Réforme des retraites : la gauche sénatoriale veut se montrer force de "proposition" en même temps que "d'opposition"

Publié le 27 février 2023 à 16h53

Source : TF1 Info

Le projet de loi réformant les retraites arrive au Sénat ce mardi 28 février, et dans l'hémicycle le 2 mars.
L'occasion pour les sénateurs de gauche de se démarquer de leurs collègues de l'Assemblée nationale.
"Nous voulons montrer que nous pouvons être un groupe d'opposition, mais d'abord de proposition", a expliqué à TF1info le chef du groupe écologiste Guillaume Gontard.

Après le bruit et les altercations musclées de l'Assemblée nationale, le temps du calme et de la mesure est-il venu ? C'est ce que promettent les sénateurs, qui se pencheront à leur tour sur le projet de loi réformant les retraites à partir de ce mardi 28 février. En tout cas, l'opposition de gauche ne souhaite pas imiter ses collègues du palais Bourbon, comme l'a expliqué Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat, à TF1info.

À l'Assemblée nationale, la Nupes et sa dizaine de milliers d'amendements a monopolisé la parole et fait patiner les débats, les députés n'allant même pas jusqu'au vote de l'article 3 (sur 20) du texte. Ses députés ont également été à l'origine de nombreux dérapages, Thomas Portes se faisant exclure pour avoir posté une photo de lui le pied sur un ballon à l'effigie du ministre du Travail Olivier Dussopt, et Aurélien Saintoul traitant ce dernier d'"assassin". Le Sénat veut prendre le chemin inverse. Dans une chambre dominée par la droite où aucun Insoumis n'est élu, les trois groupes de gauche se sont mis d'accord pour accorder leurs violons et aller aussi loin que possible dans les articles du projet de loi, affichant notamment leur volonté de discuter du numéro 7, article clé prévoyant le report de l'âge légal de 62 à 64 ans. 

Avec le chef du groupe socialiste Patrick Kanner et la présidente du groupe communiste Eliane Assassi, vous avez discuté d'une stratégie commune, quelle est-elle ?  

Guillaume Gontard : Elle est simple : faire un travail de parlementaire. Nous déposerons entre 2000 et 3000 amendements pour les trois groupes au Sénat. À travers eux, nous voulons montrer qu'il y a d'autres voies que le chemin que veulent nous faire emprunter le gouvernement et Les Républicains, pour financer les retraites ou améliorer l'égalité femmes-hommes absente du texte. Nous présenterons aussi une motion référendaire, par la voix du Parti socialiste mais commune aux trois groupes. En fait, à travers nos amendements et notre participation au débat parlementaire, nous voulons montrer que nous pouvons être un groupe d'opposition, mais d'abord de proposition. 

Je pense que nous irons jusqu'à l'article 7."
Guillaume Gontard

Si on lit entre les lignes, vous voulez vous démarquer de vos collègues députés.

Le Sénat a une manière différente de fonctionner, les modalités de débat ne sont pas forcément comparables. C'est tout l'intérêt d'avoir deux chambres, l'une est peut-être plus médiatique, l'autre travaille plus sur le fond. Le débat au Sénat sera utile, et certainement intéressant à regarder pour montrer que nous avons des idées, que nous savons nous opposer et qu'un autre chemin est possible. Mais au final, la responsabilité revient majoritairement au gouvernement, qui via l'article 47.1 contraint le débat. Nous voulons aller plus loin qu'à l'Assemblée nationale, aller jusqu'à l'article 7, et je pense que nous y arriverons, mais si au bout de 15 jours nous tirons la conclusion que les débats n'ont pas été satisfaisants, ce sera de la responsabilité du gouvernement.

La semaine dernière, La France insoumise vous a appelés à "empêcher" l'adoption de la réforme au Sénat. Qu'en avez-vous pensé ?

C'était maladroit de la part de LFI de faire un communiqué pour nous expliquer comment faire alors que cela fait longtemps que nous travaillons sur la réforme des retraites au sein de la Nupes. Avant même que le texte arrive à l'Assemblée nationale, nous avons mis en place une stratégie commune, nous avons continué à travailler avec la particularité du Sénat. Nous devons poursuivre ce travail, chacun à notre place, les syndicats, les citoyens dans la rue et les parlementaires. 


Justine FAURE

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