OPPOSITION - L'examen de la proposition de loi sur la "sécurité globale" suscite un fort clivage entre la gauche, qui dénonce des atteintes aux libertés, et la droite, favorable au texte.
Compétences étendues pour les polices municipales, restrictions dans la diffusion d'images de policiers, généralisation du recours à la surveillance par drone... La proposition de loi relative à la sécurité globale, portée par des députés LaREM, suscite de fortes tensions, alors que le texte est examiné cette semaine en vue d'une adoption vendredi dans le cadre de la procédure accélérée.
Une manifestation organisée à l'appel de plusieurs organisations contre cette proposition de loi, mercredi soir aux abords de l'Assemblée nationale, a conduit à des affrontements avec les forces de l'ordre et s'est soldée par 33 interpellations et 10 blessés légers - dont 9 membres des forces de l'ordre. Au même moment, dans l'enceinte du Palais Bourbon, les députés entamaient sous tension l'examen d'un texte qui divise plus que jamais la gauche et la droite, objet de plus de 1300 amendements.
Des crispations jusqu'au Modem
À l'instar des organisations de défense des droits de l'homme, mais également de la Défenseure des droits, l'opposition de gauche dénonce le texte dans sa globalité, y voyant une multitude d'atteintes potentielles à la liberté d'expression, sous prétexte de "protéger ceux qui nous protègent", selon l'expression des concepteurs de la proposition de loi. C'est surtout l'article 24, celui qui pénalise la diffusion malveillante d'images de policiers, qui suscite la mobilisation.
"Monsieur Darmanin, vous êtes l'exécutant de deux syndicats de police qui sont en train de pourrir la relation de la police et la population", a dénoncé mercredi soir Jean-Luc Mélenchon, dont le groupe LFI avait déposé une motion de rejet préalable au début de la séance. "Vous n'avez cessé de réduire les libertés publiques et vous avez petit à petit fait entrer dans le droit commun les mesures d'abord exceptionnelles que vous aviez prises."
Pour l'ancien candidat socialiste à la présidentielle de 2017 Benoît Hamon, "le gouvernement n'arrive à convaincre personne parce qu'objectivement dans la pratique, cet article de loi empêchera le citoyen d'être correctement informé", a-t-il dit sur BFMTV. "Le PS s'oppose notamment à l'article 24 susceptible de remettre en cause le droit d'informer", a également expliqué le patron des socialistes, Olivier Faure. "Oui à la protection des policiers, non aux atteintes à la liberté d'expression et de la presse."
Le Modem, pourtant allié à la majorité LaREM, a également réservé son vote en fonction de l'adoption de certains amendements en séance. Le parti de François Bayrou a notamment déposé un amendement de suppression de l'article 24.
Pour la droite, un texte qui va "dans le bon sens"
Pas question, pour l'opposition LR, de remettre en cause cet article 24 relatif à la diffusion d'images des visages des policiers. Le patron du groupe, Damien Abad, a prévenu jeudi matin sur RFI que les députés Républicains s'opposeraient à la tentative de suppression de l'article polémique, ajoutant qu'ils soutiendraient également "très clairement" le texte dans son ensemble.
"Aujourd'hui, on doit protéger les policiers, les gendarmes et les pompiers", a-t-il justifié. "Il faut trouver le bon équilibre juridique qui permette de protéger la liberté de la presse [et] distinguer le travail des journalistes de celui qui va mettre la photo d'un policier sur les réseaux sociaux avec son adresse."
"Je ne veux pas qu'on interdise de filmer, je veux qu'on interdise de lyncher", a également souligné, sur Sud Radio, le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde pour justifier son soutien à la loi.
Côté Rassemblement national, le porte-parole du mouvement, Sébastien Chenu, a indiqué sur France Info avoir "plutôt envie de voter ce texte aujourd’hui", ajoutant : "Ce n’est pas une grande loi" mais "elle permettrait de protéger ceux qui nous protègent".
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