La majorité des perdants de ce premier scrutin ont appelé à soutenir Emmanuel Macron au second tour, non sans réserves.La candidate RN obtient de son côté deux soutiens.Jean-Luc Mélenchon, sur la troisième place du podium, a appelé à ne pas voter pour Marine Le Pen sans soutenir pour autant le président-candidat.
L'issue du scrutin est désormais connue : Emmanuel Macron et Marine Le Pen, déjà finalistes en 2017, s'affronteront à nouveau au second tour de l'élection présidentielle, le 24 avril prochain. Le président sortant, candidat d'En Marche, est arrivé en tête du classement, avec 28,3% des voix, suivi par la candidate du Rassemblement national, dont le score grimpe à 23,3% des suffrages, selon les estimations de l'Ifop-Fudicial pour LCI.
Les dix autres prétendants, qui ont dû quitter la course à l'Élysée, se sont exprimés sur ce duel et ont indiqué à leurs électeurs, pour la plupart d'entre eux, des consignes de vote. Un appel au barrage à l'extrême droite s'est constitué autour du président-candidat, malgré des réticences, tandis que le troisième homme du scrutin, Jean-Luc Mélenchon, a seulement appelé à ne pas voter pour Marine Le Pen. Cette dernière récolte quant à elle deux soutiens parmi ses adversaires perdants.
Un vote pro-Macron pour plusieurs candidats de gauche et Valérie Pécresse
La candidate socialiste Anne Hidalgo, qui a remporté 1,7% des voix, a été la première à s'exprimer après sa défaite et appelé à voter pour le candidat marcheur, comme l'avait fait le PS en 2017. "Parce que c'est l'engagement de toute ma vie pour la République, et pour que la France ne bascule pas dans la haine de tous contre tous, je vous appelle avec gravité à voter le 24 avril prochain contre l'extrême droite de Marine Le Pen en vous servant du bulletin de vote Emmanuel Macron", a-t-elle lancé. Ce "choix de responsabilité (...) n’efface en rien mes convictions de femme de gauche", a-t-elle toutefois tenu à souligner.
Un appel partagé par plusieurs candidats de sa famille politique. "Que personne ne minimise la menace fondamentale que représente l’extrême droite", a lancé le candidat écologiste Yannick Jadot, qui a obtenu 4,8% des suffrages, sans pour autant épargner Emmanuel Macron. "Notre vote ne vaut pas caution dans sa responsabilité dans la fracture du pays, de déni social et d’inaction climatique, de conformisme et de mépris démocratique", a-t-il mis en garde, tout comme Fabien Roussel. Le candidat communiste, au score de 2,4%, a aussi appelé à voter pour le président sortant, pour éviter qu'"un projet xénophobe et raciste arrive à la tête de l’État", mais "le président candidat est le premier responsable de cette situation", a-t-il affirmé.
De l'autre côté de l'échiquier politique, après un revers historique pour les LR avec 4,8% des voix, Valérie Pécresse a annoncé qu'elle voterait "en conscience" pour Emmanuel Macron face au "chaos" qu'entraînerait l'arrivée de Marine Le Pen au pouvoir selon elle. "Je demande aux électrices et aux électeurs qui m'ont honorée de leur confiance de peser dans les jours qui viennent avec gravité les conséquences potentiellement désastreuses pour notre pays et pour les générations futures de tout choix différent du mien qu'ils envisageraient pour le second tour", a déclaré la candidate.
Pour Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou : aucune voix pour l'extrême droite
En revanche, Jean-Luc Mélenchon, qui talonne la candidate du RN avec 21,2% des suffrages, s'est gardé d'appeler à voter pour Emmanuel Macron, mais a martelé à plusieurs reprises : "Il ne faut pas donner une seule voix à Madame Le Pen". Le chef de file de LFI a mis en garde ses électeurs contre "des erreurs qui seraient définitivement irréparables", affirmant savoir "pour qui nous ne voterons jamais", mais il a toutefois confirmé qu'il solliciterait ses 310.000 parrains pour connaître "leur point de vue" sur ce second tour, comme il l'avait annoncé. En 2017, il avait de même seulement appelé à ne donner "aucune voix" à Marine Le Pen.
Le candidat du NPA Philippe Poutou, qui a rassemblé 0,7% des voix, est sur une ligne proche. "Notre consigne de vote est claire : pas une voix ne doit aller à l'extrême droite", a-t-il affirmé. Avant de nuancer : "Pour autant, nous ne donnerons pas de consigne de vote en faveur de Macron, car c'est un pompier pyromane dont les politiques sont une des causes de la montée du RN".
Eric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan appellent à voter Marine Le Pen
La candidate d'extrême droite peut compter de son côté sur le soutien de son rival, Eric Zemmour, arrivé quatrième du scrutin avec 7,2%. Reconnaissant "bien des désaccords avec Marine Le Pen", "en face un homme qui a fait entrer 2 millions d’immigrés en cinq ans, qui n’a pas dit un mot sur l'identité, je ne me tromperai pas d’adversaire", a-t-il argué. "Il y a quelque chose de plus grand que nous, c’est la France", a fait valoir le candidat de Reconquête!, tout en assurant qu'il n'était "pas un marchand" et n'attendait aucune contrepartie de sa concurrente, avec qui il s'est longtemps déchiré.
"J’appelle les Francais à tout faire pour faire barrage à Macron. C’est pourquoi je voterai Marine Le Pen !", a tweeté de son côté le candidat souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, une consigne qu'il avait déjà lancée lors du précédent scrutin présidentiel. La candidate du RN avait même affirmé qu'elle le nommerait Premier Ministre si elle accédait au pouvoir, avant que le président de Debout la France ne prenne ses distances avec elle.
Nathalie Arthaud et Jean Lassalle : aucune consigne de vote
De leur côté, deux "petits candidats" n'ont donné aucune consigne. "Macron s'il est élu fera du Le Pen. Le Pen, si elle est élue fera du Macron, en plus autoritaire encore contre les travailleurs immigrés. Nous avons le choix entre deux ennemis", a tweeté la candidate de FO Nathalie Arthaud (0,6%). Renvoyant dos à dos les deux finalistes, elle a annoncé qu'elle voterait blanc. "Puisque vous avez été intelligents au point de me choisir malgré tant de difficultés, je vous fais totalement confiance pour faire votre choix dans 15 jours", a déclaré pour sa part lors d'une allocution le candidat ruraliste Jean Lassalle (3,1%).