Sortir la Grèce de l'euro : en France, qui dit quoi ?

Publié le 6 juillet 2015 à 13h02
Sortir la Grèce de l'euro : en France, qui dit quoi ?

MONEY MONEY MONEY – Depuis le "non" grec au référendum sur la dette, les politiques français multiplient les postures sur une sortie (ou pas) du pays de l'euro. Des clivages qui traversent les sensibilités partisanes.

Il y a ceux qui prédisent le cataclysme. Puis ceux qui annoncent des lendemains qui chantent. Enfin, il y a ceux qui en feraient bien une sanction pour l'exemple contre la Grèce. Au lendemain du "non" grec au référendum sur les propositions des créanciers pour régler la dette, la classe politique française est totalement divisée sur la question de la sortie du pays de la zone euro. Les clivages traversent les sensibilités partisanes. Essayons d'y voir plus clair.

► Ceux qui veulent sortir la Grèce de l'euro pour l'exemple
La version punitive de la sortie de l'euro s'inscrit dans la droite ligne de la fermeté allemande, de la chancelière Angela Merkel au président social-démocrate du Parlement européen Martin Schulz. Chez les Républicains, Nicolas Sarkozy, qui attend la prise de position franco-allemande pour s'exprimer, a pris les devants dès mercredi, avant le vote grec. Par sa posture, estimait l'ancien Président, le gouvernement grec " a suspendu de lui-même l'appartenance de la Grèce à la zone euro ".

Depuis dimanche soir, plusieurs de ses lieutenants confirment cette position punitive vis-à-vis du gouvernement grec. Illustration avec le député Eric Woerth, en charge du projet des Républicains pour 2017, qui amorce le scénario de sortie de l'euro : 


Une logique reprise sans détour par le député-maire de Nice Christian Estrosi, pour qui " le 'non' grec a pour conséquence la sortie de l'euro ". Et de sommer le président François Hollande de "ne pas se coucher devant Alexis Tsipras", le chef du gouvernement grec. La position dure a été confirmée ce lundi par un communiqué du parti : "Ce vote, il faut le dire, éloigne encore un peu plus la Grèce de ses partenaires de la zone euro", préviennent Les Républicains. Tout en reconnaissant que "la sortie de la Grèce de la zone euro aurait des conséquences politiques et économiques que nul ne peut aujourd’hui prévoir". Même chez les centristes, Jean-Christophe Lagarde, patron de l'UDI, explique que " la présence de la Grèce dans la zone euro n'est, à terme, plus praticable ".

C'est finalement Alain Juppé, le maire de Bordeaux, qui va le plus loin dans cette logique . "La Grèce, dit-il, n’est plus en mesure aujourd’hui d’assumer les disciplines de la zone euro […] Nous devons l’aider à organiser sa sortie, sans drame."

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► Ceux qui veulent sortir la Grèce de l'euro "pour son bien"
Qu'ils soient de droite (surtout) ou de gauche, les souverainistes préconisent eux aussi la sortie de l'euro, mais pas comme une punition. Au contraire, expliquent-ils, cela libérerait la Grèce. Pour Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, "il faut une sortie organisée et concertée du carcan de l'euro. La nouvelle monnaie grecque lui permettra de récupérer des marges de manœuvre, de relancer son économie, notamment le tourisme et l’agriculture, tout en restant protégée par la solidarité européenne".

Une position partagée, à gauche, par le souverainiste Jean-Pierre Chevènement. Ce dernier indiquait, lundi sur Europe 1, que "les Grecs ont dit non à la monnaie unique, qui est une hérésie, et aux diktats des créanciers". A l'extrême droite, le Front national, hostile à l'euro, voit également dans le référendum grec une porte de sortie honorable. Lundi, sa présidente, Marine Le Pen, appelait l'Europe à "constater l’échec radical de l’euro et de l’austérité, et organiser la dissolution concertée de la monnaie unique".

► Ceux qui veulent garder la Grèce dans l'euro
C'est la position d'une grande partie de la gauche même si, à droite, quelques voix comme l'ex-commissaire européen Michel Barnier (Les Républicains) y semblent également attachées. Au Parti socialiste, le ministre des Finances Michel Sapin et celui de l'Economie, Emmanuel Macron, s'opposent au scénario d'une exclusion de l'euro et mettent en avant les négociations à venir. "La sortie de l'euro n'est pas une option", a également jugé Claude Bartolone, le président PS de l'Assemblée nationale.

Dans la foulée, les eurodéputés socialistes ont également assuré lundi qu'ils s'opposeraient "à ceux qui veulent humilier la Grèce en cherchant à l'exclure de la zone euro".

► Ceux qui veulent changer l'euro plutôt que la Grèce
A gauche, Jean-Luc Laurent, président du Mouvement républicain et citoyen (MRC), l'ancien parti de Jean-Pierre Chevènement, propose de " prendre une année pour réinitialiser l'euro en transformant la monnaie unique en une monnaie commune ".

Au PCF, le secrétaire national, Pierre Laurent, préfère demander à la France de prêter soutien à la Grèce dans les négociations avec les créanciers en " refusant une stratégie d'isolement ". Le leader du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a également estimé que "les Grecs sont membres de l'euro et de l'Europe. Il n'existe aucun moyen de les en chasser". Changer l'euro, donc, plutôt qu'en chasser les amis grecs.


Vincent MICHELON

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