DISCOURS - Devant les présidents d'universités, Emmanuel Macron a dénoncé un enseignement supérieur "à plusieurs vitesses" et assuré "qu'on ne pourra pas rester durablement dans un système où l'enseignement supérieur n'a aucun prix".
Cela ressemble à un programme. Emmanuel Macron, qui n'a pas encore fait part de ses intentions pour l'élection présidentielle qui arrive à grands pas, a esquissé jeudi en clôture du congrès de France Universités ses ambitions pour réformer l'enseignement supérieur.
Après avoir établi un bilan des actions de son gouvernement lors de son mandat, Emmanuel Macron a assuré devant les présidents des universités françaises qu'il fallait "redoubler d'effort pour qu'à l'horizon de 10 ans, notre université soit plus forte" et qu'elle attire "les meilleurs étudiants et talents internationaux".
Un "modèle à plusieurs vitesses" révolu
Le président de la République a alors dénoncé le système de l'enseignement supérieur français basé sur "un modèle à plusieurs vitesses", avec d'un côté les grandes écoles et de l'autre les universités. Mais ce modèle est "révolu" pour Emmanuel Macron qui voit dans les universités les futurs "piliers de l’excellence, le centre de gravité pour la recherche comme pour la formation". "Nous devons lancer une nouvelle politique d'investissement dans l'enseignement supérieur et la recherche pour les 10 ans qui viennent" a-t-il déclaré.
Il a notamment regretté que, malgré l'ouverture de 84.000 places en facultés, "50% des étudiants seulement se présentent aux examens de première année". Le reflet d'un "problème d'orientation et de choix" qui représente "un formidable gâchis" pour le chef d'État. "C'est un gâchis pour toutes celles et ceux qui ont suivi, prodigué les cours pour ces étudiants, c'est un gâchis aussi parce que ça veut dire qu'on a refusé des accès à d'autres étudiants dont c'était parfois le premier choix."
"Une transformation systémique de nos universités"
Emmanuel Macron a enfin plaidé pour un "profond changement d'approche, une transformation systémique de nos universités" qui n'ont "aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants". "Au-delà de la question des moyens, nous avons une question structurelle et on ne pourra pas rester durablement dans un système où l'enseignement supérieur n'a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont boursiers et où, pourtant, nous avons tant de précarité étudiante et une difficulté à financer un modèle qui est beaucoup plus financé sur l'argent public que partout dans le monde pour répondre à la compétition internationale" a-t-il déclaré.
Pour cela, le président propose que les universités "garantissent l'orientation des jeunes vers l'emploi" et passent avec l'État "de véritables contrats d'objectifs et de moyens pluriannuels".
Des réactions à gauche
Le discours et surtout les sous-entendus du président sur une possible augmentation du prix des frais d'inscription à l'université a suscité de nombreuses réactions à gauche. "Refusons la mise en place d'une sélection par l'argent dans l'enseignement supérieur. L'université doit être gratuite", a écrit Alexis Corbière, député LFI et porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, sur Twitter.
🔴J'en parlais ce matin sur Cnews, #Macron veut augmenter les frais d'inscription à l' #Universite . Refusons la mise en place d'une sélection par l'argent dans l'enseignement supérieur. L'université doit être gratuite. Mon communiqué ⬇️ pic.twitter.com/QasLGySuYf — Alexis Corbière (@alexiscorbiere) January 14, 2022
La candidate PS à l'élection présidentielle Anne Hidalgo a de son côté fustigé "une brutalité sociale". La porte-parole de son parti Gabrielle Siry-Houari a aussi dénoncé une volonté "véritablement déprimante" du président "de détruire tout ce qui fait le système français".
La brutalité sociale toujours et encore, l’absence de vision pour notre pays toujours et encore, aggraver la précarité des étudiants, désespérer la jeunesse, rendre les études plus chères, abimer encore plus l’université...5 ans de plus vraiment ? https://t.co/ZYBikJPlXN — Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) January 15, 2022
Macron veut rendre l'université payante. La fac réservée aux gosses de riches, c'est le modèle américain. Complètement à côté de la plaque : nous avons besoin d'élever le niveau de formation et de qualification de toute la génération qui vient ! https://t.co/LDqzkDsQ9A — Fabien Roussel (@Fabien_Roussel) January 14, 2022
"La fac réservée aux gosses de riches, c'est le modèle américain", a réagi le candidat PCF à l'élection présidentielle Fabien Roussel. La proposition d'Emmanuel Macron est, selon lui, "complètement à côté de la plaque".
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info
- Police, justice et faits diversColère et émoi après le suicide de Lindsay, harcelée à l'école
- InternationalGuerre en Ukraine : les attaques en Russie se multiplient
- Police, justice et faits diversMeurtre d'Iris dans le Morbihan
- SportsMohamed Haouas, international français de rugby, dans la tourmente judiciaire
- Police, justice et faits diversKarine Pialle : mystère autour de la disparition de la mère de famille