Boues rouges, Fessenheim... quand Royal n'en fait qu'à sa tête

Publié le 2 septembre 2016 à 21h12, mis à jour le 3 septembre 2016 à 8h07
Boues rouges, Fessenheim... quand Royal n'en fait qu'à sa tête
Source : AFP PHOTO / JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN

Dans un document diffusé ce vendredi soir dans Thalassa, la ministre de l’Environnement attaque violemment le Premier ministre, qu’elle tient responsable de la pollution aux boues rouges des calanques de Marseille. Et ce n’est pas la première fois qu'elle s'oppose au gouvernement depuis le début du quinquennat. Petit rappel.

Les boues rouges qui polluent les calanques de Marseille

Ce vendredi soir, le magazine Thalassa diffuse une enquête sur l’usine Alteo. Depuis 50 ans, elle rejette des déchets toxiques dans les environs de Marseille et est à l’origine de la pollution aux boues rouges des calanques. En décembre 2015, le préfet des Bouches-du-Rhône a prolongé pour six ans le droit à l’usine d’expédier ses résidus polluants en Méditerranée. La journaliste interroge Ségolène Royal sur cette décision qu’elle n’a pas pu empêcher, et cette dernière répond : "Manuel Valls a décidé le contraire. Il est Premier ministre et il a décidé le contraire de ce que dit sa ministre de l’Environnement. (…) Il a pris sa décision. Il a donné un ordre au préfet. Le préfet a donné l’autorisation. Je ne peux pas donner un contre-ordre. En revanche, mon rôle, c’est de dire que je ne suis pas d’accord." Déjà il y a quelques mois, après la décision préfectorale d’autoriser de nouveau le déversement des déchets toxiques, la ministre avait pris le contre-pied du chef de l’exécutif. "C’est le combat de l’économie contre l’écologie et ma conviction profonde, c’est que détruire l’écologie, c’est aussi détruire l’économie."

VIDEO. La déclaration de Ségolène Royal

Le mariage pour tous

Ségolène Royal a toujours été libre et ne s’est jamais contrainte à respecter l’avis de son camp ou de ses collègues ministre si elle n’en partageait pas la conviction. En mai 2013, à la veille d’une manifestation contre le mariage pour tous, elle rappelle sur France 3 que si elle avait été présidente, elle n’aurait pas fait voter le mariage homosexuel. "Je ne suis pas favorable à des confrontations sur des sujets de société. Je trouve que les manifestations ont duré trop longtemps. Le débat a duré trop longtemps" explique celle qui est alors présidente de la région Poitou-Charentes. Elle disait préférer une union civile qui "n’aurait pas conduit à des confrontations comme cela". Et lorsque le journaliste lui demande si le président François Hollande a été courageux en faisant adopter cette réforme, son ancienne épouse répond : "Euh… Il y a eu un engagement. Voilà. C’est fait."

"C’est une révolte citoyenne, une demande de compréhension de l’état du pays et de la façon dont on s’en sort."
Ségolène Royal à propos des "bonnets rouges"

Le mouvement des "bonnets rouges"

Ségolène Royal s’oppose également au gouvernement à propos du combat des "bonnets rouges". Ce mouvement est né pour protester contre la taxe poids-lourd ou écotaxe, impôt qui devait générer 1,2 milliard d’euros par an pour financer de grands projets d’infrastructures. Le conflit avec le gouvernement se durcit à l’automne 2013. Le Premier ministre de l’époque, Jean-Marc Ayrault, refuse de reculer. Au milieu de ce combat, Ségolène Royal apporte son soutien aux bonnets rouges : "C’est une révolte citoyenne, une demande de compréhension de l’état du pays et de la façon dont on s’en sort." Elle jugeait "absurde" l’application de l’écotaxe en Bretagne. "On a voulu appliquer un système allemand, où les gros camions sont taxés parce qu’ils viennent d’Europe de l’Est, traversent l’Allemagne… Mais la Bretagne, qui est au bout de l’Europe, n’est pas traversée par les camions." Au mois d’avril, le gouvernement est remanié et Ségolène Royal est nommé ministre de l’Environnement. Elle reprend en charge le dossier et décide de... l’enterrer. 

Aéroport de Notre-Dame-des-Landes

Autre sujet sensible à traiter pour la gauche lors de ce quinquennat : Notre-Dame-des-Landes. Et là encore, Ségolène Royal va ajouter à la cacophonie ambiante. Sur ce dossier, la ministre s’oppose déjà à Manuel Valls. En avril dernier, elle explique sur BFM TV que le projet doit "être modifié", et invite les élus à trouver un compromis en réduisant la taille de l’aéroport ou en modernisant celui de Nantes, selon les options présentées dans un rapport de l’inspection générale qui lui a été remis. Ce dernier fait dire à Ségolène Royal que le projet du futur aéroport est "complètement disproportionné" et "coûte cher, avec des conséquences pour les contribuables". La veille, toujours en s’appuyant sur le même rapport, le Premier ministre avait lui jugé qu’il validait "la pertinence du transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur le site de Notre-Dame-des-Landes".

"Quand Flamanville ouvrira, Fessenheim devra fermer. Donc, Flamanville va ouvrir d’ici à 2018.
Ségolène Royal

Centrale nucléaire de Fessenheim 

Enfin, à l’été 2015, Ségolène Royal enterre une promesse formulée par François Hollande pendant la campagne présidentielle : celle de fermer Fessenheim avant la fin du quinquennat. Mais la ministre de l’Environnement décide de lier la fermeture de Fessenheim à une ouverture de l’EPR de Flamanville, vraisemblablement en 2018. "Quand Flamanville ouvrira, Fessenheim devra fermer. Donc, Flamanville va ouvrir d’ici à 2018. Et donc en effet, Fessenheim devra fermer" avait-elle déclaré en marge d’un déplacement à Strasbourg. 


Justine FAURE

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