"Sans dents" : Hollande a-t-il eu raison de répondre à Valérie Trierweiler ?

Publié le 10 septembre 2014 à 20h57
"Sans dents" : Hollande a-t-il eu raison de répondre à Valérie Trierweiler ?

ANALYSE - Dans un entretien au Nouvel Observateur à paraître jeudi, François Hollande s'essaye à une nouvelle forme de communication : sur le ton de la confession, le président répond en homme blessé aux attaques de son ex-compagne. Cette méthode est-elle efficace ?

Un entretien confession, à cœur ouvert. C'est un François Hollande "blessé", décrit comme "assommé par la violence du choc" qui revient longuement sur les attaques de son ex-compagne dans un long entretien à paraître jeudi dans le Nouvel Observateur. Dans le brûlot de Valérie Trierweiler "Merci pour ce moment", le passage sur les "sans-dents" l'a particulièrement touché. "Cette attaque sur les pauvres, les plus démunis, je l'ai vécue comme un coup porté à ma vie tout entière", confie ainsi le chef de l'Etat.

Et d’enchaîner, sur un ton toujours très personnel : "Vous croyez que j'ai oublié d'où je viens ? Mon grand-père maternel, petit tailleur d'origine savoyarde, vivait avec sa famille dans un modeste deux-pièces à Paris. Mon grand-père paternel, lui, était instituteur, issu d'une famille de paysans pauvres du nord de la France. Et vous croyez que je pourrais mépriser le milieu d'où je tiens mes racines, ma raison de vivre ?"

>> Lire ici les extraits de l'entretien de François Hollande

"Un message dilué"

Un style et un ton inhabituel pour François Hollande, qui abat ici une nouvelle barrière et se montre en homme blessé. A vif. D'après nos informations, le chef de l'Etat a décidé seul de faire cette interview, ignorant des conseils de son équipe de communication. Affrontant seul et à sa façon la tempête, comme il aime le faire, François Hollande aurait arrangé l'entretien directement avec le journaliste Serge Raffy, son ami et biographe.

Sauf que "ce coup de com' est raté", pour Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de la communication politique. D'abord parce que ce cri du cœur, "François Hollande a choisi de le pousser dans la presse écrite ». Rien de tel pour "diluer le message" : "si on veut toucher les gens, il faut que l'on se montre sans notes face aux Français, donc à la télévision, et que l'on s'adresse directement à eux et pas à un journaliste", analyse le spécialiste pour metronews.

Ensuite parce qu' "en rajouter, c'est entretenir la polémique", poursuit le communicant." François Hollande n'aurait pas dû répondre une nouvelle fois , d'autant que ses proches se sont déjà chargés de le défendre à la télévision". Autre effet pervers de cet entretien intime : "le format rappelle les confessions de Cahuzac et DSK, souligne le spécialiste. Hollande prend ainsi les habits de l'accusé, en position défensive". En termes de communication, c'est donc un zéro pointé. Le chef de l'Etat espérait déminer le terrain avant sa grande conférence de presse jeudi 18 septembre. S'est-il lui-même piégé ? Oui, estime Philippe Moreau-Chevrolet : "Il va d'autant plus être interrogé sur ses affaires privées qu'il a lui-même choisi de communiquer sur le sujet. Il a ouvert la boîte de Pandore".


La rédaction de TF1info

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