ÉCONOMIE - Invité d'Élizabeth Martichoux ce lundi, le président du Medef répond à Jean Castex qui appelle les patrons à augmenter les salaires. "C'est un grand classique pré-présidentielle", note-t-il, affirmant que "les salaires augmentent plus vite que la productivité."
Dans une interview accordée aux Échos, le Premier ministre Jean Castex insiste pour que les branches professionnelles augmentent les salaires. "L'État fait son boulot, mais il ne peut pas tout faire", explique le chef du gouvernement. "Depuis plusieurs années, les salaires augmentent plus vite que la productivité et plus vite que l'inflation", lui répond lundi matin, sur LCI, Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef. "Maintenant, c'est vrai qu'il y a des problèmes de salaires dans certaines branches, notamment dans les métiers de service", admet-il.
Toutefois, le "patron des patrons" estime que la branche n'est pas le niveau auquel une hausse des salaires doit être décidée. "Ce n'est pas forcément le plus pertinent, regardez l'hôtellerie", prend en exemple Geoffroy Roux de Bézieux. "Certains hôtels ne se portent pas trop mal, notamment sur la façade Atlantique, mais si vous êtes à Paris où il n'y a toujours pas de touristes étrangers, malheureusement la situation est très difficile", affirme le président du Medef. "Cette vision nationale de l'économie depuis Paris ne me paraît pas pertinente."
Nous ne sommes pas dupes, il y a une élection présidentielle
Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef
Selon lui, "c'est dans les entreprises que cela peut se jouer". "La loi de l'offre et de la demande se goupille dans les deux sens", poursuit Geoffroy Roux de Bézieux. "Jean Castex peut insister tant qu'il veut, il y a la liberté du dialogue social. Nous ne sommes pas dupes, dans sept mois, il y a une élection présidentielle. Bruno Le Maire et Jean Castex sont dans leur rôle en disant qu'ils ont fait leur boulot et que les patrons doivent augmenter les salaires. C'est un grand classique pré-présidentielle."
Lire aussi
Les entreprises vont-elles augmenter les salaires ? La mise au point de François Lenglet
Lire aussi
Doubler le salaire des enseignants coûterait-il réellement 150 milliards d'euros sur cinq ans ?
Lire aussi
Le gouvernement n'a "aucune leçon à recevoir sur l'équilibre des comptes publics", estime Jean Castex
Le président du Medef avertit aussi des conséquences d'une augmentation trop importante de la masse salariale des entreprises. "Dans la restauration, 80% du prix final, c'est le salaire", affirme-t-il. "Si on augmente trop les salaires, alors le menu va augmenter. Une augmentation des salaires, c'est aussi une augmentation des prix."
Favorable à la défiscalisation des pourboires par carte bancaire
En revanche, Geoffroy Roux de Bézieux n'est pas opposé à l'idée de défiscaliser les pourboires par carte bancaire, une mesure que devrait annoncer ce lundi Emmanuel Macron. "C'est une très bonne idée", se réjouit-il. "Quand vous laissez dix euros en cash à un serveur dans un restaurant, normalement, il est censé le déclarer au fisc. Or, je pense que dans 99,9% des cas, ce n'est pas le cas, et c'est normal. Il faut mettre en raccord la loi et la pratique. En carte bleue, cela va dans le logiciel du restaurant, donc il y a sujet. C'est une bonne idée d'encourager les clients à récompenser le service."
Geoffroy Roux de Bézieux plaide aussi pour une défiscalisation des heures supplémentaires, un serpent de mer qui "a bien fonctionné sous Nicolas Sarkozy". "C'est une bonne mesure, cela permet de l'activité supplémentaire. Toutefois, cela ne résoudra pas le problème d'embauche : je ne pense pas que le personnel ne se tourne pas vers la restauration parce que les heures supplémentaires ne sont pas défiscalisées."