ÉCARTS - Les résultats observés lors premier tour des régionales ont été marqués par les scores décevants du RN, pourtant donnés beaucoup plus haut dans les sondages du premier tour.
Brandis par les candidats lorsqu'ils sont positifs et décriés lorsqu'ils annoncent des résultats décevants, les sondages se révèlent souvent assez efficaces pour prédire les résultats d'une élection. Lors du premier tour des régionales dimanche, les scores assez décevants du Rassemblement national n'ont pourtant pas été anticipés.
Lorsque l'on exhume les enquêtes d'opinion publiées lors des semaines précédant le scrutin, on constate en effet que le parti de Marine Le Pen était généralement crédité d'intentions de vote bien supérieures. Une conséquence directe de la très forte abstention, reconnaissent les sondeurs, qui complique les analyses et demandera certainement des "ajustements" à l'avenir.
Un RN partout surévalué
Les instituts de sondage se sont-ils révélés moins clairvoyants qu'à l'ordinaire ? Les résultats de plusieurs régions l'illustrent, en particulier lorsque l'on se penche sur les enquêtes d'opinion dévoilées lors des dernières semaines de la campagne, entre le 7 et le 18 juin. En Auvergne Rhône Alpes par exemple, l'avance du président LR sortant Laurent Wauquiez était estimée à 10 points par rapport à son opposant du RN (33% contre 23% des intentions de vote). Les écologistes, eux, étaient annoncés 5e (11%).
Dimanche soir, c'est pourtant 44% des suffrages exprimés que l'ancien ministre a enregistrés. La candidats EELV Fabienne Grébert a quant à elle bondi à 14,5%, lui permettant d'arriver seconde. Avec 11 points de moins que ne le prévoyaient les sondages, le représentant du RN Andréa Kotarac finit pour sa part 3e, bien loin des 23% qui étaient annoncés ces dernières semaines.
Une déconvenue pour le RN qui fait écho à de nombreuses autres à travers tout le territoire. Celle dans les Hauts de France par exemple, où les sondeurs annonçaient Sébastien Chenu à près de 32%, un score stable d'une enquête d'opinion à l'autre. Résultat final : 24%, soit un recul de 8 points, et près de 20 de moins que Marine Le Pen 6 ans plus tôt. Dans le même temps, son opposant LR Xavier Bertrand gagnait 7 points (à 41%) par rapport aux estimations émises avant le 1er tour. C'est simple, le RN n'a atteint dans aucune région le score que lui prêtaient les sondages. Au mieux, les instituts ont prédit des résultats 4 points supérieurs à ceux réellement observés, que ce soit dans le Grand Est ou en Île-de-France. Dans le pire des cas, ils ont vu des candidats RN 10 points au-dessus du score effectivement réalisé dimanche.
Comme le RN, mais dans une moindre mesure, les candidats de la majorité ont globalement sous-performé. On notera qu'à l'inverse, des candidats LR, PS et EELV affiché dans plusieurs régions des résultats meilleurs que ceux anticipés. C'est le cas également de listes d'union de la gauche, comme celle menée par Carole Delga en Occitanie. Créditée de 29% des intentions de vote, elle a finalement recueilli 39% des suffrages. Dans le même temps, le RN reculait de 9 points par rapport aux scores anticipés dans les sondages.
Avec une forte abstention, les prédictions perdent en précision
Dès dimanche soir, sur le plateau de LCI, le représentant de l'Ifop Jérôme Fourquet expliquait observer un "retrait civique d'une part croissante" des Français. Une attitude qui "pose techniquement des problèmes puisque dans nos échantillons, nous avons au fond de l'éprouvette, si je puis m'exprimer, ainsi de moins en moins de votants", confiait-il. "On a des techniques pour faire le tri entre le bon grain et l'ivraie", a-t-il ajouté, en référence aux citoyens assurant qu'ils iraient voter mais qui ne se déplacent finalement pas. Ce qui n'empêche toutefois pas les erreurs. "Il faut absolument qu'on retravaille encore sur ses outils", conclut-il.

Ce lundi, son confrère d'Ipsos Stéphane Zumsteeg insiste lui-aussi sur l'impact de l'abstention. Le directeur du département Opinions et Politique souligne que "les instituts avaient d'une certaine manière vu juste en pronostiquant une abstention record", mais que celle-ci s'est révélée "encore plus massive que ce qui était escompté". Ce sont surtout les jeunes et les catégories populaires qui ne se sont pas rendus aux urnes, des citoyens sur lesquels le RN comptait davantage que d'autres partis. "Quand on regarde le profil politique des Français, on constate qu'à peine un gros quart des électeurs de Marine le Pen s'est déplacé", analyse le sondeur.
Faudra-t-il que les instituts évoluent pour les futurs scrutins ? Pour Stéphane Zumsteeg, il sera en effet nécessaire "d'apporter des correctifs", mais surtout à ses yeux "pour les élections secondaires". Il rappelle qu'en France, si les citoyens boudent régulièrement certains scrutins, l'élection présidentielle présente des taux d'abstention généralement bas. Il lui semble certain que la participation sera "supérieure à 70%" l'an prochain, ce qui contribuera logiquement à réduire l'incertitude des prédictions, et donc la marge d'erreur des sondeurs.
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