Le gouvernement souhaite aller vite pour faire passer sa réforme des retraites, imaginant même l'hypothèse de l'intégrer dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale via un amendement.Mais face aux protestations de l'opposition et d'une partie de la majorité, il semblerait que cette option ne tienne plus la corde.
Officiellement, rien n’est acté. Quel outil le gouvernement choisira-t-il pour faire passer sa réforme des retraites ? Un projet de loi à part entière ou un amendement intégré au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) qui arrivera bientôt au Parlement ? Si la seconde hypothèse a longtemps été mise en avant et soutenue par la majorité, elle semble aujourd’hui battre de l’aile face aux procès en "passage en force" qui s’abattraient sur l’exécutif, à l’heure où il vante la concertation avec les oppositions et les syndicats.
Elisabeth Borne et Emmanuel Macron déjeunaient ensemble ce vendredi 23 septembre, et la Première ministre a très certainement fait part de son avis au président de la République. La semaine dernière, lors d’une rencontre avec des journalistes, il avait assuré que ce serait à Matignon d’avoir le dernier mot à ce sujet. Il a rappelé jeudi au cours d'une interview à BFMTV que c'était au gouvernement de "trouver la bonne manœuvre" avec le Parlement. Et selon plusieurs médias, la cheffe du gouvernement qui a consulté tous les présidents de groupe de l’Assemblée nationale et du Sénat ces derniers jours, devait plaider contre un passage en force via le PLFSS.
Le MoDem prêt à lâcher ses alliés
La Première ministre ne souhaite pas prendre le risque de braquer toutes les oppositions et une part importante de sa majorité au moment de discuter et de voter un texte aussi important. Car ces derniers jours, des voix se sont élevées dans les rangs mêmes du camp présidentiel pour alerter sur une telle méthode. François Bayrou a été le premier à mettre en garde contre un "passage en force", surtout s'il s'accompagne d'un recours au 49.3 pour le faire adopter. "Si on se lance dans cette voie-là, alors nous sommes certains de coaliser d’abord les oppositions entre elles, puis de diviser la société française", avait averti le président du Modem, en appelant à prendre "le temps de la pédagogie". Dans la foulée, le patron du groupe centriste à l'Assemblée nationale Jean-Paul Mattei avait annoncé mardi que les députés MoDem voteraient "certainement" contre une réforme des retraites par amendement au projet de budget de la Sécu.
Puis jeudi, une autre personnalité de la majorité, la présidente (Renaissance) de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet avait, elle aussi, indiqué qu'elle préférait l'emploi d'une autre méthode. "Les amendements du gouvernement ne doivent pas porter en eux-mêmes une réforme substantielle", a-t-elle prévenu sur franceinfo, appelant à "prendre le temps de la concertation avec les groupes politiques et avec les partenaires sociaux (...) pour une réforme globale qui doit paraître équitable à nos concitoyens". "C'est la nouvelle méthode à laquelle j'ai appelé le gouvernement et à laquelle la Première ministre au mois de juillet a répondu favorablement", avec "plus de concertation en amont des textes pour réussir à construire des compromis", a-t-elle rappelé.
Schiappa aussi veut "prendre le temps de la discussion"
Ce vendredi sur LCI, la secrétaire d'État à l'économie sociale et solidaire Marlène Schiappa a, elle aussi, plaidé pour prendre le temps de la concertation. "Je n’ai entendu personne au gouvernement dire, je veux aller vite et braquer tout le monde", "il faut entendre tout le monde, prendre le temps de la discussion, entendre nos partenaires dans la majorité mais trouver aussi les voies et moyens d’aller de manière efficace transformer le pays".
🔴🗣️ Réforme des #retraites : "Il faut écouter tout le monde, voir comment on trouve des solutions ensemble". @MarleneSchiappa affirme auprès d' @agindre n'avoir "entendu personne au gouvernement dire 'Je veux aller vite et braquer tout le monde'" | #LesMatinsLCI . pic.twitter.com/xCKGenH7iD — LCI (@LCI) September 23, 2022
Les projets de loi de budget 2023, notamment le PLFSS, doivent être examinés lundi en Conseil des ministres.