"Inenvisageable", "tripatouillage" : l'opposition rejette l'idée d'un gouvernement d'union nationale

F.S.
Publié le 22 juin 2022 à 9h41, mis à jour le 22 juin 2022 à 15h56

Source : TF1 Info

Fabien Roussel a annoncé mardi que l'Élysée envisageait la création d'un gouvernement d'union nationale.
Une hypothèse soutenue par certains cadres de la majorité.
Mais qui ne semble d'ores et déjà pas convaincre les membres de l'opposition.

C'est Fabien Roussel qui a vendu la mèche. Dernier d'une longue journée de tractations à l'Élysée, le Secrétaire général du Parti communiste français a révélé, mardi 21 juin sur notre antenne, qu'Emmanuel Macron envisageait la création d'un gouvernement d'union nationale pour sortir le pays de l'impasse politique. 

La majorité politique appelle à l'union nationale

Une piste "parmi d'autres", selon l'Élysée, qui temporise. Auprès de notre service politique, un conseiller exécutif affirme qu'il n'y a "aucune raison de s'emballer", l'hypothèse fait simplement partie du "dialogue" entamé mardi avec les chefs de l'opposition. "Ça fait partie des voies, mais il y en a d'autres."

En tout cas, cette stratégie semble faire l'unanimité au sein de la majorité présidentielle. Elle est notamment soutenue par deux piliers. Devant les "très grandes difficultés" actuelles, François Bayrou, le chef du Modem, a ainsi confié qu'il fallait "s'approcher aussi près que possible de l'union nationale". Plus exhaustif, Edouard Philippe affirmait hier sur BFMTV qu'il était nécessaire de se tourner vers une "grande coalition" afin de faire face à cette "situation inédite". Dans un clin d'œil à ses anciens partenaires des Républicains, le président d'Horizons et ancien Premier ministre en appelait à ces "gens" qui "spontanément" n'auraient "pas envie de travailler ensemble".

Pas de "mariage forcé", ni à gauche, ni à droite

Sauf que cette éventualité ne semble pas satisfaire les chefs de parti de l'opposition. Si Fabien Roussel a rappelé que les communistes avaient "déjà participé à un gouvernement d'union nationale en 1945", il est à l'heure actuelle "inenvisageable" pour lui de rejoindre le chef de l'État. Et ce pour deux raisons. D'abord, parce que le projet du président de la République - décrit comme une "petite politique avec des petits chèques" - n'est pas à la hauteur des ambitions des communistes. Et ensuite parce que "le niveau de défiance" à l'égard du président de la République est "vraiment fort", poursuit le député. Pour que cela soit envisageable, il faudra un "projet high level" et "qu'il donne des gages", a prévenu Fabien Roussel. 

Du côté des Républicains aussi, on est sceptique. Inflexible, Christian Jacob a rappelé dès hier soir la position martelée par la droite depuis les résultats des législatives : "Nous serons force de propositions, mais jamais dans la compromission." Une ligne que le président des Républicains veut d'autant plus ferme qu'il répondait à Edouard Philippe, "l'un des artisans qui a cherché à tuer LR". "Il nous a blessé, mais nous avons résisté. Nous serons sur notre ligne." Une stratégie de nouveau répétée ce mercredi.  Sur France 2, le secrétaire général des Républicains a refusé les "tripatouillages" tout en déclarant ne pas vouloir "bloquer nos institutions". Mais pour Aurélien Pradié les choses sont claires, il n'est "pas question de faire des mariages forcés". "Je n'ai pas à répondre à une espèce d'injonction selon laquelle, puisque le président n'a pas de majorité, nous n'aurions pas d'autre choix que de nous rallier à lui", a-t-il lancé.

En somme, les Républicains ne semblent "pas Macron-compatibles", pour reprendre l'expression utilisée par Bruno Retailleau sur notre antenne. Sur LCI, le président du groupe LR au Sénat a estimé qu'un accord de coalition n'était "pas possible" quand "la confiance n'est pas là". "Un jour, c'est M. Blanquer, héros de la laïcité, l'autre jour, c'est Pap N'Diaye, le wokisme", liste-t-il, appelant à "une opposition, ferme, raisonnable, déterminée" des membres de son parti.

Un sujet abordé avec le Rassemblement national

Et quid des autres leaders à l'extrême droite et gauche de l'échiquier politique ? S'il n'a pas révélé les coulisses de la discussion à l'Élysée, le porte-parole du Rassemblement national a affirmé ce mercredi sur SudRadio que cette idée n'avait pas été évoquée la veille entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Une information démentie par la cheffe de file des députés de l'extrême droite. Contrairement à ce qu'a assuré son porte-parole, l'élue du RN a assuré à l'AFP que "oui" le sujet avait été abordé lors de sa rencontre à l'Élysée. La veille pourtant, elle n'avait pas abordé le sujet à la sortie de son entretien.

Une information surprenante, tant certains membres du gouvernement prennent leur distance avec le parti nationaliste. Sur Europe 1 ce mercredi matin, Clément Beaune a averti qu'une "alliance, même de circonstance, avec le Rassemblement national" n'était pas envisageable pour le gouvernement. "Avec le Rassemblement national, il n'y a pas de socle d'idées communes", a plaidé le ministre. De toute manière, pour Sébastien Chenu, cette piste ne tient pas la route. "Difficile de faire l'union nationale quand le souci du président est de déconstruire", a taclé le député RN réélu dans le Nord. 

Le sujet a en tout cas été rapidement "évacué" par Les Verts. Devant le perron de l'Élysée, le Secrétaire national d'EELV a confié qu'il ne voyait pas "la nécessité" de former un tel gouvernement. Membre de la Nupes, il souhaite en effet "re-parlementariser" le débat politique. "Ce n'est pas à l'Élysée qu'on doit faire la politique, mais dans l'hémicycle", a-t-il plaidé, ajoutant qu'il fallait voter "sur chaque texte en fonction de l'intérêt pour le pays."

Quant aux autres chefs de file de la Nupes, il faudra encore attendre pour savoir si Emmanuel Macron compte mettre la proposition sur la table. L'élu Insoumis Adrien Quatennens a rendez-vous à l'Élysée ce mercredi. Si son camp n'a pas encore rencontré le chef de l'État, La France insoumise semble d'ores et déjà écarter cette éventualité. Sur Franceinfo, Manuel Bompard a refusé catégoriquement toute participation à un gouvernement d'union nationale. Le député a prévenu que si Emmanuel Macron présentait ce projet aux Insoumis, ils "diront clairement que ça ne peut pas être une perspective". "Nous avons combattu sa politique, nous allons la combattre encore, nous n'allons pas gouverner avec lui". Une façon pour le parti de Jean-Luc Mélenchon de "respecter la parole des électrices et des électeurs" qui ont voté pour "une alternative à la politique d'Emmanuel Macron".


F.S.

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