Réforme des retraites : syndicats et opposition pointent un risque d'"explosion sociale"

Publié le 2 décembre 2020 à 13h20, mis à jour le 2 décembre 2020 à 16h57
Réforme des retraites : syndicats et opposition pointent un risque d'"explosion sociale"
Source : AFP

RÉFORMES - En confirmant qu'il n'abandonnait pas le projet de mettre en œuvre la réforme des retraites d'ici la fin du quinquennat, le ministre de l'Economie a suscité une vague de réactions indignées dans l'opposition et parmi les partenaires sociaux.

Bruno Le Maire n'a pas les mêmes priorités que l'opposition, les partenaires sociaux (et même une partie de sa majorité). En 

présentant dimanche la réforme des retraites comme la "priorité absolue" des "réformes structurelles" à conduire pour résorber la dette, le ministre de l'Économie a provoqué de nombreuses réactions indignées. Même s'il a fait marche arrière ce mardi soir sur LCI en précisant que la réforme des retraites était la "priorité absolue des réformes le jour où nous engagerons les réformes", le mal était fait. 

La critique la plus acerbe est venue du secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, favorable à un système par points, mais qui ne veut pas entendre parler de réforme financière. "La question des retraites est complétement inappropriée aujourd'hui", a-t-il estimé mardi matin sur Europe 1. "Je crois qu'on a suffisamment de conflictualité, suffisamment de tensions pour ne pas s'en rajouter en remettant la question des retraites sur la table", a-t-il estimé. Selon lui, "d'ici la présidentielle, il n'y a pas de possibilités. Sauf à vouloir une explosion sociale."

Lundi sur LCI, le patron de FO Yves Veyrier avait déclaré : "Si ce projet devait revenir à l’ordre du jour, il redonnerait lieu à un conflit social. Il faut qu’à un moment donné la sagesse, la raison l’emportent et que le président de la République, le gouvernement considèrent qu’effectivement la situation créée par la crise sanitaire (...) les amènent à mettre définitivement de côté ce projet".

Le patron des députés LR, Damien Abad, n'y croit pas non plus avant la présidentielle de 2022. "La réforme des retraites est mort-née car ceux qui l'ont portée sont démonétisés", et "il y a trop de tension sociale". Sur LCI ce mercredi, le vice-président des Républicains Guillaume Peltier a estimé qu'il faudrait faire cette réforme mais "uniquement lorsque la question de la crise économique que nous rencontrons sera réglée. Si c'est fin 2021 tant mieux, si c'est 2022 il faudra attendre".

Pour la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, rien ne "peut sérieusement (la) justifier", hormis le fait, à ses yeux, que la Commission européenne l'exige "en contrepartie du plan de relance".

"Ça serait une provocation"

Le communiste Pierre Dharréville juge qu'il "serait profondément indécent de revenir à cette réforme de régression sociale" qui avait engendré plusieurs journées de grèves et de manifestations l'hiver dernier. La députée PCF Elsa Faucillon abonde : "remettre sur la table aujourd’hui la réforme des retraites, ça serait une provocation. On se souvient combien elle a été rejetée par une franche et large opposition il y a quelques mois dans le pays. Il n’est pas pensable aujourd'hui vu le niveau de tension et d’inquiétudes dans le pays, de remettre cette réforme sur la table."

Pour le socialiste Boris Vallaud, "Bruno Le Maire serait bien inspiré d'en parler avec tous ses collègues", en référence aux discordances au sein du gouvernement sur ce sujet.

En effet, même au sein de la majorité, la volonté de Bruno Le Maire ne fait pas l'unanimité. "Dans le contexte actuel où tout le monde est un peu à fleur de peau, il faut éviter de mettre des sujets comme cela sur la table", a dit à l'AFP un membre du gouvernement, qui réclame "plus de temps" avant une reprise des discussions avec les partenaires sociaux envisagée d'ici la fin de l'année.

Pour le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Marc Fesneau, angler la réforme "sur la question budgétaire ne (lui) paraît à ce stade pas la question". Quant à la ministre du Travail, Elisabeth Borne, elle estime que "la priorité absolue, c'est de sortir la crise sanitaire économique, sociale, de protéger les emplois". Lors d'un déjeuner qui s'est tenu ce mercredi à l'Elysée en présence des présidents des groupes au Sénat, le président de la République aurait lui aussi estimé que la priorité était au traitement de la crise sanitaire et économique.


La rédaction de TF1info

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