ANALYSE - L'abstention record du premier tour des élections régionales s'est confirmée, dimanche 27 juin, où la participation n'est qu'en très légère hausse. Comment l'expliquer ?
Le sursaut n’a pas eu lieu. Les Français n’ont pas été beaucoup plus nombreux que dimanche dernier à aller voter, pour le second tour des élections régionales. A 17h, 27,89% des électeurs s’étaient rendus aux urnes, contre 26,72% dimanche 20 juin. Selon les estimations Ifop Fiducial pour TF1 et LCI, l'abstention devrait atteindre 65,8%, soit à peine moins qu'au premier tour (66,72%). Malgré les appels au vote de personnalités politiques de tous bords, le scrutin a de nouveau été boudé.
"Il n’y a pas eu de prise de conscience, cette élection a été escamotée dès dimanche par plus de 31 millions de Français", a analysé Frédéric Dabi (Ifop) sur LCI. Parmi les explications à cette abstention confirmée, le directeur général de l'Ifop liste le fait que les Français jugent le vote inutile, pensent déjà à l'été et profitent de la sortie de la crise sanitaire. Il pense également que sa présentation comme une "pré-campagne présidentielle" a fait que "cette élection n’a jamais trouvé sa place alors même que le fait régional a été plébiscité par les Français pendant la crise".
Dans le passé, "un des moteurs de la mobilisation, c’était l’envie de se payer le pouvoir. [...] Là, quand on veut sanctionner Macron, par ailleurs plutôt populaire, il faut voter pour qui ?", a également interrogé Frédéric Dabi. L'abstention a clairement joué en faveur des présidents sortants, issus des partis traditionnels LR et PS.
Un petit sursaut en PACA
Des treize régions métropolitaines, seule la Provence-Alpes-Côte-d’Azur enregistre un petit sursaut, avec 32,95% de participation à 17h. Est-ce parce qu'il s'agissait également de la seule à connaître un duel qui s'annonce serré, entre les ex-frères ennemis Thierry Mariani (ex-LR devenu RN) et Renaud Muselier (LR) ? "C’est la seule région où il y a un duel, et un duel, c’est facile", a confirmé Frédéric Dabi sur LCI.
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Dans les régions où les présidents sortants étaient peu inquiétés, est-ce le manque d'enjeu qui a poussé les électeurs à rester chez eux ? C'est ce qui pourrait expliquer les faibles taux de participation dans le Grand Est, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Ile-de-France. En revanche, malgré les faibles enjeux la participation a été plus importante en Bretagne, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Mais la façade atlantique vote traditionnellement plus que le reste de la France métropolitaine.
Seule la Corse enregistre de forts taux de participation (48,61% à 17h), mais le scrutin est un peu différent sur l'île de Beauté. Il s'agit d'élections territoriales destinées à renouveler les membres de l'assemblée de la collectivité territoriale unique de Corse. Et sur ce territoire également, la participation est toujours plus élevée qu'ailleurs.