C'est tard dans la nuit, au bout de douze heures de réunion, que les oppositions ont quitté la Maison d'éducation de la Légion d'honneur de Saint-Denis.C'est à cet endroit que se déroulait le sommet inédit avec Emmanuel Macron.À leur sortie, les chefs de partis ont affiché un certain scepticisme.
Douze heures de débats et aucune décision concrète. À la sortie de la Maison d'éducation de la Légion d'honneur de Saint-Denis, où se déroulait un sommet inédit entre Emmanuel Macron et les chefs de partis, les oppositions se sont montrées sceptiques quant aux avancées permises par cette réunion qui aura permis d'aborder de nombreux sujets. Débutée à quinze heures mercredi, elle s'est terminée à trois heures du matin ce jeudi, sans parvenir à un véritable consensus, mis à part le soutien à l'Ukraine.
À la fin du sommet, tous les participants se seraient mis d'accord pour prendre part à un nouveau rendez-vous, sans qu'une date ne soit déjà fixée. Les discussions doivent notamment se poursuivre sur d'autres thèmes comme la planification écologique ou la décentralisation.
Des débats "francs", pour Jordan Bardella
Premier à se présenter devant les médias à l'issue de cette réunion, le président du Rassemblement national Jordan Bardella a évoqué des débats "francs", mais s'est dit "dans l'incapacité" de préciser sur quoi ils déboucheraient. "Il n'y a pas de conclusion pour l'instant", a-t-il dit, confiant avoir le sentiment que "le président cherche un agenda dans cette rentrée".
Le dirigeant du parti d'extrême droite a assuré avoir dit à Emmanuel Macron "que la réforme des retraites avait évidemment créé un fossé entre lui et les Français" et qu'un référendum sur l'immigration, qu'il réclame, était la "seule mesure efficace". "J'espère lui avoir fait prendre conscience que le pays ne peut plus continuer dans cette direction", a encore ajouté Jordan Bardella.
Une "conférence sociale" obtenue par la gauche
Arrivés groupés à quatre en début d'après-midi, les chefs de la Nupes n'étaient plus que trois devant les caméras à la sortie de la réunion, en l'absence du numéro un communiste, Fabien Roussel. "On est venus, on a vu et on a été déçus", a dit la cheffe des écologistes Marie Tondelier, tandis que Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, lâchait à ses côtés avoir eu "l'impression de vivre 12 heures sur la planète Mars", face à un interlocuteur qui n'est pas "prêt à entendre" les propositions de la gauche.
"On est loin du grand soir", a renchéri le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, qui a décrit un président de la République qui "s'est engouffré dans les propositions de la droite". "Il cherchait à convaincre d'abord des gens avec qui il pourrait construire une majorité", a estimé Olivier Faure. Seul point positif à ses yeux, un engagement présidentiel sur une "conférence salariale", que l'alliance de gauche demandait. L'entourage du président a confirmé qu'il avait "validé" le principe de l'organisation d'une "conférence sociale" portant "sur les carrières et les branches situées sous le salaire minimum".
Eric Ciotti, "pour l'heure pas convaincu"
Très courtisé par la Macronie qui dépend souvent des voix de la droite à l'Assemblée en l'absence de majorité absolue depuis 2022, le patron du parti Les Républicains Eric Ciotti ne s'est pas exprimé publiquement en sortie de réunion. Sur France 2 ce jeudi 31 août, il s'est néanmoins déclaré "pour l'heure pas convaincu" et affirmé en attendre une traduction "concrète". "Je ne sais pas sur quoi tout ça va déboucher", a souligné le numéro 1 du parti Les Républicains, tout en reconnaissant que "l'exercice" était "opportun".
Côté Élysée, on salue "un grand moment politique, un grand moment d’unité, de reconnaissance et de responsabilité", estimant que la "main tendue" d'Emmanuel Macron avait été "fructueuse" au regard de la durée des échanges. Concernant les référendums, l'entourage du chef de l'État a expliqué que le seul point d'accord à ce stade était d'approfondir le débat sur la possibilité d'en élargir le champ d'application, au regard des propositions des oppositions.
La droite et l'extrême droite ont effectivement proposé d'interroger les Français sur l'immigration tandis que la Nupes souhaitait un référendum sur la réforme des retraites. Fin de non-recevoir du président sur ce dernier point, selon les leaders de gauche. À l'issue du sommet, Emmanuel Macron a par ailleurs fait savoir qu'il ferait "parvenir dans les prochains jours une lettre synthétisant les échanges et les titres de travail proposés, que chacun pourra amender, pour poursuivre" les discussions, selon son entourage.