La présidence Donald Trump

"Retour vers le futur", "Idiocracy", "Bulworth"… quand le cinéma américain annonçait la victoire de Donald Trump

Publié le 9 novembre 2016 à 16h50, mis à jour le 9 novembre 2016 à 17h11
"Retour vers le futur", "Idiocracy", "Bulworth"… quand le cinéma américain annonçait la victoire de Donald Trump

PRÉDICTIONS - Ces dernières années, le cinéma américain n'a cessé de raconter un pays sur le point de se transmuer en univers Kafkaïen. De "Southland Tales" de Richard Kelly à "Idiocracy" de Mike Judge, découvrez cinq films qui annonçaient inconsciemment ou non l'Amérique de Donald Trump.

RETOUR VERS LE FUTUR

Histoire: Un lycéen, Marty McFly (Michael J. Fox) et un scientifique, le docteur Emmett Brown (Christopher Lloyd) voyagent à travers le temps à l’aide d'une DeLorean modifiée.

Trumpomètre: Dans les années 80, Bob Gale, le scénariste de Retour Vers Le Futur, s'inspire de Donald Trump pour imaginer le personnage de Biff Tannen, l'ennemi juré de Marty MacFly. Après son bond dans le futur, à bord de sa DeLorean, le jeune Marty découvre que Biff est devenu en 2015 "l'un des hommes les plus riches et les puissants des États-Unis". Troublant. 

BULWORTH de Warren Beatty

Histoire: Le sénateur démocrate Jay Bulworth est au bout du rouleau. Il ne croit plus en ses propres discours politiques et entame sa dernière campagne électorale dans un piteux état. Il décide alors d'engager un tueur pour le supprimer et contracte une assurance vie de dix millions de dollars au profit de sa fille. N'ayant désormais plus rien a perdre, Bulworth abandonne la langue de bois pour un discours musclé qui stupéfie les électeurs. Reprenant peu a peu goût a la vie, il cherche à annuler le contrat, mais son intermédiaire tombe dans le coma.

Trumpomètre: Bulworth est un film que le démocrate Warren Beatty a produit et dans lequel il tient la rôle principal, celui du sénateur Jay Bulworth, tellement dégoûté des mensonges, de la corruption et des autres aspects noirs de la politique, qu'il met un contrat sur sa propre tête et décide de ruiner totalement sa réputation en dévoilant au grand jour toutes ces histoires. C'est là qu'il tombe amoureux de la très jolie Halle Berry. Satire politique très soutenue par la presse à sa sortie, mais vue par personne. A réévaluer d’urgence. 

IDIOCRACY de Mike Judge

Histoire: un Américain moyen (Luke Wilson) accepte d’entrer dans la capsule d’hibernation qui vient d’être inventée par l’armée. 500 ans après, Joe se réveille. A sa grande surprise, les États-Unis ont beaucoup changé : ce sont désormais des idiots qui peuplent le pays. Très vite, Joe apparaît comme un génie parmi eux. Une nouvelle vie commence alors pour celui qui est maintenant un Américain hors du commun…

Trumpomètre: Dans les années 50, l’écrivain Cyril M. Kornbluth avait tenté de nous alerter avec son hilarante Longue Marche des cornichons (The Marching Morons) au concept très similaire de l’homme cryogénisé découvrant une espèce humaine abrutie. Des décennies plus tard, cette comédie de Mike Judge nous fait réaliser à quel point la bêtise fait peur lorsqu’elle pense et que nos politiques sont devenus des Guignols de l’info nourrissant du spectacle aux protozoaires que nous sommes devenus. Passé une introduction Darwinienne racontant par le menu l’abrutissement inéluctable de la population et montrant combien les personnes peu éduquées se reproduisent plus vite que les couples instruits (ces derniers faisant moins d’enfants par crainte de l’avenir et une meilleure utilisation des techniques de contraception), Mike Judge brode une satire sur l’époque bien proleptique avec ses divertissements bas du front et ses comportements grégaires. Autour du héros, c’est l’angoisse et Dieu sait si la nature a horreur du vide: les femmes sont réduites à l’état de chaises sous des tables, le Gatorade a remplacé l’eau même pour arroser les champs, le président des Etats-Unis est un acteur porno black saluant la foule en faisant des doigts d’honneur, les individus sont identifiables grâce à des codes-barres gravés sur leur poignet, un musée historique en forme de train fantôme montre Charlie Chaplin comme responsable des horreurs nazies. En l’an de pas grâce 2505, les dérives de la télévision trash d’aujourd’hui, les Kardashian et Cie, peuvent se rhabiller tant elles paraissent bien sages. 

SOUTHLAND TALES de Richard Kelly

Histoire: Californie, 2008. Une attaque nucléaire a précipité l'Amérique dans la 3e Guerre Mondiale. Face à la pénurie de carburant, la compagnie US-IDent élabore un générateur d'énergie inépuisable, qui altère la réalité et va bouleverser les vies de l'acteur Boxer Santaros, de l'ex-star du X Krysta Now et des frères jumeaux Roland et Ronald Taverner, dont le destin se confond avec celui de l'Humanité toute entière...

Trumpomètre: "Il n’y aura pas de fin du monde mais la fin d’un monde. Ma théorie, c’est que les hommes vont s’épuiser entre eux. On va s’épuiser à un point où l’on va arriver à une représentation du monde telle qu’Alfonso Cuaron l’a proposée dans Les Fils de l'homme. C’est la vision la plus biblique et la plus vraisemblable, selon moi, de ce qui nous attend dans les années à venir." Et si Richard Kelly avait prédit en 2006 le chaos dans lequel nous pataugeons aujourd’hui? Film mort-né au Festival de Cannes il y a dix ans où il était présenté en compétition, Southland Tales de Richard Kelly avait effectivement prévu la manière dont se termine un monde. Politiques bling bling, pornstars, terrorisme… Revoir le film se révèle encore plus éclairant. Et édifiant.

AMERICAN SNIPER de Clint Eastwood

Histoire: L'histoire vraie de Chris Kyle (Bradley Cooper), sous-officier de la marine américaine et tireur d'élite de l'armée américaine envoyé en Irak entre 2003 et 2009

Trumpomètre: La façon dont Clint Eastwood a soutenu sans équivoque Donald Trump, en dépit du rejet massif de Hollywood et des stars, est assez révélatrice de l'état d'un pays. American Sniper, son précédent long métrage, annonçait incidemment le nouveau visage de l’Oncle Sam. A sa sortie, le film avait soulevé une vive controverse entre ceux qui y voyaient une tentative de reparler de la guerre en Irak et la vendre aux Américains et ceux qui y décryptaient le portrait d'un monstre butant sans vergogne des femmes et des enfants. Eastwood lui-même, républicain notoire mais opposé à l'engagement américain en Irak et en Afghanistan, assurait alors avoir fait un film "apolitique", à la manière d'un western, loin d'être manichéen, plus complexe et ambigu. Il filmait Chris Kyle comme embarrassé par la notion d'héroïsme, avec l'idée de devenir une légende. C'est en tout cas ce qu'il est devenu auprès d'une bonne partie de la population. Les images finales, montrant la vraie célébration de Chris Kyle dans le pays, laissaient le spectateur libre de penser ce qu'il veut face aux événements mais elles en disaient long sur l'humeur du pays.


Romain LE VERN

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