Le second tour a été marqué par une abstention record : 28,01%, un score jamais atteint depuis l'élection présidentielle de 1969.TF1info dessine le portrait robot de ces abstentionnistes, de la sensibilité politique à la situation géographique, en passant par l'âge et le niveau de vie.
La bataille présidentielle s'est soldée par un nouveau record d'abstention au second tour. Au total, 28,01% des votants ont boudé les urnes, du jamais vu depuis le scrutin de 1969, qui avait enregistré 31,1% d'abstention. Ce score dépasse de huit points celui de 2002, lorsque Jacques Chirac s'était retrouvé face à Jean-Marie Le Pen, et de 2,5 points environ celui de 2017, qui avait déjà vu Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'affronter. Mais quelles sont les catégories de population qui ont le plus refusé de se rendre aux bureaux de vote ?
Les électeurs de gauche sont les premiers à avoir boudé les urnes
Au regard des sensibilités politiques tout d'abord, ce sont surtout des électeurs de gauche qui n'ont glissé aucun bulletin dans l'urne : 59% des abstentionnistes se positionnent spontanément à gauche et 39% se disent proches de partis de gauche, selon une étude Ifop-Fiducial pour TF1 et LCI publiée après l'issue du second tour*.
Dans le détail, parmi ceux qui ont voté au premier tour mais pas au deuxième, les votants de l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon sont les premiers à s'abstenir, comme le prévoyait la consultation interne des militants de LFI : 46% d'entre eux n'ont pas voté. Suivent ensuite les électeurs de l'écologiste Yannick Jadot (31%), de la candidate LR Valérie Pécresse (23%) et du candidat de Reconquête! Eric Zemmour (15%). À noter également, même si leur part reste marginale : 13% de ceux qui avaient plébiscité Marine Le Pen et 8% de ceux qui avaient soutenu Emmanuel Macron au premier tour se sont abstenus pour leur face-à-face.
Pour justifier cette abstention, les sondés avancent plusieurs raisons, en premier lieu : "Parce qu’aucun candidat ne défend ou représente vos idées" (déterminant pour 55% des abstentionnistes), "parce que vous ne voulez pas choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen" (49%), "pour manifester votre mécontentement à l’égard de l’action du président de la République et du gouvernement" (47%), "pour manifester votre mécontentement à l’égard d’Emmanuel Macron" (46%).
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Des électeurs plus jeunes, plus pauvres et plus présents dans les villes
Quant à leur profil sociologique, on compte bien plus de jeunes chez les abstentionnistes que chez les autres, un constat qui se confirme d'élection en élection : 30% d'entre eux ont moins de 35 ans, soit huit points de plus que chez les votants. Parmi cette tranche d'âge, ce sont surtout les 25-34 ans qui ont refusé de glisser un bulletin dans l'urne. Par ailleurs, les femmes ont été légèrement plus représentées parmi les abstentionnistes : elles comptent pour 55% d'entre eux, contre 51% pour les votants.
Sur le volet des professions, les travailleurs de catégorie populaire sont les plus nombreux parmi les abstentionnistes. Sur 57% d'actifs, on relève 28% d'ouvriers et employés, contre 15% de catégories supérieures (cadres, artisans et commerçants) et 15% de professions intermédiaires. Mais la composition sociologique des votants est quasi similaire pour chacune de ces entrées, à un point près. Et la surreprésentation des catégories populaires dans les deux cas s'explique par un nombre d'ouvriers et d'employés plus important en France que des autres catégories d'actifs.
Par ailleurs, la proportion de chômeurs d'un côté comme de l'autre est aussi presque identique : 7% chez les abstentionnistes, 5% chez les votants. Quant aux diplômes, les profils semblent également proches entre les deux catégories : chez les votants comme chez les abstentionnistes, 45% des électeurs ont un niveau supérieur au baccalauréat. Seule nuance, du côté de ceux qui ont voté, on retrouve davantage de personnes n'ayant pas obtenu le bac, tandis que chez les abstentionnistes, ceux qui ont seulement le diplôme sans poursuivre leurs études sont plus nombreux.
Il existe toutefois un indicateur sur lequel les deux catégories diffèrent significativement : le revenu mensuel, calculé par personne dans un même foyer. Les plus aisés sont ceux qui se sont le plus rendus aux urnes. Parmi les électeurs qui gagnent plus de 2500 euros par mois, on compte 22% d'abstentionnistes, tandis que parmi ceux qui gagnent moins de 900 euros, on en retrouve 34%.
Autre marqueur de différentiation : la répartition géographique. Les habitants des communes urbaines, les villes les plus denses, sont ceux qui se sont plus abstenus. Au total, un tiers environ des électeurs qui résident dans l'agglomération parisienne et dans des communes urbaines de province (comprises entre 2000 et 2 millions d'habitants) ont refusé de voter. Mais seuls 22% des habitants de communes rurales ont boudé les urnes.
* Méthodologie : enquête en ligne auprès d'un échantillon de 4827 personnes inscrites sur les listes électorales, représentatif de la population française de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas, réalisée le 24 avril de 11h à 18h.
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