Élection présidentielle 2022

Reprochant à l'enseignement supérieur de n'avoir "aucun prix", Macron esquisse une réforme "systémique" des facs

E. Ro
Publié le 15 janvier 2022 à 14h58
Emmanuel Macron tiendra une conférence de presse pour présenter les priorités de la présidence française du Conseil de l’UE ce jeudi.

Emmanuel Macron tiendra une conférence de presse pour présenter les priorités de la présidence française du Conseil de l’UE ce jeudi.

Source : Thomas SAMSON / AFP

DISCOURS - Devant les présidents d'universités, Emmanuel Macron a dénoncé un enseignement supérieur "à plusieurs vitesses" et assuré "qu'on ne pourra pas rester durablement dans un système où l'enseignement supérieur n'a aucun prix".

Cela ressemble à un programme. Emmanuel Macron, qui n'a pas encore fait part de ses intentions pour l'élection présidentielle qui arrive à grands pas, a esquissé jeudi en clôture du congrès de France Universités ses ambitions pour réformer l'enseignement supérieur.

Après avoir établi un bilan des actions de son gouvernement lors de son mandat, Emmanuel Macron a assuré devant les présidents des universités françaises qu'il fallait "redoubler d'effort pour qu'à l'horizon de 10 ans, notre université soit plus forte" et qu'elle attire "les meilleurs étudiants et talents internationaux"

Un "modèle à plusieurs vitesses" révolu

Le président de la République a alors dénoncé le système de l'enseignement supérieur français basé sur "un modèle à plusieurs vitesses", avec d'un côté les grandes écoles et de l'autre les universités. Mais ce modèle est "révolu" pour Emmanuel Macron qui voit dans les universités les futurs "piliers de l’excellence, le centre de gravité pour la recherche comme pour la formation".  "Nous devons lancer une nouvelle politique d'investissement dans l'enseignement supérieur et la recherche pour les 10 ans qui viennent" a-t-il déclaré. 

Il a notamment regretté que, malgré l'ouverture de 84.000 places en facultés, "50% des étudiants seulement se présentent aux examens de première année". Le reflet d'un "problème d'orientation et de choix" qui représente "un formidable gâchis" pour le chef d'État. "C'est un gâchis pour toutes celles et ceux qui ont suivi, prodigué les cours pour ces étudiants, c'est un gâchis aussi parce que ça veut dire qu'on a refusé des accès à d'autres étudiants dont c'était parfois le premier choix."

"Une transformation systémique de nos universités"

Emmanuel Macron a enfin plaidé pour un "profond changement d'approche, une transformation systémique de nos universités" qui n'ont "aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants". "Au-delà de la question des moyens, nous avons une question structurelle et on ne pourra pas rester durablement dans un système où l'enseignement supérieur n'a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont boursiers et où, pourtant, nous avons tant de précarité étudiante et une difficulté à financer un modèle qui est beaucoup plus financé sur l'argent public que partout dans le monde pour répondre à la compétition internationale" a-t-il déclaré.

Pour cela, le président propose que les universités "garantissent l'orientation des jeunes vers l'emploi" et passent avec l'État "de véritables contrats d'objectifs et de moyens pluriannuels". 

Des réactions à gauche

Le discours et surtout les sous-entendus du président sur une possible augmentation du prix des frais d'inscription à l'université a suscité de nombreuses réactions à gauche. "Refusons la mise en place d'une sélection par l'argent dans l'enseignement supérieur. L'université doit être gratuite", a écrit Alexis Corbière, député LFI et porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, sur Twitter.

La candidate PS à l'élection présidentielle Anne Hidalgo a de son côté fustigé "une brutalité sociale". La porte-parole de son parti Gabrielle Siry-Houari a aussi dénoncé une volonté "véritablement déprimante" du président "de détruire tout ce qui fait le système français".

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"La fac réservée aux gosses de riches, c'est le modèle américain", a réagi le candidat PCF à l'élection présidentielle Fabien Roussel. La proposition d'Emmanuel Macron est, selon lui, "complètement à côté de la plaque".


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