Ce lundi 28 octobre, Emmanuel Macron répondait aux questions des journalistes de RTL. Le chef de l'Etat a annoncé qu'il irait au bout de la réforme des retraites, qu'il allait rencontrer les représentants français du culte musulman et évoque les difficultés de l'hôpital public.
Sa parole était attendu sur les nombreux sujets qui agitent la société française. Réforme des retraites, laïcité, hôpital public et même sa méthode : Emmanuel Macron a répondu à nos confrères de RTL, dans l'avion du retour des son déplacement officiel dans l'océan Indien, à Mayotte et l'Île de la Réunion. Il y détaille notamment son changement de méthode, affirmant "être un autre homme", qui "a appris".
"Je suis pas un autre homme, j’ai appris. J'ai appris que, dans plusieurs situations, je n'avais pas réussi à me faire comprendre. Qu’à vouloir faire bouger les choses, j’avais blessé des gens et je voulais changer le pays contre les français eux même. J’ai compris, pris sur moi. Ce qui est important (…) c’est de faire partager pourquoi on en a besoin, quelles places ont les français dans la transformation. Ça passe par plus de présence sur le terrain, plus d’humanité, de respect. J’ai beaucoup appris. Mon niveau d’ambition est redoublé (…) Il en va de la cohésion de la nation", a-t-il assuré.
"Aucune forme de faiblesse" sur les retraites
Emmanuel Macron s'est exprimé sur la réforme des retraites à venir. Un texte qui "angoisse et c’est normal", souligne-t-il, assurant cependant qu'il n'aura "aucune forme de faiblesse ou de complaisance" face à la mobilisation, même si cela devait le rendre "impopulaire". Le chef de l'Etat estime en tout cas que cette réforme, à l'origine d'une grève illimitée le 5 décembre prochain, vaut de prendre le risque que le pays se bloque pendant des semaines "parce qu'elle est très différente".
"Ce qu'il faut gérer, c'est l'angoisse des gens", fait-il valoir. "Je ne ferai pas une réforme qui nie les droits acquis d'individus (...)", promet-il. "Elle va permettre de corriger des inégalités que vous critiquez depuis des décennies et qu'on avait jamais eu le courage de traiter."
"Je veux aller au bout de cette réforme, je pense qu'elle est nécessaire pour le pays donc je la défendrai. Peut-être ça me rendra impopulaire, peut-être que des gens diront 'c'est insupportable, tout ça pour ça'. Je ferai tout pour qu'il n'y ait pas ces blocages, je ferai tout pour qu'on soit en soutien de nos compatriotes qui seraient bloqués, mais je n'aurai aucune forme de faiblesse ou de complaisance."
La situation de l'hôpital le "préoccupe beaucoup"
Touchées par un mouvement de grève depuis huit mois, les urgences sont l'une des principales préoccupations d'Emmanuel Macron, affirme-t-il. "Il va falloir qu'on remette des moyens, parce qu'il faut qu'on réponde à la souffrance des personnels de santé", dit-il. Son idée ? "Rebâtir notre système de santé du XXIe siècle, en décloisonnant l'hôpital, la médecine de ville, en changeant la manière de tarifer, en faisant plus de prévention et moins de soins", explique-t-il.
En ligne de mire, une "stratégie va mettre dix ans à se mettre en place. Nous payons les mauvaises réformes d'il y a dix ou quinze ans (. ..) On va devoir remettre des moyens pour répondre à la souffrance des personnels de santé (...) On arrive au bout d'un système qui tirait sur la corde depuis 10 ou 15 ans, et ça claque maintenant."
"Ce qui me bouleverse ce sont les infirmiers, les aides soignants, les médecins qui souffrent au travail. Ce cas est emblématique de ce que l'on vit (...) Il faut une réponse d'urgence qui permettra de répondre aux urgences tout de suite."
Laïcité : des annonces ces "prochaines semaines"
Si le divise, même au sein de LaRem, Emmanuel Macron a donné son point de vue sur la laïcité, débat qui agite, une fois encore, la société française. Estimant qu'on lui "demande pas de s'exprimer sur la laïcité mais sur l'islam", il dit ne pas vouloir "céder à la précipitation ou aux injonctions de parole dans ces moments". Et d'ajouter : "Parce que je serais moi-même complice d’une espèce de confusion collective."
"Notre sujet aujourd’hui c’est d’identifier les personnes qui sont radicalisées", poursuit le chef de l'Etat. "Il y a une deuxième lutte essentielle que je ne confonds pas avec la première, qui est la lutte contre le communautarisme." Et de rappeler qu'il va s'entretenir ce lundi 28 octobre avec "les représentants français du culte musulman". "Je vais continuer ce travail mais il doit d'abord se faire à bas bruit parce qu'on a souvent échoué. Et je prendrai des mesures et je ferai des annonces ensuite dans les semaines qui suivent."
Selon lui, "il y a une (...) lutte contre le communautarisme. Le fait que dans certains quartiers de la République, dans certains endroits de notre République il y a un séparatisme qui s’est installé, c’est à dire la volonté de ne plus vivre ensemble, de ne plus être dans la République, et au nom d’une religion, l’islam, en la dévoyant, de dire : 'Je crois en un islam politique et donc nous allons vivre selon ses règles qui ne sont pas celles de la République'".