Scission ou maintien au PS, présidentielle : quel avenir pour les frondeurs socialistes ?

Publié le 13 mai 2016 à 12h04
Scission ou maintien au PS, présidentielle : quel avenir pour les frondeurs socialistes ?

STRATEGIE – Après l'échec de la motion de censure de gauche contre le gouvernement, mercredi, les opposants socialistes à la loi El Khomri sont au pied du mur. Quitter le PS ? Faire émerger une nouvelle voie au sein du parti pour 2017 ? Rentrer dans le rang ? Toutes les hypothèses semblent ouvertes, d'autant que les positions divergent.

Ils se sont opposés avec acharnement à la loi Macron, puis à la réforme de la déchéance de nationalité, et aujourd'hui à la loi Travail. Pourtant, les fameux "frondeurs", ces députés socialistes qui s'opposent à la ligne de Manuel Valls et de son gouvernement, n'ont jamais signé les papiers du divorce, malgré les appels du pied des autres partis de gauche. A deux voix près, mercredi, la motion de censure "de gauche" contre le gouvernement, cosignée pour moitié par des socialistes, a échoué. Alors que des divergences de fond ne cessent de s'accentuer, notamment sur la réforme controversée du code du travail, personne ne semble envisager à haute voix une scission au sein du PS. Pourquoi donc leur stratégie est-elle si illisible ?

► Ils ne parlent pas d'une seule voix
Mercredi, sur 56 députés prêts à voter une motion de censure contre le gouvernement Valls, 28 étaient des socialistes. Les fameux "frondeurs", représentants de l'aile gauche du parti. Parmi eux : Benoît Hamon, Aurélie Filippetti ou encore Laurent Baumel, proche d'Arnaud Montebourg. Il leur a manqué 2 voix pour déposer cette motion. Force est de constater qu'ils n'ont pas fait le plein parmi les opposants socialistes à la loi Travail. Lors du retour du texte à l’Assemblée en deuxième lecture, "la gauche peut avoir 58 signatures pour une motion de censure", a d'ailleurs estimé vendredi la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann

Les grands absents de jeudi : les députés proches de Martine Aubry, comme François Lamy et Jean-Marc Germain, qui ont dit "niet" à la motion de censure au motif qu'ils ne souhaitent pas renforcer la droite. "Le Premier ministre divise et affaiblit suffisamment la gauche pour qu'on n'en rajoute pas", a argumenté François Lamy. De fait, Martine Aubry s'oppose à la perspective d'une scission au sein du PS. Vendredi matin, Jean-Marc Germain, lançait même un appel à l'unité, appelant ses camarades à trouver un compromis sur le texte qui les divise et demandant à rencontrer Manuel Valls.

► Ils sont menacés d'exclusion
Les opposants à la loi Travail sont sous la pression constante du gouvernement et de l'état-major du PS. La règle est édictée. Seraient-ils tentés (ce qui n'est manifestement pas le cas) de voter jeudi après-midi l'autre motion de censure, celle déposée par la droite ? "Il y aurait une sanction pour tous ceux qui le feraient", résume auprès de metronews Olivier Faure, député PS de Seine-et-Marne. Entendre : une exclusion pure et simple du PS, cette "ligne rouge" évoquée ces dernières heures par le patron des députés PS, Bruno Le Roux. Avec la conséquence logique : ne plus pouvoir briguer un nouveau mandat législatif en 2017 en se prévalant de l'étiquette et de l'appui logistique du PS. Jeudi, le premier secrétaire du Parti, Jean-Christophe Cambadélis, a annoncé avoir saisi la Haute Autorité éthique du PS au sujet des 24 députés socialistes qui ont signé la motion de censure de la gauche. Des sanctions pourraient être prises à leur encontre. En outre, un député PS a pris les devants : Patrick Lebreton (La Réunion) a annoncé qu'il quittait le parti après 34 ans de militantisme,  dénonçant le recours au 49.3 .

► Leur stratégie pour 2017 reste floue
Parmi les frondeurs, certains ont une perspective claire. Laurent Baumel, l'un des leaders de la fronde contre la loi Travail, ne la cache pas. Il sera lundi aux cotés d'Arnaud Montebourg pour l'ascension du Mont Beuvray, à l'occasion de laquelle ce dernier a promis des annonces fracassantes. Et pourquoi pas une candidature à une hypothétique primaire de gauche ? "On verra dans les prochaines semaines si une candidature alternative à gauche émerge", s'est contenté pour le moment d'indiquer Laurent Baumel, mercredi sur BFMTV. Le nom de Benoît Hamon, autre figure de "l'aile gauche", est régulièrement évoqué.

Reste à savoir quelles sont les intentions des autres opposants à Manuel Valls (et à François Hollande). Le camp de Martine Aubry n'a pas de candidat officiellement déclaré, même si cette dernière  se montre favorable à une primaire de gauche.  D'autres opposants pourraient enfin se rallier à terme par défaut à une nouvelle candidature de François Hollande si celle-ci se confirme. Mais l'hypothèse d'enterrer la hache de guerre au PS ne semble pas être un scénario privilégié pour l'heure. La preuve : selon Le Figaro et RTL , Martine Aubry et ses soutiens prévoient d'organiser leur propre université d'été, parallèle à celle du PS, en juillet ou en septembre.

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Vincent MICHELON

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