EXTRÊME DROITE - "Scandalisé" par des actions anti-migrants menées dans les Pyrénées, Gérald Darmanin envisage la dissolution de Génération Identitaire. Un sujet récurrent depuis plusieurs années, mais jamais tranché. Le parquet a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête préliminaire contre le groupuscule.
Les dernières actions de Génération Identitaire vont-elles mener à sa dissolution ? "Scandalisé" par des opérations anti-migrants menées notamment dans les Pyrénées, Gérald Darmanin a annoncé mardi avoir demandé à ses services de réunir les éléments susceptibles de mener à l'interdiction du groupuscule d'extrême-droite.
"Si les éléments sont réunis, je n'hésiterais pas à proposer la dissolution", a déclaré le ministre de l'Intérieur, qui condamne pour la première fois publique "le travail de sape de la République des militants de Génération identitaire". Le ministère agira "évidemment dans le cadre des lois et des règlements de la République en proposant notamment, une fois que ces éléments seront réunis, le contradictoire dû à chaque association", a-t-il précisé.
Le parquet a par ailleurs annoncé mardi après-midi l'ouverture d'une enquête préliminaire pour provocation à la haine concernant l'action de Génération identitaire dans les Pyrénées.
Actions répétées
Plusieurs élus d’Occitanie dont la présidente socialiste de région, Carole Delga, avaient demandé la semaine dernière au ministère de l'Intérieur la dissolution de "ce groupuscule d'extrême droite violent et dangereux" après leur action coup de poing dans les Pyrénées. Mardi dernier, une trentaine de militants de GI "dans des voitures sérigraphiées 'Défend Europe'" se sont installés au Col du Portillon, certains sont "partis en randonnée" et utilisant "un drone" pour surveiller la frontière. Le groupuscule entendait ainsi lutter contre "le risque terroriste et migratoire" dans les Pyrénées.
En décembre, Génération identitaire et trois de ses cadres avaient été relaxés par la cour d'appel de Grenoble pour des précédentes opérations anti-migrants menées en 2018 dans les Alpes, à la frontière franco-italienne.
En novembre 2020, le député LFI Eric Coquerel avait déjà demandé au gouvernement la dissolution du mouvement alors qu'un assaillant, abattu à Avignon le 29 octobre après avoir pris pour cible un automobiliste et des policiers, avait arboré un blouson à l'effigie de Génération Identitaire. Des associations l'avaient également réclamé en décembre, après une action du groupuscule pour perturber une soupe solidaire au profit de migrants. Une pétition demandant la dissolution, appuyée par SOS Racisme, avait recueilli près de 8000 signatures auparavant.
Si plusieurs membres du groupuscule ont déjà été condamnés par la justice, y compris à des peines de prison ferme, la dissolution administrative de l'association n'est pas aussi simple à faire prononcer et nécessite la constitution d'un dossier juridiquement solide, démontrant par exemple un “discours d’incitation à la haine et à la discrimination” ou encore des "attroupements à caractère violent”, comme le signalait en novembre le HuffPost.
L'Intérieur avait déjà le mouvement dans le collimateur auparavant. L'exécutif étudiait déjà, en 2019, la possibilité de dissoudre Génération Identitaire, mais butait sur l'absence d'usage avéré de la violence. "L’Intérieur et la Justice, sur le principe, sont plutôt partants pour la dissolution, et ont exploré les solutions légales", indiquait à Libération une source proche du dossier, en avril 2019. "Le problème est que les animateurs de Génération identitaire connaissent le droit et jouent sur ses limites. Ils occupent des lieux publics, ils en perturbent l’accès mais ils ne mènent pas d’actions violentes."
Dès 2012, sous le mandat de François Hollande, l'ancien Premier ministre Manuel Valls avait déjà mis à l'étude la possibilité de dissoudre le groupuscule tout juste créé, après l'occupation par ce dernier du chantier de la grande mosquée de Poitiers.
Génération Identitaire, qui se définit comme "un mouvement politique de jeunesse qui rassemble des garçons et des filles à travers toute l'Europe", appelant à "relever la tête face à la racaille", a présenté sa dernière action dans les Pyrénées comme une action de "sécurisation de la frontière" face au "risque terroriste et migratoire".
Ces dernières semaines, le ministère de l'Intérieur a obtenu la dissolution d'associations soupçonnées d'accointances avec l'islamisme (CCIF, BarakaCity, collectif Cheikh Yassine), dans le cadre de la lutte contre les séparatismes, objet d'un projet de loi en cours d'examen.
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