"Tout est off sinon je suis viré" : dans les coulisses de la guerre à l'UMP

Publié le 10 juillet 2014 à 14h46
"Tout est off sinon je suis viré" : dans les coulisses de la guerre à l'UMP

OPPOSITION – Depuis l'affaire Bygmalion, l'UMP vit au rythme des révélations et "des boules puantes" lancées successivement par les camps Copé, Fillon ou Sarkozy. Retour sur cette véritable guerre interne.

Ça balance plus que pas mal à l'UMP. Depuis l'affaire Bygmalion et la démission de Jean-François Copé, il ne se passe pas un jour sans qu'un cadre du parti ne se fasse épingler. Rachida Dati et ses factures téléphoniques astronomiques , Xavier Bertrand et ses vacances à Center Parcs , Geoffroy Didier et son salaire de 8500 euros , Jean-Pierre Raffarin et ses collaborateurs payés par l'UMP... Personne ne semble épargné. Car derrière ces révélations dans la presse, il y a les fameux "entourages de", qui n'hésitent plus à attaquer à tout va.

"Tout est off sinon je suis viré"

"C'est le bordel complet, ça sort de partout", déplore auprès de metronews un cadre de l'UMP. Depuis quelques jours, l'ambiance est "délétère" et "une sorte de chasse aux sorcières s'installe", selon lui. Mercredi, pour sourcer toutes ses révélations sur les membres de l'UMP , Le Canard enchaîné évoquait une annexe de l'audit  publié la veille, qui mentionnerait le train de vie - payé par le parti - de certains responsables. En réalité, cette annexe n'existe pas et les fuites ont eu lieu en interne. "L'annexe, c'est du pipeau. Le camp Fillon a tout balancé à la presse pour tuer les copéistes et les sarkozystes", accusent à la fois l'entourage de Jean-Pierre Raffarin et de Rachida Dati.

Et pour lâcher une "boule puante", la méthode est simple et très fréquente ces derniers temps à l'UMP. "Vous devriez enquêter sur le conseiller de Monsieur Fillon et sur le collaborateur de Raffarin. Je vous envoie des documents par mail, mais tout est off sinon je suis viré", nous lâche par exemple le conseiller d'un sarkozyste, qui accuse le camp Fillon "d'orchestrer toutes les fuites". Quelques heures plus tard, ce même conseiller nous enverra un SMS avec le lien d'un article du Lab révélant que François Fillon s'est fait payer des voyages en hélicoptère par l'UMP. Le but : aiguiller les journalistes pour les inciter à reprendre l'info et gêner telles ou telles cibles.

"Il y en a certains à l'UMP qui rémunèrent leurs collègues avec l'argent des collectivités"

L'un des membres épinglé par le journal satirique également joint par metronews, dit d'abord ne pas vouloir "alimenter cette guerre". "Je ne suis pas dans les attaques moi, je n'ai rien à me reprocher en plus", assure-t-il. Mais il ne peut s'empêcher de détourner le viseur : "Il y en a certains à l'UMP qui rémunèrent leurs collègues avec l'argent des collectivités et ça c'est grave".

Réunis en bureau politique mardi dernier , les cadres du parti ont donc fixé une priorité : trouver les responsables de toutes ces fuites. "Au dernier 'BP', Xavier Bertrand et Jean-Pierre Raffarin étaient furieux. Ils ont exigé une enquête interne pour retrouver les taupes. Et comme par hasard, François Fillon est le seul à être resté muet", nous lâche un responsable présent lors de la réunion. Et d'ajouter : "On sait déjà que c'est la direction financière qui fait tout fuiter".

Après la bataille de la présidence du parti entre Jean-François Copé et l'ancien Premier ministre, le parti ne s'est jamais vraiment remis de ses divisions. "Comme il n'y a pas de chef, c'est œil pour œil, dent pour dent. Dati est attaquée mardi sur ses factures et le mercredi c'est Fillon qui est épinglé pour avoir fait payer ses voyages en hélicoptère par notre formation. Maintenant les cadres partagent leur guerre d'ego avec l'opinion publique", explique un élu parisien qui se dit "consterné". Quand cette guerre pourra-t-elle s'arrêter ? Pour ce responsable du parti, seules deux issues sont possibles : "Quand les dirigeants feront primer l'intérêt général, ou quand l'UMP implosera".


La rédaction de TF1info

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