Bernard Cazeneuve à Beauvau : 32 mois de crise aigüe

Alexandra Guillet et William Molinié
Publié le 6 décembre 2016 à 10h06, mis à jour le 6 décembre 2016 à 22h00
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Source : Sujet JT LCI

REMANIEMENT – Bernard Cazeneuve part à Matignon. Il laisse derrière lui un ministère usé mais debout. Jamais un ministre de l’Intérieur n’avait eu à traverser une période aussi troublée.

On peut être d’accord ou pas avec son bilan. Mais tous les policiers et connaisseurs de la Place Beauvau sont unanimes sur le constat : Bernard Cazeneuve a dû affronter des crises d’une intensité qu’aucun de ses prédécesseurs n’a jamais connue. En 32 mois d’exercice, ce fidèle parmi les fidèles du président de la République a fait face à sept crises terroristes majeures faisant 238 morts. Charlie Hebdo, les attentats du 13-Novembre, l’attaque au camion à Nice… Et c’est sans compter plusieurs dizaines d’attentats déjoués ou de projets d’attaques avortés.

"Cette crise est la plus aigüe depuis la seconde guerre mondiale. En plus, il a dû gérer la problématique de l’immigration, les manifestations Loi Travail. Tout en garantissant un niveau de libertés et organiser deux événements majeurs : la Cop 21 et l’Euro 2016", relève une source au sein de l’état-major de la police parisienne.

Bernard Cazeneuve, le Hollandais fidèleSource : Sujet JT LCI
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Un premier flic de France, façon borsalino et Barbour

Pourtant, quand Bernard Cazeneuve est arrivé Place Beauvau en avril 2014, les plus sceptiques émettaient des doutes quant à sa capacité d’incarner la fonction de premier flic de France. "Il venait de Bercy plutôt avec le costume de gestionnaire. Certes besogneux, mais pas vraiment concerné par les problématiques de sécurité", se souvient un autre policier.

Sauf que rapidement, le ministre de l’Intérieur, coiffé de son borsalino couleur taupe et d’un Barbour, fonce sur le terrain à la rencontre des policiers. Un peu à la manière Sarkozy. Il multiplie dès les premières semaines les déplacements dans les commissariats. Sauf que Bernard Cazeneuve, qui n’élève que très rarement la voix, force son auditoire à faire silence et à l’écouter attentivement. "On n’avait jamais vu ça dans la maison. Je suis même certain qu’il a joué là-dessus pour imposer une forme de respect", avance un occupant du ministère de l’Intérieur.

"Comme si Nice n’avait jamais existé"

Côté syndicats, Bernard Cazeneuve laisse une image mi-figue, mi-raisin. "C’est plutôt l’Histoire qui a fait le ministre malgré lui. Qu'elle aurait été l'image de Bernard Cazeneuve sans les attentats ?", s’interroge Philippe Capon, secrétaire général de l’Unsa-Police. Ce dernier reconnaît tout de même qu’il a "beaucoup fait pour la police", notamment en signant un protocole d’avancements en avril dernier.

Affrontant les vagues successives d’attentats, le désormais ex-locataire de la Place Beauvau, a aussi déchaîné les polémiques. Dont l’apogée est sans doute celle survenue au lendemain de l’attentat de Nice. Défendant avec vigueur la police régalienne, accusée de manquements par la police territoriale, Bernard Cazeneuve s’est vivement et très rapidement opposé à Christian Estrosi. "Alors qu’il y avait 80 morts… C’était déplorable", regrette un policier. Un haut fonctionnaire s’indigne de son côté : "Il n’y a pas eu d’après-Nice. Aucune annonce forte, aucun message fort. Il n’a pas réussi à rassembler", cingle-t-il. Avant de conclure : "C’est comme si, en plein cœur de l’été, l’attentat de Nice n’avait jamais existé."


Alexandra Guillet et William Molinié

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