Le gouvernement Borne II

Retraites : sur quoi se fonde le gouvernement pour préparer sa réforme ?

Publié le 3 janvier 2023 à 12h47

Source : Le JT

Le gouvernement entend mener en 2023 la réforme des retraites, laissée de côté lors du précédent quinquennat.
Il s'appuie sur de multiples chiffres et analyses pour dessiner les contours du texte final.
Un organisme joue un rôle central sur le sujet : le Conseil d'orientation des retraites.

Repoussée à plusieurs reprises, la réforme des retraites voulue par le gouvernement sera défendue en ce début d'année. Un texte qui provoque la colère des syndicats, mais que les ministres décrivent comme indispensable. Au fil des interventions et des interviews dans les médias, une multitude de chiffres sont avancés, accompagnés de projections pour le futur. Autant d'arguments qui permettent, notamment, de justifier un report de l'âge légal.

Le COR, un organisme qui planche sur l'avenir des retraites

Quand le gouvernement évoque un déficit du système de retraite actuel et présente des chiffres pour les 5, 10 ou 20 ans, il s'appuie sur les projections et modélisations du COR, le Conseil d'orientation des retraites. Ce dernier se définit comme "une instance indépendante et pluraliste d'expertise et de concertation, chargée d'analyser et de suivre les perspectives à moyen et long terme du système de retraite français".

Plusieurs missions lui sont fixées, que ce soit "décrire les perspectives à moyen et long terme des régimes de retraite", ou bien encore "apprécier les conditions requises pour assurer la viabilité financière à terme de ces régimes". Il est également prévu qu'un rapport soit produit "chaque année avant le 15 juin". Un document auquel se réfèrent tous les acteurs politiques et qui fait référence pour analyser l'état du système actuel. Le COR ne cherche pas à donner des conseils ou à influencer les politiques publiques, son rôle est d'éclairer et de fournir des éléments concrets qui vont permettre aux décideurs de prendre du recul pour engager de potentielles réformes ou réaliser des ajustements.

Grâce au COR, nous disposons tous les ans de données très précises sur les régimes de retraite : nombre de cotisants, de bénéficiaires, dépenses et recettes... Des éléments qui concernent autant le régime général que les régimes spéciaux. Une matière dense, qui permet non seulement d'observer les évolutions dans le passé, mais aussi de se projeter dans le futur. Le Conseil réalise en effet des projections, une série de modélisations qui tiennent compte des textes déjà votés et qui offrent une vision du système de retraite à un horizon très lointain, les estimations les plus lointaines portant sur 2070. 

La marge d'erreur, les experts le rappellent, est forcément importante à une telle échelle, ce qui incite à la prudence. C'est aussi pour cette raison que 4 hypothèses sont à chaque fois retenues. Des prévisions qui varient en fonction du degré d'optimisme et que le COR désigne sous le terme de "scénarios". Deux facteurs sont notamment pris en compte : le taux de chômage, ainsi que la croissance de la productivité du travail. Si la France ne compte que 5% de chômeurs en 2040, il lui sera en effet beaucoup plus facile de financer son système de retraites qu'avec 10 ou 11% de chômeurs. 

Si le Conseil d'orientation des retraites est une institution dont les travaux sont jugés très sérieux, ils n'en demeurent pas moins contestés. Certains estiment par exemple que les projections à long terme sont trompeuses, car soumises à un trop grand aléa. D'autres remettent en cause les données prises pour référence dans les différents scénarios. Dans le même temps, on constate qu'à partir d'un rapport identique, les élus effectuent des conclusions radicalement différentes. Pour le gouvernement, les experts du COR prouvent l'importance d'une réforme imminente, en raison des déficits observés dans les années à venir. Un constat que ne partage pas une partie de la classe politique (à gauche notamment), qui préfère s'intéresser aux projections à plus long terme, montrant un retour à l'équilibre puis à un statut bénéficiaire après la période 2035-2040.


Thomas DESZPOT

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