L'INTERVIEW POLITIQUE - L'ancien président de la République était l'invité d'Elizabeth Martichoux dans La Matinale de LCI ce jeudi 20 février. L'occasion pour François Hollande de revenir sur les principaux thèmes de l'actualité, de la réforme des retraites à l'affaire Griveaux.
Fort du succès des ventes de son ouvrage confidence "Les Leçons du pouvoir", François Hollande se lance désormais dans la bande-dessinée. Accompagné de l’illustratrice Laure Monloubou, l'ancien président a signé les textes de cet album intitulé 'Leur République expliquée aux jeunes et aux moins jeunes'. "Je me suis adressé aux jeunes, non pour leur faire une leçon de morale, mais pour expliquer d’où vient la République, comment elle s’est bâtie, qu’elles sont ses valeurs (…) quelles sont les responsabilités de celles et ceux qui représentent le pays", a expliqué l'ex-locataire de l'Elysée, invité de LCI ce jeudi matin.
L'occasion pour lui de revenir sur de nombreux sujets d'actualité, à l'instar de la réforme des retraites, face à laquelle il s'est montré très critiques.
"Cette réforme est largement précipitée et improvisée"
François Hollande a notamment émis de sérieux doute sur le bien-fondé du texte et le déroulement des débats. "Cette réforme est largement précipitée et improvisée", a-t-il déploré, dénonçant l’absence de discussions préalables sur ce sujet. "Les partenaires sociaux n’avaient même pas le texte."
"Tout ça me parait mal conçu et mal préparé, avec un risque que cela ne se termine pas forcément bien. (...) Est-ce qu’il fallait tout changer en mettant le système par point et l’universalité ? Non ! (...) Il y avait sans doute une réforme pas aussi brutale à mettre en place. (...) Il y a un défaut de conception, de construction et d’information. Aujourd’hui, les Français ne savent pas quelle sera la valeur du point et la retraite dont ils pourront disposer."
Concernant le dépôt des amendements, que certains qualifient d'obstruction parlementaire, François Hollande dit ne pas être choqué. "C’est une pratique qui existe depuis que le Parlement existe", a-t-il souligné, rappelant qu'au moment des débats sur le mariage pour tous, "la droite s'est lancée dans une opération de ralentissement." Et d'appuyer : "Je crois qu'on doit laisser du temps au débat et c’est d'ailleurs le meilleur moyen de lever les obstructions. (...) Il n’y a pas une urgence particulière. Qu’on laisse le parlement aller au bout du débat."
"La France a toujours eu ce sentiment impétueux"
Interrogé par Elizabeth Martichoux sur le climat tendu que traverse le pays depuis plus d'un an, François Hollande a fait valoir que "la France [avait] toujours eu ce sentiment impétueux". "Dans une démocratie on doit accepter la confrontation et l’opposition, mais il y a des formules qu’il convient de respecter. Empêcher une réunion ou brûler des livres comme cela s’est produit dans une université, cela renvoie à un passé extrêmement trouble, les autodafés."
"Il y a une violence qui se justifie et se légitimise : 'je suis violent parce que je ne suis pas entendu'. Il faut y répondre, en montrant que la démocratie permet aux citoyens d'être entendus. On n’a pas le droit à la violence. Elle ne fait pas partie du pacte républicain. (...) Il n’y a pas de violence légitime."
"Une religion ne peut pas imposer ses pratiques"
Interpellé par Anhalia, jeune fille de 11 ans sur la menace que pourrait faire peser le port du voile sur la laïcité, François Hollande considère que cela dépend du lieu. "Une femme peut parfaitement porter un voile dans la rue, dès lors qu’elle ne cache pas son visage, ainsi que dans certains lieux de travail. Mais dans les établissements scolaires et dans les services publics, le voile n’a pas sa place." François Hollande a en outre estimé qu'"une religion ne peut pas imposer ses pratiques à d’autres ou faire un prosélytisme là où ça n’a pas sa place. (...) Imagine-t-on un enseignant venir avec un signe religieux en classe ?"
François Hollande est également revenu sur le plan de lutte contre "le séparatisme islamiste" proposé par Emmanuel Macron lors de son déplacement à Mulhouse le lundi 17 février. Concernant notamment la formation des imams, l'ancien président assure que durant son mandat il y avait "un total contrôle". "Il faut former des imams en France, des imams de France et éviter toute tentative de manipulation venant de l’étranger."
"Il y a une règle à respecter : on n’attaque pas la vie privée"
"La démocratie, c’est la confrontation des points de vue, le libre débat, parfois une manifestation ou même le refus d’aller voter. Mais il y a une règle à respecter : on n’attaque pas la vie privée, on ne rentre pas dans la vie privée car elle fait partie de l’intime et de la liberté."
Quand Elizabeth Martichoux lui demande si, avec le poids des réseaux sociaux, le combat n'est perdu d'avance, François Hollande répond que cela dépendra "de ceux qui se livrent au combat politique et à des moyens indécents. Ça dépend de la presse qui répercute ou non ces informations sur la vie privée. (…) Je pense que les citoyens refusent tout ça. S'il vaut mieux éviter les exhibitionnistes mais il vaut mieux éviter les voyeurs."
Un nouveau mandat en 2022 ? "Pas d'obsession maladive"
La question lui a été posée par Travis, enfant de 9 ans. "Est-ce que ça vous dirait de redevenir président et avant tout est-ce que vous en avez envie ?" Amusé par la question, François Hollande répond. "Je l'ai été, je n'ai donc pas une ambition qui ne serait pas assouvie.
"C'est déjà tellement important d'être parvenu à être président de la République. Il y a combien d'autres personnes qui auraient voulu l'être. Je n'ai pas d'obsession maladive qui consiste à se demander ce qu'on fait de sa vie lorsqu'on ne l'est plus."
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