LES REPUBLICAINS - L'ex-chef de l'Etat et l'ancien Premier ministre tiennent ce mercredi soir un meeting commun à Limoges pour soutenir la liste LR aux élections régionales. Un armistice entre les deux probables adversaires principaux à la primaire de 2016, mais certainement pas la paix...
Rangez la porcelaine, ils arrivent ! Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, considérés à ce jour comme les deux principaux rivaux de la primaire à droite, tiennent ce mercredi soir un meeting commun à Limoges pour soutenir la liste "Les Républicains" aux élections régionales de décembre. Ce qui promet, au vu des précédents, un climat électrique...
En quarante ans de carrière politique, tous deux avaient pourtant réussi à se croiser, à se suivre, même à rivaliser sans s'affronter réellement. De dix ans l'aîné, Alain Juppé devient ministre quand Nicolas Sarkozy n'est "que" maire de Neuilly. Et quand il est nommé à Matignon par Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy démarre une traversée du désert pour avoir soutenu le frère ennemi, Edouard Balladur, lors de la présidentielle de 1995. En 2007, leur affrontement programmé pour la présidentielle n'aura pas lieu, sa condamnation dans l'affaire des emplois fictifs interrompant l'élan du maire de Bordeaux. Sitôt élu, Nicolas Sarkozy rappellera toutefois le "sage" au gouvernement. Las, Alain Juppé devra le quitter un mois plus tard, après avoir perdu les législatives. Il y reviendra en 2011, en tant que patron du Quai d'Orsay.
Le duel Chirac-Balladur inversé ?
Faisant mentir l'adage selon lequel s'aimer, c'est regarder dans la même direction, c'est maintenant que leurs destins se croisent qu'ils se détestent. Jusqu'à rejouer le duel fratricide Chirac-Balladur, qui avait déchiré la droite en 1995 ? Vingt ans plus tard, les ingrédients sont là, même s'ils sont ironiquement inversés... Ex-bras droit de Chirac, Juppé joue en effet le rôle de Balladur : il a soutien de l'opinion. Et Sarkozy, qui était le porte-parole de Balladur, porte aujourd'hui le costume de Chirac : il contrôle le parti. "Ils se connaissent depuis 40 ans et ont été amis pendant 37. Aujourd'hui, l'ambiance est à la veillée d'armes", reconnaît Gilles Boyer, conseiller de l'ex-Premier ministre, dans un livre à paraître ce mercredi*. Retour sur ce qui s'apparente plutôt, depuis plus d'un an, aux prémices d'une guerre ouverte...
► Février 2014 : "Il faudra qu’il renouvelle son stock d’idées"
La flèche à Nicolas Sarkozy est décochée dans une interview donnée aux
Inrocks
par le maire de Bordeaux, qui envisage le retour de l'ex-Président dans l'arène politique. Et prévient : "On n’est plus en 2007, la France a changé, le monde a changé".
► Printemps 2014 : "Qu'il se présente, il me rajeunit !"
Ce propos rapporté est le tacle que l'ex-Président, alors momentanément retiré de la vie politique, se plairait à répéter à ses visiteurs. Auquel il ajoute, selon
Les Echos
, ces autres amabilités : "Moi, je n'ai jamais été condamné ! Et au fait, c'est quoi le bilan réformateur d'Alain Juppé ? Il est nul."
► 25 juin 2014 : "Vaut mieux un sexa en forme qu'un quinqua amorti"
La réponse du berger à la bergère est livrée en public par Alain Juppé, sur BFMTV. Précisons que depuis lors, les deux ont changé de catégorie : Alain Juppé a fêté ses 70 ans, et Nicolas Sarkozy ses 60 ans.
► 20 août 2014 : Le réveil de la force
Alors que la menace du retour de Nicolas Sarkozy en politique se fait de moins en moins fantôme, Alain Juppé se décide à prendre sa revanche de l'occasion manquée en 2007 :
d'une note de blog
, il annonce sa candidature à la primaire de 2016. L'ex-Président aura pourtant essayé de s'en faire un allié. "'Il n'y a que toi et moi', lui serina-t-il pendant de longs mois, avant son retour dans l'arène", racontent Renaud Dély et Henri Vernet dans le livre Frères ennemis*. La contre-attaque de Nicolas Sarkozy intervient un mois plus tard : sur France 2, il se déclare candidat à la présidence de l'UMP.
► 21 septembre 2014 : "En matière d'ennuis judiciaires, vaut mieux pas se livrer à un match…"
Le maire de Bordeaux répond sur
Europe 1
aux sarkozystes, qui n'ont de cesse de rappeler sa condamnation en 2004 dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. La liste est longue, en effet, des affaires dans lesquelles le nom de l'ancien chef de l'Etat est cité (voir ici la liste de ses ennuis judiciaires)
► 22 novembre 2014 : Juppé hué à Bordeaux
Maire de la ville, Alain Juppé arrive pourtant en terrain hostile quand il se rend au meeting de Nicolas Sarkozy. Lequel n'intervient pas et assurera par la suite
n'avoir pas entendu les sifflets
.
► 7 février 2015 : Juppé hué à Paris
La scène se répète au Conseil national de l'UMP, à la Mutualité à Paris. Cette fois, Nicolas Sarkozy s'est contenté, avant de laisser la tribune, d'appeler les militants à "l'amitié".
► Printemps 2015 : "Il va falloir s'occuper de son cas"
Après la parution d"un sondage du Parisien donnant le maire de Bordeaux victorieux de leur combat, Nicolas Sarkozy décide selon le Canard enchaîné de prendre le taureau par les cornes, partant de ce constat : "On lui a laissé trop de champ libre, à Juppé."
► 30 mai 2015 : L'UMP enterrée, l'unité avec
Au congrès fondateur de "Les Républicains" (LR), censé faire oublier l'UMP, la salle parisienne bourrée de sarkozystes hue encore une fois le maire de Bordeaux. Un cliché publié dans
Le Point
sera analysé comme un résumé de leur relation : on y voit Alain Juppé quitter la tribune les mâchoires crispées tandis que Nicolas Sarkozy, s'apprêtant à y monter, semble l'invectiver. En réalité, selon l'hebdomadaire, Sarkozy lui crie d'attendre pour la photo de la poignée de main.
► 6 septembre 2015 : L'artificielle photo de famille
Réunis à la Baule pour la journée d'université du parti, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon consentent à poser ensemble. Mais arrivés séparément, ils repartiront séparément, sans autre manifestation d'unité.
► 12 septembre 2015 : Juppé provoque Sarkozy
Alors que l'ancien Président croit être le seul ténor de la primaire à avoir fait le déplacement au campus des Jeunes Républicains au Touquet, Alain Juppé débarque à l'improviste. Après son bain de foule, il repart sans avoir croisé Nicolas Sarkozy. Lequel réagira sur le ton de l'humour à la tribune : "On est assez intelligent pour se comprendre, s’accepter, faire comme si on s’entendait très bien. Je vous assure qu’on finit par le croire !" Rires de l’assistance...
*Frères ennemis, par Renaud Dély et Henri Vernet, éd.Calmann-Lévy
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