Retraites : "La Nupes est puérile", fustige Jordan Bardella à la veille des débats dans l'Hémicycle

La bataille parlementaire a déjà commencé. Ce dimanche 5 février, le président du Rassemblement national Jordan Bardella était l'invité du Grand Jury de LCI - RTL - Le Figaro, alors que le projet de loi de réforme des retraites du gouvernement arrivera lundi dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. 

Le patron du RN, élu en novembre dernier à la tête du parti, en a profité pour tacler le comportement"puéril" de l'alliance de la gauche, la Nupes, à l'origine de 18.000 amendements qui pourraient sérieusement compliquer la tenue des débats. "Nous avons déposé des amendements sérieux et constructifs", se défend-il, alors que le groupe RN a déposé environ 200 propositions de modification du texte, "essentiellement des amendements de suppression". 

"Un seul amendement sur l’article 7 aurait fait tomber la réforme. La Nupes est puérile. Il faut mettre en échec l’article 7", a-t-il détaillé. En effet, l'article 7 est la pièce centrale du texte du gouvernement, puisqu'il prévoit le recul de l'âge légal de départ en retraite de 62 à 64 ans. "La Nupes, de son côté, va créer un embouteillage avec ses 18.000 amendements", a-t-il encore taclé.  Fait notable, dans la masse d'amendements déposés par les députés, le RN et LFI semblent s'être entendus sur au moins une mesure : celle du maintien du régime spécial de retraite pour la RATP. Une situation dont Jordan Bardella s'est défendu. "Il y a de moins en moins de candidats au recrutement. Pourquoi retirer les seuls avantages de ces professions ?", a-t-il expliqué. 

Jusqu'ici, le Rassemblement national s'est contenté d'une opposition très discrète, et pour cause. Les positions du RN ont sensiblement évolué au fil des années. En 2017, par exemple, Marine Le Pen mettait en avant une retraite à 60 ans pour tout le monde avec 40 annuités. Aujourd'hui, le RN défend "un départ à 60 ans pour ceux qui travaillent entre 17 ans et 20 ans", et le maintien à 62 ans pour les autres. Une évolution - que Jordan Bardella justifie par "la dette du premier quinquennat d'Emmanuel Macron". Quoi qu'il en soit, le RN reste persona non grata dans les manifestations des syndicats depuis le début du mouvement.

Outre la Nupes, le patron du Rassemblement national n'a pas manqué d'égratigner Les Républicains, partie prenante de la majorité" selon lui. "Beaucoup d’élus républicains sont gênés par la position d'Eric Ciotti (le président du mouvement, NDLR) sur le terrain", a-t-il aussi critiqué. Du côté de la majorité présidentielle, le vote des députés LR est impératif pour que le texte soit adopté. Dimanche, justement, la Première ministre a annoncé quelques concessions, en particulier sur les carrières longues.

En dépit de ces critiques vis-à-vis de l'ensemble des partis politiques, le Rassemblement national espère toujours faire adopter sa motion référendaire. Un texte qui permet, après de multiples votes et l'accord du président de la République, de soumettre un projet de loi à référendum. "Je dis aux partis d’opposition : est-ce qu’ils voteront la motion ? S'ils ne la votent pas, ils ne pourront plus se dire d’opposition. C’est l’heure de vérité. Cela permettra un référendum, pour demander l’avis au Français. Je le dis aussi aux députés LR", a martelé dimanche Jordan Bardella. 

Néanmoins, la perceptive d'une telle consultation des Français est quasiment de l'ordre de l'illusion. En effet, si le texte parvenait à être adopté à l'Assemblée - ce qui est loin d'être acquis - il devrait l'être ensuite par le Sénat, qui est à majorité de droite (et plutôt favorable à la réforme des retraites). Ensuite, la proposition de référendum passerait entre les mains du président de la République qui peut décider, ou non, de soumettre au suffrage universel un tel texte.