Retraites : l'Assemblée nationale inscrit "le niveau de vie digne" dans le texte de loi de la réforme

par Mélanie FAURE
Publié le 24 février 2020 à 5h11, mis à jour le 24 février 2020 à 6h21

Source : JT 20h WE

TERRAIN D'ENTENTE SUR LES RETRAITES - Les députés ont adopté dimanche, dans un commun accord, un amendement gouvernemental afin d'inscrire dans le texte sur la réforme des retraites un objectif de "niveau de vie digne".

En pleines discussions au sujet de la réforme des retraites, les députés s'accordent pour instaurer une garantie du niveau de vie des Français. Dans un rare moment de concorde sur la réforme des retraites, l'Assemblée nationale a adopté dimanche un amendement gouvernemental inscrivant dans le texte un objectif de "niveau de vie digne" pour les retraités, après des propositions similaires émanant de plusieurs bords politiques. Il s'agit d'inscrire symboliquement cet "objectif de garantie d'un niveau de vie satisfaisant et digne aux retraités" dans les principes généraux du système universel des retraites, objet de l'article 1 que les députés sont toujours en train d'examiner.

Le communiste Stéphane Peu avait plaidé pour l'inscription du terme "digne" dans ces objectifs, arguant que la dignité figurait dans la Déclaration universelle des droits de l'homme. L'amendement visait à remplacer ainsi le terme de "satisfaisant" avancé par le gouvernement, qu'il a qualifié de "concept gazeux". Il a été soutenu notamment par l'Insoumis Eric Coquerel. Un amendement similaire avait été déposé par la marcheuse de l'aile gauche Martine Wonner. L'UDI Thierry Benoît s'était prononcé pour l'adoption de l'amendement communiste, une "belle proposition".

"Une retraite digne"

Dans une "volonté de compromis et d'accélération de nos travaux", le secrétaire d'Etat Laurent Pietraszewski a proposé d'allier "satisfaisant" et "digne" dans la formulation de l'amendement gouvernemental. Le communiste Pierre Dharréville a salué "la créativité du gouvernement", indiquant que les communistes, "pas jaloux", étaient prêts à voter la proposition gouvernementale. "Une retraite digne, ça a quand même une autre figure qu'une retraite simplement satisfaisante", s'est-il félicité. 

Le ministre chargé des Relations avec le Parlement Marc Fesneau a salué "l'évolution du débat", loin du "concours de synonymes auquel on se livrait" samedi. Il a appelé à avancer dans le texte, pour "donner du sens aux mots". "M. Fesneau, votre intervention, sauf à remettre de l'huile sur le feu ne me paraît pas judicieuse", a regretté le LR Thibault Bazin, demandant au ministre d'arrêter "de mettre en valeur l'obstruction".

En fin d'après-midi, les députés ont adopté deux autres amendements, présentés par les rapporteurs du texte (LaREM et MoDem) au nom de la commission spéciale. Le premier, à valeur symbolique, souligne le caractère "solidaire" des cotisations et contributions retraites. Le second, soutenu par la gauche, insiste sur la prise en compte "des gains de productivité" dans le pilotage du système des retraites.

Réforme des retraites : dans les coulisses de l'examen des 41 000 amendements à l'Assemblée nationaleSource : JT 20h WE

La menace du 49-3

Des moments de tension ont par ailleurs émaillé l'après-midi. La majorité a encore reproché aux insoumis et aux communistes de "bloquer" l'Assemblée avec leurs milliers d'amendements, "une logorrhée antiparlementaire", selon le rapporteur Nicolas Turquois (MoDem). "Vous voulez une opposition qui ne s'oppose pas ? (...) Buvez un bon coup, respirez un bon coup, ca ira mieux après", a réagi Jean-Luc Mélenchon (LFI), en critiquant la tentation "autoritaire", voire "totalitaire" des LaREM, pendant que le communiste Fabien Roussel accusait la majorité de vouloir "raser l'Assemblée".

Dans toutes les têtes, après une semaine de piétinement, les spéculations sur un possible recours du gouvernement au 49-3, cet arme de la constitution qui permet de faire passer un texte sans vote à l'Assemblée. Le Premier ministre Edouard Philippe dînait par ailleurs dimanche soir à l'Assemblée avec le groupe LaREM pour évoquer ce difficile débat parlementaire.


Mélanie FAURE

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