Taxe sur les superprofits : l'idée fait son chemin dans la majorité

J.F
Publié le 5 septembre 2022 à 16h04

Source : Sujet TF1 Info

La présidente de l'Assemblée nationale a expliqué ce lundi que la question de la taxation des superprofits devait "être traitée" et envisagée.
"Pas nécessairement (…) sous forme d’une taxation, mais je pense qu’il faut qu’on trouve un dispositif", a déclaré Yaël Braun-Pivet, évoquant une contribution exceptionnelle ou l’alimentation d’un fonds.
Une position qui va à rebours de celle de Bercy et qui ouvre une brèche au sein de la majorité.

Le gouvernement allemand envisage de mettre à contribution les profits exceptionnels des entreprises énergétiques, relançant le débat en France. Alors qu’il s’agit d’une des principales revendications de la Nupes, qui souhaite lancer un référendum d’initiative partagée sur le sujet, le gouvernement français ne semble pas faire figurer la taxation des superprofits dans ses priorités de la rentrée, marquée par la crise du pouvoir d’achat.

Pourtant ce lundi 5 septembre, une voix au sein de la majorité est venue plaider en ce sens. Sur France Inter, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a estimé qu’il fallait envisager cette solution, "pas nécessairement (…) sous forme d’une taxation, mais je pense qu’il faut qu’on trouve un dispositif", par exemple une contribution exceptionnelle ou l’alimentation d’un fonds, a-t-elle expliqué. 

"Je pense qu’il faut que l’on regarde comment rétablir plus d’équité et de justice. A l’Assemblée nationale nous avons lancé une mission d’information rassemblant opposition et majorité pour savoir comment nous traitons cette question. Je pense que cette question doit être traitée et nous ne pouvons pas ne rien faire et laisser cette situation perdurer", a-t-elle ajouté, constatant que la conjoncture actuelle a permis à des entreprises de voir leurs bénéfices "augmenter de façon exponentielle" quand dans le même temps elle a entraîné "des difficultés pour les Français pour subvenir à leurs besoins primaires".

Bercy campe sur sa position

Encore dimanche, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait tout de suite réagi à l'annonce de l'Allemagne en assurant qu'il ne s'agissait "absolument pas" d'une taxe, refusant de mettre son voisin dans la liste des pays européens décidés à faire contribuer les entreprises les plus riches. Cette contribution cible "les entreprises qui bénéficient du prix du gaz alors qu'elles produisent de l'électricité à partir du charbon, du nucléaire ou d'énergies renouvelables", s'est justifié le ministère. "C'est exactement ce que la France fait (...) Les mécanismes ne sont pas forcément les mêmes, mais la logique l'est (...) et elle ne relève en rien de la fiscalité".

Ce lundi matin sur franceinfo, le ministre délégué chargé de l'Industrie Roland Lescure, sous la tutelle de Bruno Le Maire, a rappelé que son ministère croyait plutôt en la "responsabilité des entreprises". "Je préfère que Total électrifie les bornes dans toutes ses stations-service, je préfère que Total fasse des ristournes aux prix à la pompe, je préfère que Total fasse de la prime Macron pour tous ses salariés plutôt que de les taxer", a-t-il déclaré, demandant d'arrêter "de jeter la pierre aux grandes entreprises comme si c'était l'ennemi".

Si l'idée de taxer les superprofits des multinationales est fermement combattue par Bercy, la Première ministre Élisabeth Borne avait dit fin août qu'elle ne "ferm[ait] pas la porte" à cette idée, en dernier recours.


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