aux réactions d'Aurélien Pradié et de ses proches, les dirigeants du parti ont décidé de réunir ses membres. Objectif, faire un point sur la réforme des retraites, qui a fait son arrivée dans l'hémicycle ce lundi. Dans les colonnes du Figaro, Olivier Marleix avait déjà tapé du poing sur la table, assurant qu'il était "hors de question" d'intégrer dans le dispositif carrières longues quelqu'un qui "aurait effectué un job d'été durant trois mois"

Les prises de position de l'ancien candidat à la présidence des Républicains font grincer beaucoup de dents. "Quand les choses semblent se décongestionner et quand le gouvernement entend nos demandes, à un moment, il ne faut pas ajouter des conditions aux conditions qui font qu'elles deviennent insurmontables", déplorait auprès de Politico un député LR, selon qui le comportement d'Aurélien Pradié met le groupe "en difficulté". "Ciotti et Marleix ont bien négocié, attention au positionnement maximaliste. On est surpris que Pradié fasse monter les enchères", a confié un membre de la direction LR au Parisien

Gêner Éric Ciotti ?

Certains estiment qu'Aurélien Pradié cherche à gêner le nouveau président du parti Éric Ciotti, que le député défenseur d'une ligne sociale joue à fond l'opposition à Emmanuel Macron, ou encore qu'il suit une stratégie plus personnelle. "Dans ce qu'il propose, je ne vois pas de solution pour la droite", jugeait le premier secrétaire général délégué des LR Othman Nasrou à l'AFP la semaine dernière. "Aurélien fait monter les enchères avec une stratégie un peu personnelle derrière. Ce sont plus des postures médiatiques que de vraies convictions politiques", relevait un autre élu sous couvert d'anonymat.

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Au cours de la campagne pour la présidence du parti, Aurélien Pradié se disait contre un recul de l'âge légal de départ, plaidant pour une réforme "basée sur les annuités". "C'est en fonction du nombre d'années travaillées que nous devons calculer notre départ à la retraite", expliquait-il. Dans le passé, il s'était pourtant prononcé pour un départ à 64 ans. "Ma génération ne se demande pas quand elle partira à la retraite, mais si elle en bénéficiera encore", écrivait-il sur Twitter en décembre 2019. "Notre espérance de vie augmente. Chacun peut comprendre que nous devrons travailler davantage. 64 ans est un cap responsable et raisonnable. Pour assurer un avenir aux retraites."


Justine FAURE

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