Tweet polémique sur Olivier Dussopt : l'Assemblée s'embrase et exclut pour 15 jours le député LFI

par J.F
Publié le 10 février 2023 à 18h07, mis à jour le 11 février 2023 à 10h56

Source : TF1 Info

Le refus de l'Insoumis Thomas Portes de s'excuser et de retirer son tweet contre le ministre du Travail Olivier Dussopt a interrompu l'examen de la réforme des retraites à l'Assemblée nationale, ce vendredi.
La séance a été suspendue à plusieurs reprises, et un bureau a été convoqué.
Le député a été sanctionné d'une exclusion de 15 jours.

À 16h13 ce vendredi 10 février après-midi, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, autorise le député LFI Thomas Portes à prendre la parole pour défendre un amendement. Mais ses collègues de la majorité, des Républicains et du Rassemblement national ne lui en ont pas laissé l'occasion. La raison ? Il est l'auteur d'un tweet le mettant en scène tout sourire le pied sur un ballon à l'effigie du ministre du Travail Olivier Dussopt. 

"Calmez-vous collègues, il n'y a pas de ballon ici", lance-t-il d'ailleurs, répondant aux invectives venant des autres bancs de l'hémicycle. "Ne soyez pas étonné", "je crois que l'hémicycle vous demande des excuses", lui a rétorqué la présidente de l'Assemblée nationale. Deux phrases qui ont poussé la présidente du groupe LFI Mathilde Panot à réclamer une suspension de séance et à estimer que Yaël Braun-Pivet faisait preuve d'impartialité. 

"Je retirerai mon tweet le jour où vous retirerez cette réforme"

Dix minutes plus tard, les parlementaires ne sont pas revenus moins apaisés dans l'Hémicycle. Au contraire. Les rappels au règlement des adversaires de La France insoumise se sont multipliés pour réclamer des excuses au député de Seine-Saint-Denis et lui demander de retirer son tweet. "Nous ne laisserons passer aucun comportement qui dégrade notre Assemblée nationale", a abondé la cheffe des députés Renaissance, Aurore Bergé, invoquant l'article 70 de l'institution qui sanctionne qui se rend "coupable d’outrages ou de provocations envers l’Assemblée ou son Président", ou "envers le Président de la République, le Premier ministre, les membres du Gouvernement et les assemblées prévues par la Constitution"

À l'issue d'une nouvelle suspension de séance de dix minutes, Thomas Portes a refusé de faire son mea culpa et de retirer son tweet. "Je retirerai mon tweet le jour où vous retirerez cette réforme qui va sacrifier des milliers de gens", a-t-il assuré, mettant encore un peu plus le feu aux poudres. Après de nouveaux rappels au règlement de membres de la majorité, la présidente de l'Assemblée nationale a décidé de convoquer un bureau pour y étudier une possible sanction contre Thomas Portes.

La plus forte sanction prévue par le règlement de l'Assemblée

"Compte tenu de ce qui est en train de se passer dans l'hémicycle et de l'absence d'excuse de monsieur Portes qui provoque manifestement un tumulte dans cette assemblée, je convoque un bureau immédiatement", a-t-elle déclaré. "Monsieur Portes, vous y êtes convoqué pour y être entendu." 

Le bureau de l'Assemblée nationale, composé de la présidente, des six vice-présidents, des questeurs et des secrétaires de la chambre basse, a décidé de proposer la "censure avec exclusion temporaire" contre Thomas Portes, la plus forte sanction prévue par le règlement. Elle a été validée par une large partie des députés - de la majorité présidentielle au RN - par un vote assis-debout réalisé ce vendredi soir.

Cette peine disciplinaire emporte l'interdiction de paraître au Palais Bourbon pendant quinze jours de séance, et la privation de la moitié de l'indemnité parlementaire durant deux mois.

Sur Franceinfo, vendredi soir, la députée LFI Raquel Garrido a estimé que "les règles de l'Assemblée ont été tordues pour enlever une voix aux Insoumis pour l'examen de la réforme des retraites qui se joue parfois à une voix. C’est un abus de pouvoir des macronistes." 

"C'est pas concevable qu'en pleine bataille sur les retraites, les macronistes aient l'audace de tordre le règlement intérieur au point d'exclure un opposant", a-t-elle ajouté sur RMC, samedi matin. Cette décision a été "organisée par la majorité, télécommandée par l'Élysée, avec le soutien de Marine Le Pen, pour ôter une voix à l'opposition", a-t-elle poursuivi.

Sa collègue Mathilde Panot a dénoncé "l’autoritarisme à la sauce Macron". 


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