La secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et du Service national universel a dit mercredi souhaiter "la généralisation" du SNU, promesse de campagne d'Emmanuel Macron.Prisca Thévenot avait dit l'inverse au mois d'août, à l'instar du gouvernement qui semble changer très régulièrement d'avis sur le sujet sans jamais rien acter de concret.
Que faire du service national universel ? Le laisser optionnel ou le rendre obligatoire ? L'élargir à un plus grand nombre ? Voilà des années que le gouvernement change d'avis très régulièrement et ne sait pas vraiment quelle direction donner à ce service national mis en place par Emmanuel Macron en 2017 pour renforcer le lien entre l'armée et la nation. Ce mardi 19 septembre sur Brut, la secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et du SNU, Prisca Thévenot, a indiqué qu'elle souhaitait qu'il "devienne un passage républicain pour toute une génération" via "une obligation qui sera une généralisation".
Le SNU, qu'est-ce que c'est ? Aujourd'hui, il s'adresse aux jeunes âgés de 15 à 17 ans qui s'engagent à participer aux deux premières phases du SNU, à savoir le séjour de cohésion de deux semaines et la mission d'intérêt général. Cette dernière se déroule en dehors du temps scolaire ou du temps de travail et doit durer au moins 84 heures et jusqu'à 12 jours. Elle peut être réalisée en continu ou de manière perlée sur une année. Le SNU n'est pas obligatoire et s'effectue sur la base du volontariat, rappelle son site internet.
Une promesse de campagne d'Emmanuel Macron
En 2017, Emmanuel Macron avait fait du SNU l'une de ses promesses de campagne. L'ex-ministre de l'Économie souhaitait instaurer un service national de courte durée, obligatoire et universel, pour permettre à l'ensemble de la jeunesse de faire l'expérience de la vie militaire et d'être des acteurs de la défense. Il évoquait le nombre de 600.000 jeunes concernés tous les ans, dans les trois années suivant leurs 18 ans. L'expérimentation officielle a été lancée en 2019 dans 13 départements. En 2022, elle concernait 32.000 jeunes, contre 50.000 attendus.
Depuis, les ambitions d'obligation ne se sont jamais concrétisées. À plusieurs reprises, les membres du gouvernement en charge du dossier ou le président de la République lui-même ont indiqué ou laissé penser qu'ils y renonçaient. Dans ses vœux pour l'année 2023, le chef de l'État avait promis de poser "dans les toutes prochaines semaines ou prochains mois les premiers jalons d'un service national universel". "J'aurai l'occasion d'y revenir dans les semaines à venir", avait-il réaffirmé le 20 janvier devant les armées. "Nous nous préparons à le généraliser" à tous les jeunes Français, avait alors détaillé l'Élysée.
En mars dernier, le sujet était revenu sur le devant de la scène, l'hebdomadaire Politis citant un document de l'Éducation nationale évoquant un SNU "progressivement obligatoire", après une expérimentation "à la rentrée scolaire 2023/2024 dans six départements". La secrétaire d'État de l'époque, Sarah El Haïry, indiquait alors qu'elle "continu[ait] de travailler sur les deux hypothèses qui tiennent la corde : celle d'une éventuelle généralisation sur le temps scolaire", qui a sa préférence, et "celle d'un SNU qui ne serait pas généralisé sur le temps scolaire et resterait volontaire".
Je pense qu’on ne peut pas le rendre obligatoire dans tout le pays du jour au lendemain"
Emmanuel Macron
Quelques jours plus tard, un rapport sénatorial recommandait de "surseoir" à la généralisation du SNU en raison du flou et du coût du dispositif, et à la fin du mois, des médias indiquait que l'Élysée y avait aussi renoncé. En tout cas, l'exécutif avait pris la décision de retirer de la loi de programmation militaire (LPM) des éléments de financement concernant le SNU. "Vu le contexte de mobilisation chez les jeunes, le SNU serait le carburant qui allume l'incendie", affirmait le ministère des Armées.
"Je pense qu’on ne peut pas le rendre obligatoire dans tout le pays du jour au lendemain", en raison du "défi logistique", avait déclaré le président de la République face aux lecteurs du Parisien en avril, en précisant que le service national universel s'appliquerait au départ dans "quelques départements, puis un peu plus". En août, Prisca Thévenot elle-même avait exprimé un avis très différent de celui donné ce mercredi au média Brut. "Il n'y aurait rien de pire que de forcer un jeune à aller faire le Service national universel, ça serait, je pense même contre-productif", avait-elle déclaré sur Franceinfo. "Mettons en place tous les moyens pour que ce soit quelque chose de volontaire et de voulu", ajoutait-elle.